Dreamland

Entre le rêve et la réalité

 
 
Dreamland est un récit en deux temps, alternant les deux existences d’une troupe de héros qui jongle entre un quotidien d’une grande banalité et une vie mouvementée dans le monde des rêves. Ainsi, quand Terrence ne dort pas… Il vit ! Comme tout adolescent, il va en cours, subit les examens scolaires, savoure les soirées étudiantes… Mais l’enjeu scénaristique ne se limite pas à ça.

Un peu comme dans Persona 3 où le joueur alterne sa vie sociale et une ascension combattive, Terrence s’épanouit socialement durant sa vie « réelle ». Le scénario clef est de type amoureux, c’est d’ailleurs le principal scénario ancré dans la vie quotidienne qui nous est présenté dès le premier volet de la série. La conquête de la belle Lydia, voici ce qui va d’abord intéresser le lecteur lorsque le jeune Meyer ne poursuit pas sa quête dans le pays des rêves. Aussi, on pouvait craindre que comme dans moults shônen jouant la carte de la romance, la situation ne cesse de tourner en rond… Reno Lemaire rompt alors avec cette tradition en nous livrant une avancée sentimentale parfaitement crédible, souvent hilarante, et même parfois touchante ! Pas de grandes tirades exagérées, l’évolution sentimentale des deux tourtereaux se fait doucement mais sûrement, à travers des évènements de la vie adolescente qui ont pu concerner n’importe lequel d’entre-nous… Reno Lemaire prend ainsi un malin plaisir à visiter les différents aspects de la romances adolescente, ses joies et ses contraintes, et il le fait bien ! D’une certaine manière, il parvient même à lier cette romance à Dreamland, grâce à l’intervention de nouveaux personnages… Mais de là à dire que l’idylle entre Terrence et Lydia sera reliée à la quête de notre héros au monde des rêves, nous n’y sommes pas encore…
  
  
 
 
 
Aussi, il s’avère intéressant de constater que les rencontres clé de notre héros ne se feront pas toujours dans l’univers des songes, bien au contraire. Par le biais d’une soirée étudiante, sur les bords d'une piscine… ces situations extrêmement banales apportent aussi leur lot de rencontres. L’intérêt est ainsi double puisque tant pour notre héros que pour le lecteur, c’est un double point de vue qui se créé. Chaque personnage (ou la quasi-totalité des Voyageurs) revêt ainsi un masque social. Nous découvrons celui qu’il est face au commun des mortels, et celui qu’il devient une fois doté de ses pouvoirs, dans un monde fantastique et sans limites où tous peuvent s’échapper de ce morne quotidien pour des aventures plus exaltantes. Encore une fois, nous ne sommes pas si loin des thématiques développées par certains grands noms du divertissement vidéo-ludique japonais comme Persona. Reno Lemaire exploite ainsi la chose à sa manière, de façon cohérente, sans trop exagérer ou faire dans le cliché, même si l’auteur a tendance à jouer avec. La double découverte d’une multitude de personnages s’avère intéressante car bien menée, mais ce procédé possède ses faiblesses : nous n’avons pas le loisir de découvrir chacun des protagonistes dans son environnement réel, par exemple le jeune Shun… Pour le moment… ? L’avenir nous le dira.

L’autre faiblesse de cette part de vie réelle serait peut-être de ne pas assez s’attarder sur le quotidien des héros. Ces chapitres sont consacrés à l’avancement dans la relation entre Terrence et Lydia , ou se consacrent à une nouvelle rencontre qui aura une importance dans Dreamland… Mais il aurait été intéressant de davantage s’intéresser à l’environnement intime des principaux personnages, leur cadre de vie, ne serait-ce que pour les développer un peu plus… Les objectifs de chacun et les grandes lignes de leur histoire sont certes tracées, mais peut-être gagneraient-ils à être plus fouillés pour susciter davantage l’affection. Qu’à cela ne tienne, ils n’en restent pas moins des figures attachantes, hautes en couleur, qu’on ne se lasse pas de suivre, de jour comme de nuit !