Darren Shan, c’est aussi l’histoire d’un destin, celui qui ne nous demande pas notre avis mais qui a déjà pris son ascendant sur vous, et vous oblige à suivre son rythme. À moins qu’ultimement, vous ayez la force de le repousser et de vous dresser face à lui. 
La mort n’est qu’une étape
Darren Shan aborde nombre de thèmes graves et sombres, c’est une certitude. La mort, le rejet, l’exclusion, la destruction, la force implacable de la destinée… Largement de quoi réfléchir sur notre lecture.
La mort fait partie du quotidien littéraire quand on aborde la question des vampires, bien sûr. Néanmoins, ici, réellement personne n’est à l’abri, même des personnages que nous avons suivis depuis plusieurs volumes. Homme, femme, enfant… Tous se dirigent inexorablement vers leur fin, et certains arrivent à destination plus vite que d’autres. En ce sens, Darren Shan peut se révéler surprenant, et tranche radicalement avec la plupart des productions nipponnes actuelles, qui ne tuent des personnages importants que dans de (très) rares occasions.
Dans cette série, une disparition a du sens et la mise en scène contribue à nous faire ressentir une véritable émotion et empathie. Et ce même pour des « méchants ».
La difficulté de changer et de se remettre en question se dessine de même clairement à travers l’œuvre. Beaucoup de vampire, M. Crepsley y compris, vivent encore dans un monde figé et ancien, régi par des lois ancestrales transmises oralement. En effet, beaucoup de vampires, transformés bien avant l’institution de l’enseignement obligatoire, sont analphabètes. Ils ne peuvent donc pas réellement remettre en cause les lois, qui n’existent que dans le souvenir des vieux vampires et sont passées de génération en génération.
De plus, la longue vie inhérente aux vampires les pousse souvent à l’auto-destruction et beaucoup préfèrent mourir au combat plutôt que dans leur lit. Certains aussi sont prisonniers de leurs principes, et sont incapables de les abandonner un moment, même si cela signifie avoir de meilleures relations avec les autres et qu’ils en sont conscients. L’entêtement d’un immortel. Difficile de raisonner avec des gens sur laquelle la vie a tant pesé et qui doivent souvent vagabonder d’un endroit à un autre, sans port d’attache et après avoir vu leur vie première s’effacer petit à petit.
Pourtant, cette vie possède un certain attrait, sinon comment expliquer le nombre de vampires en activité ? Néanmoins, certains veulent le devenir pour de mauvaises raisons. Comme Steve par exemple, l’ancien meilleur ami de Darren, dont le cœur est rongé par la haine et l’envie depuis son plus jeune âge, et le rejet de M. Crepsley de le prendre comme assistant ne fit que causer une catastrophe sans nom des années plus tard, tant sa personnalité était déjà pourrie à la base.
La difficulté de prévoir la répercussion de ses actions, les différents tournants que nous offre la destinée mais que nous ne pouvons pas toujours saisir sur le moment faute d’avoir une vue d’ensemble… Voilà un autre thème développé dans Darren Shan. L’incarnation de la destinée, Desmond Tiny, dispose d’un pouvoir énorme, sait tout ce qui va se passer mais reste amusé de la réaction des gens dont ils tirent les ficelles du destin. Car ils ne réagissent et ne pensent pas toujours comme il le prévoyait.
Est-il possible de réellement avoir un impact sur notre vie, même en prenant la balle au bond quand l’occasion se présente, même en connaissant l’avenir ? Difficile à dire, les futurs qui s’offrent à nous se réorganisent sans cesse et prennent mille et mille formes. Impossible de prévoir précisément ce qui va arriver, même en prenant le plus de recul possible, tant l’imprévisible est de mise dans les réactions humaines. Mais ce n’est pas une raison pour devenir le jouet du destin, et il est parfois possible de surprendre ce vieux renard, et de ne pas se contenter de subir les événements ou de suivre les rails qui se trouvent devant nous. Du moins nous ne pouvons que l’espérer.
Bref, si Darren Shan est une série tout public, elle possède son lot de scènes fortes, surprenantes, marquantes, et qui osent vraiment pousser les personnages jusqu’aux limites de leur existence, en bon divertissement et en bonne intelligence. Pas mal pour une série pour jeunes, non ?
Quand les écrits prennent vie
Aussi bon soit le scénario, il ne serait rien en manga sans l’artiste pour lui donner vie. Et de ce côté-là, le spectacle est assuré aussi.
La série Darren Shan est la première œuvre d’un jeune mangaka, encore assistant quand il a été choisi par l’auteur des romans originaux pour transposer sa série en manga. Si au début on sent bien le manque d’expérience de l’auteur au niveau du trait, son talent au niveau de la mise en scène apparaît comme évident.
La série est très dynamique, très vivante, et le dessinateur fait passer beaucoup d’émotion et de personnalité à travers l’histoire de quelqu’un d’autre, en se l’appropriant et la racontant dans son propre langage. Son trait est parfait pour exprimer le côté sombre et les ténèbres de l’histoire, tout en sachant développer une atmosphère sympathique et tendre quand nécessaire. On sent une vraie personnalité se dégager de l’ensemble et une maîtrise qui ne demande qu’à s’affirmer au fil des années.
La synergie entre les deux mondes est donc remplie et le plaisir de lecture est bien là, faisant de l’adaptation manga de Darren Shan une œuvre à part entière et qui se suffit à elle-même, avec sa personnalité propre, celle de son dessinateur.
Côté édition, Pika fait du bon boulot. Bonne qualité des couvertures, rien à redire sur la qualité d’impression et le papier, et comme déjà mentionné, l’éditeur s’est adjoint les services de la traductrice du roman. Bref, un bon investissement en douze tomes seulement.
DARREN SHAN CIRQUE DU FREAK © 2006 DARREN SHAN © 2006 Takahiro ARAI / Shogakukan Inc.
De shinob [127 Pts], le 16 Septembre 2012 à 16h32
Darren Shan est une bonne série, qui exploite plutôt bien la relation maître / élève, et parvient à nous surprendre régulièrement avec pas mal de rebondissement. Néanmoins, je n'ai pas réussi à accrocher suffisamment au titre pour poursuivre ma lecture jusqu'au bout... je suis un peu lassé par les shonens... Je me suis donc arrêté au 7ème tome. En tout cas, très bon dossier !
De Y2J, le 04 Mai 2012 à 18h06
Je connais déjà la série, mais j'ai quand même lu ce dossier, et il est très bon! ^^ Ce manga est, je trouve, sous-estimé, et pourtant je le recommande à tout le monde tellement il est génial!
De Cédoz, le 04 Mai 2012 à 11h52
Excellent dossier pour une excellente série.