Double Je - Actualité manga
Dossier manga - Double Je
Lecteurs
19/20

La recherche de vérité... et de vengeance


Mais le temps passe encore, et la dernière partie du tome 2 relance de plus belle la machine plus tard, autour du retour auprès de Nobara du présumé coupable, mais sous une autre identité.

Enquêtant sur Manabu Murase, le petit ami de sa copine Himé, qu'elle soupçonne d'être Gotôda, Nobara accumule des indices de plus en plus flagrants, mais ne peut encore en avoir la certitude. Poursuivant ses recherches, elle finit par approcher de la vérité, mais rien ne va se passer comme prévu...

Après un deuxième tome surtout consacré au procès, le troisième volume de l'oeuvre approfondit la piste Manabu Murase, où notre jeune héroïne semble d'abord faire du surplace, perdue dans ses doutes, dans son enquête, dans la recherche d'une vengeance qu'elle veut à tout prix accomplir... au risque de blesser ses proches. Qu'en penseront Himé ou sa grand-mère ? Ce qui se dessine en toile de fond est intéressant, car pendant que Nobara s'enfonce toujours plus dans sa haine, sa mamie semble faire un choix opposé, celui du pardon, car la vengeance ne pourra certainement pas leur permettre de vivre apaisés, et encore moins de retrouver Kotori, disparue à tout jamais... Et quand bien même Nobara accomplirait sa vengeance, cela signifierait briser le bonheur de sa meilleure amie...

Ainsi, le portrait à fleur de peau qui est fait de Nobara reste fort et percutant dans sa manière de faire ressortir chez la jeune fille une haine qui ne pourra jamais la rendre heureuse... Sera-t-elle, un jour, capable de se reconstruire ?

On se pose alors aussi cette question concernant le personnage de Murase, dont nous finissons par découvrir un passé rongé par un profond sentiment de culpabilité. Lui aussi a besoin de rédemption, de pardon et d'apaisement pour repartir pleinement de l'avant... Himé sera-t-elle là pour lui ? Et cet homme est-il sincère ?

Les thématiques développées par Reiko Momochi autour de la vengeance et de la culpabilité restent toujours aussi puissantes et sont abordées sans chichi, et c'est bien ce qui fait à nouveau la force de la série dans ce 3 tome.

Les maladresses et les raccourcis continuent d'entacher quelque peu un récit qui ne perd pourtant pas sa force dans l'abord de ses thématiques.





De nombreuses limites...


Au bout de 3 volumes, la lecture de Double Je se suit efficacement, la narration très directe de la mangaka fait mouche pour véhiculer les thématiques et les émotions des personnages... Mais tout aussi efficace soit la série, elle souffre de défauts évidents, à commencer dans le tome 2 par les insistances trop fortes sur le procès et sur certaines de ses avancées qui laissent beaucoup trop deviner la tournure des événements. Reiko Momochi a tendance à y rabâcher un peu les mêmes idées, et, pendant ce temps, a toutes les peines du monde à conserver une clarté temporelle, puisqu'on saute de mois en mois en perdant un peu le fil. Déjà légèrement handicapante dans le premier volume, cette gestion un peu aléatoire du temps est ici plus visible encore. Mais ce n'est rien à côté de cette déferlante de petits détails énervants (le petit sourire en coin bien cliché de Gotôda à la fin du procès...) et d'événements beaucoup trop gros, qui se ressent surtout dans la dernière partie du tome.

Dans le tome 3, il reste toujours de nombreux raccourcis scénaristiques et des interrogations trop passées à la trappe. Par exemple, après une première moitié de volume un brin redondante, tout s'accélère beaucoup trop vite dans la seconde moitié, entre les révélations très soudaines de Murase et l'arrivée d'une tout autre vérité dans le dernier chapitre. On reste décontenancé par la façon dont cette révélation du dernier chapitre est faite, étant amorcée à la fin de l'avant-dernier chapitre par l'intermédiaire d'un personnage secondaire sorti de nulle part et qu'on voit le temps d'une page. Et on reste dans l'attente de réponses concernant certaines énigmes un peu occultées : si les révélations du dernier chapitre sont vraies, pourquoi donc Murase a-t-il été appelé sous le nom de Gotôda par la dame de l'institut de chirurgie ? Et qui donc a tenté de pousser Nobara sous le train ? Enfin, on attend toujours que la relation de notre héroïne avec sa mère souffrante prenne plus d'importance, car une fois le tome 1 passé cet aspect devient trop secondaire dans les deux volumes suivants.





... qui éclatent dans le tome 4


Nobara ne sait plus où elle en est au début du 4e volume, suite à la nouvelle que Himé vient de lui annoncer : elle est enceinte de Gotôda/Murase. Peut-elle alors laisser encore parler son désir de vengeance, au risque de briser le bonheur de son amie ? Elle est d'autant plus rongée intérieurement qu'en elle réside toujours un sentiment de culpabilité et, par-dessus tout, une peur profonde que le souvenir de sa soeur jumelle s'efface des mémoires...

