Dreamland

Un auteur qui a trouvé sa voie !

 
 
Sur les premiers chapitres, on peut avoir l’impression que Reno Lemaire plante son décor sans véritable structure. Les phases dans Dreamland et celles de la vie quotidienne s’alternent sans vraie cohérence et on a bien du mal à saisir si l’auteur a prévu un plan pour son œuvre, quand bien même on se doute qu’il s’agit de mise en place. Il ne faut pourtant pas tant de volumes pour que l’histoire décolle. Car après quelques compagnons réunis, le jeune Terrence va rapidement trouver son objectif, la fameuse quête à accomplir de tout héros de shônen, qui renforce déjà l’intérêt du titre ainsi que l’univers créé par l’auteur. Ce dernier instaure rapidement une structure à Dreamland, annonce déjà les grandes lignes de la saga, et montre par conséquent qu’il ne laisse absolument rien au hasard ! Cela se ressent d’avantage dans les diverses notes placées ça et là dans le volume, qui ne font que confirmer le professionnalisme de cet auteur… Quand bien même ses tomes multiples de 5 virent dans le bordel organisé le plus total, une tradition assumée par Reno lui-même !
   
  
  
 
  
Reno Lemaire prend aussi un malin plaisir à garnir son récit de références en tout genre. La majeur partie du temps, nous les retrouvons sous forme de personnages populaires de certaines grandes séries, parodiés par l’auteur et possédant bien sûr un rôle mineur dans l’histoire, endossant la quasi-totalité du temps un simple rôle de Caméo. Le style de référence se veut donc bien différent par rapport à d’autres séries, certains crieront peut-être même au plagiat… Mais n’oublions pas que l’ambition de Dreamland n’est pas celle d’un Naruto. Reno, grand fan de manga et surtout auteur libre, se fait plaisir à sa manière, via une démarche qui va apporter du comique à certains épisodes de l’histoire. L’exemple le plus flagrant figure au volume 7 ou le chevalier d’or Milo est repris pour devenir un personnage plus que secondaire… Aussi, n’oublions pas que Dreamland étant le pays des rêves, créé par l’inconscient collectif, et l’histoire se déroulant dans une copie conforme de notre monde, il n’est pas étonnant de voir figurer dans l’œuvre des répliques exactes de grands personnages de fiction. Après tout, que celui qui n’a jamais rêvé de ses héros favoris ose lever le doigt !

Enfin, s’il y a bien un point de Dreamland où l’auteur a su se forger, c’est bien sûr le dessin. Dans le premier volume, nous sommes loin du trait des auteurs japonais pour ce genre de récit. Si on devait vraiment définir le style graphique de Reno, on penserait à de la bande dessinée franco belge à fortes influences manga. Après tout, l’auteur est aussi un amateur de bandes dessinées, il est normal de retrouver ce genre d’inspirations dans le trait de son œuvre. Et malgré une évolution surprenante de ce dessin, il n’abandonne jamais ses influences plus françaises. Le style s’apparente de plus en plus à un style japonais classique, l’auteur a fait un gros effort là-dessus, sans compter qu’il a su former une équipe pour l’aider à œuvrer sur les planches de son œuvre. Le travail apporté aux trames est ainsi toujours plus précis et donne de la profondeur au récit ainsi qu’aux personnages. Et chose amusante, Reno Lemaire s’amuse volontiers à jouer avec certains codes de mise en page japonais… Si au Japon il est coutume de colorer les entre deux cases des séquences de flashback en noir, l’auteur lui use de ce procédé pour bien différencier les phases de vie dans Dreamland, et celles dans la vie courante. La fusion de tous ces éléments apporte un dessin atypique au manga, très marqué par la touche française de l’auteur, mais qui apporte un côté rafraichissant au récit.