Don't worry, Be happy ! - Actualité manga
Dossier manga - Don't worry, Be happy !

Un scénario qui prend à contre-pied


Par ses codes respectés dans la forme et les différents agencements de son histoire, Don't worry, be happy peut avoir l'air, de loin, d'une romance lycéenne ordinaire bien que ponctuée de ses idées et de son ambiance. Une histoire qui suit son cours sans gros risques scénaristiques en somme, et c'est ce qu'un non initié parcourant le dossier pourrait se dire, à juste titre. Pourtant, nous avons volontairement occulté certaines points de l'intrigue, ceux qui détournaient parfois le titre de sa routine, quitte à planter d'éventuelles attentes honorées ou non par Kaori Hoshiya.

Dès le premier chapitre, nous comprenons qu'Anzu et Seiji viennent de classes sociales différentes. L'héroïne appartient à un foyer pauvre à cause d'un père décédé qui était criblé de dettes, tandis que le garçon vient d'une lignée influente. Umezawa, qui intervient dans l'histoire un peu plus tardivement, fait office d'entre deux : Il est lui aussi issu d'une forte lignée et dirige le BDE d'un lycée hautement bourgeois, mais le destin a fait chuter sa famille de son piédestal, au point de contraindre l'adolescent à scruter la moindre promotion alimentaire dans le supermarché du coin, à l'instar d'Anzu. Un état de fait qui amènera leur première rencontre, à la fois drôle et sensible.

Le triangle est donc amoureux, mais aussi social. La mangaka ira plus loin en développant un lien plus complexe justifiant le déclin de la lignée d'Umezawa en se servant de celle de Seiji, expliquant au passage le mépris qu'éprouve le protagoniste pour son paternel, et en filigrane ce qui le pousse à vouloir œuvrer au BDE et être apprécié de tous. Quelque chose vient pourtant surprendre dans toute cette intrigue : Elle ne sera jamais vraiment portée à terme. La fin du titre, et on y reviendra, ne s'intéressera pas à l'issue du dilemme familial entre Seiji et son père, tout comme il ne proposera pas de dénouement légitime au vœu d'Anzu de se faire embaucher à un poste rapportant des millions de yens annuellement. Ce développement a une autre utilité : Donner à Seiji davantage de nuance, expliquer son rapport délicat avec Umezawa, et en faire un bourgeois qui a partiellement renié sa condition sociale. Si on voulait pousser le sous-texte encore plus loin, quitte à peut-être dénaturer les intentions de base de la mangaka, on pourrait y voir une sorte de rébellion de la jeunesse contre la génération qui lui a donné naissance. Une piste assez cohérente étant donné l'origine des trois personnages centraux, dont les conditions sont directement liées aux erreurs de leurs parents (ou au sort subis par ces derniers, concernant Umezawa). Mais cette piste de l'histoire ne sera jamais vraiment mené à bout, et il est possible que Kaori Hoshiya n'ait jamais eu l'intention de le faire. En ce sens, l'écriture de la série surprend, tant on s'attend à un semblant de résolution de cet enjeu familial qui n'arrivera jamais.


HOSHI TO KUZU © 2015 by Kaori Hoshiya / SHUEISHA Inc.

Pourtant, il y a une véritable fin à Don't worry, be happy, une conclusion voulue et non ouverte qui scelle un point majeur du récit : Les différentes destinées sentimentales. La résolution de l’œuvre est avant tout un point décisif apporté aux relations diverses, à commencer par celle entre Anzu et Seiji qui est véritablement cristallisée dans le dernier chapitre. Et à côté de ça, l'autrice se paie le luxe de donner aux personnages plus secondaires une belle destinée amoureuse. Cet aspect du scénario vient alors combler l'un de ses manques, à savoir la mise en retrait des autres membres du BDE. Aperçus surtout par leurs personnalités (Karen étant l'adolescente froide par excellence, Masaki le comique de service et Yuri la jeune fille un peu trop fleur bleue), ces figures ont au moins droit à une issue scénaristique assez convaincante.

Et au delà de la simple fin des intrigues amoureuses, il y a les pistes données quant à l'objectif de l'héroïne. Il est évident que la mangaka ne pouvait pas clore l'histoire d'une lycéenne par l'obtention d'un poste grassement rémunéré. C'est donc son devenir au sein du BDE qui devient le point conclusif du manga, puisqu'il s'agissait de la première étape de l'ascension de l'étudiante. A travers cet aspect de la fin, la mangaka livre aussi un message certes simpliste mais cohérent avec la direction et l'ambiance de l’œuvre : Les relations que l'on forge tout le long de notre vie importent davantage que notre situation ou notre classe sociale. C'est là aussi très en filigrane, mais tout à fait à l'image de l'ensemble de la première série de Kaori Hoshiya.



HOSHI TO KUZU © 2015 by Kaori Hoshiya / SHUEISHA Inc.

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation