Demon Slayer / Kimetsu no Yaiba - Partie 1 - Actualité manga
Dossier manga - Demon Slayer / Kimetsu no Yaiba - Partie 1

Tanjirô, le rôdeur pur


Dans la dimension classique de Demon Slayer, Tanjirô est un concept à part entière. Sa création résulte d'une indication de l'éditeur de Koyoharu Gotôge, Katayama, que nous avons évoqué à plusieurs reprises dans ce dossier. Pour faire du titre une réussite, il lui fallait un héros simple, à l'image de la construction du récit. Ça ne manque pas, Tanjirô Kamado est le bon bougre par excellence. Ce dernier ne manque jamais de motivation pour accomplir le labeur jusqu'à l'épuisement et subvenir aux besoin de sa nombreuse famille, et il le fait avec le sourire aux lèvres. Lorsque la tragédie frappe les siens, il ne se laisse pas abattre. Pourtant, comme le dit si bien Giyû dans le premier chapitre, Tanjirô a des raisons de pleurer et de se laisser aller à la rage. Mais sa noblesse lui permet d'aller de l'avant pour atteindre son objectif : Devenir le pourfendeur qui trouvera un moyen de ramener les démons à leurs états d'humains.

Tanjirô est un personnage d'une pureté immense, ce qui se ressent dès cette introduction. Son amour pour Nezuko est tout aussi puissant, à l'image du garçon qui ne vivait que pour le bien de sa famille. Pourtant, pureté ne rime pas avec naïveté ici. Au contraire, Tanjirô est le personnage le plus carré et intelligent de son petit groupe, Zenitsu passant une bonne partie de son temps à crier de peur tandis qu'Inosuke fonce bêtement dans le tas. C'est un aspect original, pour le coup, et rend la noblesse du héros encore plus grande.


KIMETSU NO YAIBA © by Koyoharu Gotouge/ SHUEISHA Inc.

Enfin, c'est l’empathie du protagoniste qui fait de Tanjirô une figure principale dont on se souvient. Dans chaque arc de Demon Slayer, le récit s'intéresse au passé des démons, afin d'expliquer ce qu'ils étaient avant, leur donner une humanité et les faire partir avec la satisfaction d'avoir renoué avec ceux qu'ils étaient autrefois. Ce côté dramatique est assez fort, notamment par le prisme de Tanjirô. Le héros sait qu'il doit tuer des démons, et il n'a pas le choix. Il n'amortit pas ses coups de sabre et tranche les démons puisqu'il n'y a pas d'autre moyen de les libérer pour le moment, sans compter que c'est de leurs défaites qu'il pourra espérer trouver un remède pour guérir sa sœur. Le protagoniste n'est pas de ces héros frustrants qui cherchent à tout prix la survie de leurs ennemis, Tanjirô est rationnel, ce qui lui donne une crédibilité qui aide à s'attacher à lui. Et au-delà de ça, il nourrit une empathie incroyablement forte. Car s'il n'a d'autre chois que d'éliminer ses ennemis, il le fait avec tristesse, en sachant qu'ils étaient autrefois des humains et des gens biens. C'est presque les larmes aux yeux qu'ils abat son sabre, et cherchera même à rassurer ses adversaires lorsqu'ils seront à deux doigts de trépasser. Les ennemis meurent dans Demon Slayer, et ne sont que rarement laissés en vie. Mais ils quittent se monde apaisés et sans regret. Il y a donc un côté touchant dans chaque affrontement du manga, et un côté presque religieux par le salut qu'octroie le héros à ses adversaires. Tant d'aspect qui font de Tanjirô un héros touchant et attachant, simple mais bien écrit, aux côtés duquel on se sent en confiance à chaque instant. Le piège dans lequel pourrait tomber la série, à terme, serait de trop en faire. Il faudra que la suite du récit ne fasse pas du héros une figure de sauveur trop exacerbée, sans quoi l'effet de ce dernier serait amoindri. Nous pourrons évidemment juger ceci sur les arcs futurs de Demon Slayer.


Une intrigue promise à des mystères ?


Nous revenons ici à l'un des points évoqués dans notre partie sur la construction classique de Demon Slayer. Derrière un cheminement linéaire et ordinaire, au sein duquel chacun des premiers arcs est court et constitué par une mission, Koyoharu Gotôge bâtit doucement son édifice. Avec du recul, on peut remarquer que chaque aventure n'a rien de gratuit, le remplissage n'étant pas dans la formule du manga. Et pour étoffer ce propos, nous allons devoir revenir sur quelques éléments clés des volumes 1 à 6, et des 26 épisodes de la série animée (ou de la première saison, puisqu'il serait étonnant qu'aucune suite sous forme de série ne soit annoncée).

De manière évidente, le premier arc vient lancer la série et son objectif. C'est l'arc le plus clair du début de l'histoire tant il présente le drame que vivra Tanjirô, présentera les bases de l'univers et fera du héros un pourfendeur de démon novice, afin de lancer sa véritable aventure. Le second arc narre la première mission du héros. Dans celui-ci, il est seulement question d'une traque d'un démon qui s'en prend aux jeunes femmes une fois la nuit tombée. Pour le lecteur, voilà la première confrontation entre Tanjirô et un démon dans un cadre officiel, hors examen de la sélection finale. Et, surtout, une information clé nous est donnée : Muzan Kibutsuji semble être effroyable, puisque chaque démon le redoute. Dans un troisième arc, les événements clés sont légion. Tanjirô y rencontre son ennemi juré, Muzan, dont l'entrée en scène est particulièrement remarquable. Élégant, discret et noble à première vue, Muzan nous glace le sang, celui-ci correspondant à l'archétype de l'antagoniste stylisé dont la classe n'a d'égal le danger qu'il représente. Une autre rencontre clé a lieu dans cet arc, celle avec Tamayo, démone qui s'est extirpée de l'empire se Muzan et qui cherche un moyen de redonner aux démons une forme humaine. La symbolique de cet arc est grande : Koyoharu Gotôge y présente le mal absolu et l'entité salvatrice pour Tanjiro, l'ennemi qu'il doit vaincre et l'alliée qui lui permettra d'accomplir son objectif, à terme.


KIMETSU NO YAIBA © by Koyoharu Gotouge/ SHUEISHA Inc.

Quatrième arc, et nouvelle mission : Celle de la maison aux tambours. Voilà l'occasion pour le mangaka d'aborder une facette classique du shônen d'aventure, à savoir la constitution du groupe principal. Tanjirô et Nezuko sont donc rejoints par l'aussi bruyant que couard Zenitsu, et le bourrin Inosuke. Une introduction efficace des deux compères qui vont montrer leurs spécificités, tout en abordant la problématique délicate de la condition démone de Nezuko qui sera réutilisée ensuite.
Le cinquième arc soulève des enjeux plus grands. L'aventure au mont Natagumo présente une menace plus nombreuse et plus robuste, puisque nos héros sont confrontés pour la première fois à l'une des Lunes actuelles de Muzan. L'auteur cristallise ici un aspect : La hiérarchie du camp ennemi, bien que celle-ci avait déjà été évoquée en amont. Mais le cœur de l'arc vient de la confrontation entre Tanjirô et Rui, la cinquième Lune Inférieure. En utilisant l'idée du power-up propre au nekketsu, l'auteur met en exergue quelques mystères : La nature de la famille de Tanjirô (renvoyant à la remarque de Muzan sur les boucles d'oreille du héros dans l'arc Asakusa), et la fameuse danse du feu qui donnera lieu à la séquence la plus mémorable de la série animée. Enfin, l'arc qui conclue ce premier anime et le pan scénaristique qui nous intéresse dans notre dossier a deux effets : Un contact direct avec la hiérarchie des pourfendeurs (ce qui va cadrer davantage le récit) et le nécessaire entraînement qui, outre le développement de personnages, permettra un gain en puissance des héros.

Il se passe donc énormément de choses, en six volumes à peine. C'est là l'une des qualités de l’œuvre : Koyoharu Gotôge ne perd jamais de temps. Ses arcs narratifs sont bien rythmés et vont à l'essentiel, tandis que les six premiers volumes abordent énormément d'élément. Aussi, quand bien même une partie de l'histoire des débuts du manga serait moins convaincante aux yeux du lectorat, le récit se renouvellera peu de temps après, avec l'arc suivant.

L'intrigue de Démon Slayer a alors besoin de ces six tomes initiaux pour présenter un certain potentiel scénaristique. Car c'est au terme de ce cycle que les questions qui taraudent le lecteur se feront nombreuses. On s'interroge forcément sur la vérité autour de Muzan, entité aussi glaçante que fascinante, tout comme l'origine des pourfendeurs et de son leader, du background qui entoure les différents piliers, l'histoire de la charismatique et douce Tamayo, ainsi que le mystère qui entoure le père de Tanjirô. Difficile de dire qu'il ne se passe rien dans cette première partie de Demon Slayer. Le déroulement linéaire du récit porte à confusion et donne l'impression que l'auteur enchaîne les petits arcs futiles de prime abord, mais le scénario globale s'enrichit drastiquement sur ces premiers volumes. Ce sera donc l'un des thèmes de notre prochain dossier sur le série : De quelle manière la suite de la série a pu étoffer cet ensemble.

KIMETSU NO YAIBA © 2016 by Koyoharu Gotouge/ SHUEISHA Inc.

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