Ce tome 4, dans ses toutes premières pages, commence d'excellente manière en soulevant avec force les tourments qui animent toujours notre héroïne. En tête, cette peur que tout le monde oublie Kotori... y compris elle-même, si elle ne poursuit pas son désir de découvrir la vérité. Trois années sont passées depuis la mort de la jeune fille, l'endroit où son corps sans vie fut retrouvé a désormais laissé place à un parc où les gens flânent comme si de rien n'était... Reiko Momochi expose très bien et en seulement quelques cases cette crainte face à la fameuse "deuxième mort", celle où, après avoir perdu la vie, on disparaît des mémoires.

Bref, le tome démarre très bien... et là, c'est le drame. Un nouveau bouleversement dramatique vient frapper, concerne cette fois-ci Himéko, et on ne peut pas dire que la façon dont il arrive avec des gros sabots soit très convaincante, d'autant que la pauvre Himé n'a ensuite droit qu'à un traitement extrêmement superficiel. Car ce nouveau drame (décidément, personne n'a de chance dans cette série) est surtout un point de départ pour relancer la question de la culpabilité ou non de Gotôda, au sujet duquel Nobara découvre une chose horrible : un DVD, soigneusement caché chez lui, levant définitivement tout doute sur le meurtrier et lançant notre héroïne dans une course-poursuite pour finir sa vengeance tout en essayant de protéger les siens...

Reiko Momochi n'a pas son pareil pour raconter son histoire en instaurant chez son lecteur le choc. Sa narration très directe nous happe toujours, de même que sa manière de ne pas occulter totalement des images très dures, notamment quand on découvre en même temps que Nobara le contenu du fameux DVD. Et l'effet est immédiat : on ressent totalement toute la détresse de Nobara, son sentiment de culpabilité qui revient au galop, sa soif de vengeance qui devient plus forte que jamais, sa volonté de préserver sa mère... et la manière dont certains de ses espoirs se brisent quand elle se confronte de plein fouet à toute la stupidité de la procédure pénale et des lois japonaises.

Mais en contrepartie, avec un peu de recul il est quasiment impossible de trouver vraiment crédible le déroulement des événements. Le drame de Himé peut être vu comme celui de trop, d'autant que son développement est inexistant, la façon dont Nobara trouve le DVD est beaucoup trop grosse et facile, et il y a de quoi rester consterné par le choix des coupables de conserver chez eux ce qui est une preuve accablante. Sur ce dernier point, il y a bien une tentative de justifier ça  vers la fin du tome en présentant brièvement le coupable comme un bon gros sadique, mais c'est beaucoup trop vague. Reste que la mangaka s'applique malgré tout à refermer certaines pistes évoquées précédemment (l'identité de la personne qui avait tenté de pousser Nobara sur les rails, les suspicions de la mamie...). Elle les referme d'une façon expéditive sans qu'il en ressorte grand-chose (du moins pour l'instant, car la mamie de Nobara aura encore un rôle), mais elle les referme quand même.





Double Je, après le volume 4, est alors, par certains aspects, une lecture difficile à appréhender. D'un côté, tout le travail sur le deuil, la culpabilité, l'envie de vengeance et les failles du système juridique japonais est très convaincant et est présenté avec beaucoup d'impact. De l'autre côté, tout l'aspect thriller est beaucoup trop basique, facile et caricatural pour vraiment convaincre malgré la narration très sincère de la mangaka. Dans tous les cas, il reste une chose sûre : l'héroïne, désormais poussée dans ses derniers retranchements, nous laisse sur des dernières pages très tendues dans l'avant-dernier volume de la série, le genre de pages laissant forcément curieux et tendu quant à la suite et fin dans le tome 5.
  
  


© Reiko Momochi / Kodansha Ltd.

Commentaires

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Baihous

De Baihous [0 Pts], le 12 Septembre 2020 à 19h30

20/20

Venant traitement de le terminer il m'a paru intéressant de lire ce dossier qui résume parfaitement la série. Je pense que  cette sériepu être un chef-d'œuvre si le scénario aurait été un peu plus travailler au niveau des personnages secondaires et en enlevant des facilités scénaristique comme dit dans le dossier

Vendettaskel

De Vendettaskel [1874 Pts], le 29 Août 2020 à 12h37

18/20

J'ai eu beaucoup d'intérêt à lire ce dossier clair dans ses analyses et son déroulé. C'est vrai qu'à l'époque Double Je m'a laissée sur ma faim dans son côté thriller. En revanche quelle force dans la narration de cette mangaka !

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