Cosmo Police Justy - Actualité manga
Dossier manga - Cosmo Police Justy

La Famille dans Cosmo Police Justy


Dans Cosmo Police Justy, l'un des thèmes récurrents est sans nuls doutes celui de la famille. Celle-ci est notamment symbolisée par l'entourage de Justy qui va s'étoffer dès les premiers chapitres, jusqu'à présenter un quotidien entre le protagoniste et ses deux sœurs de cœur. En effet, pas de liens de sang en ce qui concerne le héros de l'histoire, mais des relations si fortes qu'il en vient à considérer Jelna et Astaris comme ses deux sœurs qu'il chérira aussi fort que si leurs parents étaient communs.

Tsuguo Okazaki nous présente ainsi une idée assez pure de la famille, une idée particulièrement positive selon laquelle notre famille la plus importante ne serait pas celle qui nous a donné la vie, mais bien celle constituée des personnes qui nous épaulent le plus au quotidien. L'absence totale de pères et de mères (voire la représentation négative des figures paternelles qui sont soit des bandits, soit des sans cœurs manipulant leurs enfants) vient totalement renforcer cette idée : Si Astaris va finir par oublier son défunt géniteur qui était un meurtrier, bien qu'elle n'en n'ai pas conscience au départ, les parents de Justy et Jelna sont totalement absents du récit, et ne sont même pas mentionnés. Qu'importe alors ceux qui leur ont donné la vie, leur famille étant ce petit trio forgé au fil des années.


La thématique se veut assez forte et confère au récit une certaine douceur, dès lors que Justy n'est pas en mission. Tsuguo Okazaki insiste régulièrement sur ce côté familial qui vient régulièrement s'opposer aux drames vécus par le héros dans l’œuvre, une balance assez juste qui permet à la série de ne pas virer dans un pathos total. Cette idée de la famille, on l'accueille donc avec plaisir comme une force narrative, et on se prend à apprécier davantage ce petit foyer touchant... Quand le mangaka ne la contrebalance pas avec quelques séquences un peu coquines.

Et là est peut-être le point noir le plus sujet à débats de Cosmo Police Justy : cette ambiguïté dans les rapports entre Justy et ses sœurs, et la tension sexuelle régulièrement présente. Le traitement est assez complexe en ce qui concerne Jelna, puisque le mangaka va volontairement désamorcer le lien fraternel entre la jeune femme et Justy, jusqu'à en faire deux amants. Du moins... presque. Car alors que le héros aura goûté au fruit défendu avec celle qu'il appelait « grande sœur » quelques tomes auparavant, cette appellation reviendra plusieurs fois après le passage à l'acte. Le traitement n'est donc pas toujours très clair chez Tsuguo Okazaki, et il serait mieux passé si cette situation de frère et sœur avait été totalement jeté aux oubliettes après la dite séquence. Une autre vision de la dimension familiale, où Astaris serait davantage une fille pour Justy et Jelna, n'était pourtant pas impossible. Mais à ce titre, Tsuguo Okazaki joue aussi avec les interdits puisque ses rapports avec son grand-frère semblent parfois ambigu, tout en restant effacés. Il faut dire que le point le plus dérangeant à ce sujet, c'est cette manière de sexualiser le personnage qui n'est finalement qu'une enfant de 5 ans dans un corps d'adolescente. En ce sens, Cosmo Police Justy pourra faire grincer des dents. Mais il se peut que le traitement du trio n'ait pu être mené à terme, chose qui concernera une partie à venir de notre dossier...


L'épopée d'un héros meurtri


Dans sa globalité, Cosmo Police Justy est une œuvre assez sombre, proposant de petites parts d'optimismes noyés dans de grands drames que vivre la protagoniste, Justy. Malgré quelques touches très légères, surtout présentes dans les premiers chapitres du manga, Tsuguo Okazaki fait progressivement de son récit une tragédie en ce qui concerne le héros. Justy est un héros qui sera meurtri un petit peu plus à chaque chapitre, les différents arcs du manga renforçant son développement sombre.

Plusieurs idées interviennent dans cette optiques, certaines d'entre-elles étant même particulièrement intéressantes au regard de l'univers de la série. Car dès les premiers chapitres, Justy se questionnera sur la nature de ses actes, et si son statut de puissant Esper lui permet d'appliquer la peine capitale sur ses semblables. Si on poussait la lecture un peu plus loin, on pourrait même y voir une condamnation de la peine de mort, toujours présente au Japon. Peut-être est-ce pousser l'interprétation un peu trop en profondeur, l'idée du mangaka étant probablement de rendre son héros humain en le faisant se questionner en permanence sur ses choix et ses actes, rendant alors le côté épisodique des premiers tomes beaucoup moins anodin.

Ces remises en questions du personnage vont progressivement accompagner la question du deuil, qui deviendra central chez Justy. Car si éliminer des inconnus amenaient une remise en question de ses simples actes, sans que cela devienne une affaire totalement personnelle, la donne sera changée lorsqu'il s'agira de perdre des êtres qui lui sont chers. Le troisième tome, charnière pour la série, jouera ainsi un rôle majeur, et c'est sûrement la partie la plus riche en émotion, celle qui tend à confirmer que Tsuguo Okazaki souhaitait faire de l'aventure de Justy une épopée tragique, durant laquelle le héros aurait beaucoup plus à perdre qu'à y gagner.


Les tomes 4 et 5, soit les deux derniers, vont même faire du thème du deuil une idée centrale. Tsuguo Okazaki semble y développer certaines phases de ce qu'on appelle les 5 étapes du deuil, notamment la colère et l'acceptation. Cette transition, si elle a une certaine optique éditoriale sur laquelle nous reviendrons dans la partie suivante, amène une certaine évolution logique chez Justy qui n'a fait qu'éliminer et perdre au fil du récit. D'une manière globale, on peut penser que l'intégralité de Cosmo Police Justy est centré sur l'acceptation de la Mort, qu'elle nous soit proche ou éloignée. La fin de la série tend alors davantage vers l'acceptation, ses rapports avec Miko Tachibana, qu'il retrouvera sur Terre, lui permettant de tourner la page. L'idée très présente de la place du héros dans l'univers semble même être un parallèle avec la phase d'acceptation : Justy, sans jamais oublier ceux qu'il a perdu, doit continuer à vivre, et trouver sa place dans ce monde lui permettra d'y parvenir.

Si la série revêt un schéma assez basique et ne semble pas pousser ses idées de scénario à fond, les thèmes de la série sont particulièrement forts et trouvent une cohérence tout le long des cinq volumes. Tous établissent un portrait de Justy en tant que héros meurtri, sans pourtant trop en faire. Les questionnements et les phases de tristesse du personnage sont logique, aussi Tsuguo Okazaki parvient assez bien à utiliser la noirceur de son récit pour en faire un personnage profondément humain.
  
  

© by OKAZAKI Tsuguo / Shôgakukan

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