Dossier manga - Don't worry, Be happy !

Le feel good de Kaori Hoshiya


Lors du début de parution francophone de Don't worry, be happy en août 2017, les éditions Akata ont choisi de donner à l’œuvre de Kaori Hoshiya l'étiquette du shôjo feel good. La décision est loin d'être anodine puisque le manga ne s'écarte jamais d'une dimension très positive, et ce même quand son scénario dresse des tonalités plus sombres et/ou dramatiques.

Aussi, on distingue assez bien le premier opus des suivants. L'amorce du titre se centre principalement sur les activités du Bureau Des Élèves et sur la relation naissante entre Anzu et Seiji qui sont les deux figures phares du manga, bien plus que des personnages comme Masaki, Karen et Yuri qui joueront les rôles de support, quasiment jusqu'au dénouement de l'histoire. Alors, les quatre premiers chapitres endossent totalement la dimension lycéenne du titre, jouant sur les différentes actions du BDE et les interactions entre ses membres, sous un jour toujours optimiste. La mangaka vient alors désamorcer les ambitions piquées de Seiji et la situation familiale d'Anzu pour créer une harmonie d'ensemble, toujours saisissante et efficace. Il n'est pas question pour le fils de bonne famille de se montrer hautain envers l'héroïne à cause de son modeste niveau de vie, une égalité sociale qui impactera même l'ensemble de la série. Kaori Hoshiya jouera volontiers de l'opposition entre un personnage pauvre et d'autres issus de la classe riche, pour mieux briser la séparation entre cette jeunesse. On pourrait presque dire que Don't worry, be happy aborde un discours plein d'espoir sur une nouvelle génération qui sait faire fi des disparités sociales et de richesse, au total contraire de leurs aînés. Un point abordé assez furtivement finalement (et on y reviendra par la suite), mais qui a le mérite d'être présent.


HOSHI TO KUZU © 2015 by Kaori Hoshiya / SHUEISHA Inc.

Ainsi, si le premier volume joue énormément sur la belle atmosphère au sein du Bureau Des Élèves, il s'agit aussi d'un bon moyen pour lancer la relation centrale, celle entre Anzu et Seiji. L'idée est assez classique, mais pourtant agréable car traitée dans l'ambiance si chère à l'autrice. Et dans leurs échanges quotidiens, les autres personnages viennent confirmer la touche positive de l’œuvre, principalement en conservant leur bienveillance à chaque instant. La mangaka ne cherche donc pas à créer du drame et du pathos, même en flirtant avec des idées de développements de relation assez classique, mais préfère développer un ensemble euphorisant, sans réel quiproquo facile, et sans jugement aucun pour les personnages. Car même lors d'un triangle amoureux, les notions de bienveillance, de consentement et d'acceptation des sentiments d'autrui restent de mise, les personnages ne cherchant jamais à forcer la main à l'autre pour le faire aller dans sa direction. Une écriture qui peut sembler évidente dans ses idées, mais qui contribue à l'ambiance de Don't worry, be happy et à son humanité. De la même manière, quelques enjeux qui pouvaient paraître grave se trouveront désamorcer par ce que l'artiste en fait : Jamais des caisses. Bien des points du scénario sont traités sous le prisme de l'humour, des notes légères qui font mouche en plus de se marier avec les autres tonalités de l’œuvre.

Il y a donc un réel parti-pris de la part de Kaori Hoshiya qui livre pourtant une histoire bien ancrée dans un genre, et qui use ponctuellement de quelques ficelles. La lecture de la courte série permet d'affirmer qu'un récit codifié peut tout à fait amener une patte d'auteur. Plus largement, le shôjo de comédie romantique adolescente n'est pas forcément répétitif et sans saveur, au contraire de ce que beaucoup peuvent penser. Le genre peut varier selon les intentions de son auteur, et l'optimisme débordant de la mangaka en est une preuve. Il convient alors de ne pas juger le titre à son synopsis et à sa proposition visant à mettre le duo Anzu/Seiji en avant. Le mangaka est bien plus subtile que ça, notamment pour tout son travail d'ambiance. La lecture qui en découle est bel et bien feel good, dans le sens où elle constitue une histoire humaine non forcée, toujours agréable dans ses traitements et interactions de personnages, et ne tente pas de vendre des émotions superflues. Il y a quelque chose de très naturel dans l'écriture de la série mais aussi dans le script. Des choix voulus, puisqu'on comprend à la lecture des notes de la mangaka que Kaori Hoshiya est une artiste débordante de bienveillance, prête à se limiter au strict minimum du confort pour permettre à ses assistantes de travailler dans les meilleures conditions possibles. Il y a donc presque un jeu de parallèle entre la lecture de ces notes ponctuelles et celle de l’œuvre : Les deux aspects ont pour point commun une positivité qui séduit à chaque page. Enfin, il convient d'affirmer que tout cet optimisme sera, semble-t-il, une ligne directrice dans le travail de l'artiste, mais nous y reviendrons dans un futur écrit consacré à une autre de ses œuvres disponible en France : Like a little star.



HOSHI TO KUZU © 2015 by Kaori Hoshiya / SHUEISHA Inc.

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