Des héros simplement humains
Il y a une autre chose particulièrement agréable concernant les personnages de Du haut de mon monde : aucun d'eux n'est parfait, en tête Aoi bien sûr qui a pour qualité son caractère fort (au point que plusieurs filles la considèrent comme leur idole) et pour défaut son... caractère fort.
Mais à l'heure où nombre de shôjo tendent à trop nous vomir des figures de pseudo beaux gosses, on apprécie vraiment ici le fait qu'Akira soit un garçon somme toute comme les autres, avec des qualités évidemment, mais aussi des défauts évident que l'on vous laisse découvrir.
Il en est de même concernant le patron du café, qui montre une réelle bienveillance derrière un look pourtant débraillé voire inquiétant à la fin. Et pour Akiko qui, derrière sa personnalité de donneuse de leçons et de première de la classe, cache elle aussi de vraies qualités.
En somme, tous les personnages de l'oeuvre ont des qualités et aussi nombre de petits défauts qui, constamment, animent les pages. Cela les rend finalement très proches de nous, vrais et humains.
La place de l'humour
Et évidemment, ces différents défauts de caractère sont parfaits pour apporter constamment une ambiance se voulant humoristique.
Ainsi Masako Yoshi ne rate-t-elle jamais une occasion d'exploiter la personnalité de ses personnages pour offrir de nombreux petits gags. La situation aux bains public ne manque pas de semer la zizanie, la façon d'Aoi de répondre aux profs à un don pour énerver ceux-ci, pas mal de pensées hautaines et détachées de la jeune fille prêtent à sourire, des événements comme sa fuite en rougissant face à Akira sont plus axé humour qu'autre chose, sa réaction auprès d'Akira quand elle apprend que tout le monde sait ce qui s'est passé aux bains public est aussi brutale qu'hilarante, et ses querelles avec Akiko aboutissent plus d'une fois sur quelques bons moments, à l'image du duel de handball.
Tout en développant des thématiques intéressantes, Masako Yoshi conserve ainsi un ton constamment léger, par le biais d'un humour toujours présent plus ou moins fortement au fil des pages.

Une certaine vision de l'adolescence
On peut également voir dans Du haut de mon monde une vision assez juste de certaines caractéristiques propres à l'adolescence, cette période de la vie où l'on peut être si inconstant et changeant.
Ici, Aoi en est évidemment un bel exemple, dans sa manière de changer souvent d'humeur, d'être tantôt très caractérielle tantôt moins sûre d'elle, de se mettre à détester Akira qu'elle aimait, avant de se remettre à l'adore une fois un quiproquo passé... Akira ou Akiko ne sont pas en reste sur ce point, mais nous vous laissons le découvrir.
Masako Yoshi a montré ici un certain talent pour capter cet aspect un peu réversible et fugace d'une jeunesse qui se forme, sans doute parce que, comme elle l'avoue, elle n'a pas hésité à piocher dans sa propre jeunesse.
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