Cœurs changeants
Voir une série d’adolescents se confronter à leurs premiers (pour la plupart) émois amoureux est toujours particulièrement amusant, mais ce n’est pas non plus sans intérêt. En effet, si ces jeunes gens sont en pleine période de croissance et que les jeunes demoiselles qui peuplent le récit trouvent enfin les formes qui leurs avaient manqué jusque-là, c’est surtout mentalement et humainement que l’on apprécie voir évoluer tout ce beau petit monde. Et ce sera le cas ! A ce niveau-là, la série possède deux atouts majeurs dont elle tirera plutôt habilement parti. D’une part, elle est relativement courte, ce qui permet à la mangaka de ne pas avoir à tirer les choses en longueur et, d’autre part, elle possède un côté frais et vivace qui nous donne l’impression que, même lorsqu’il ne se passe pas grand-chose, il se passe quand même pas mal de choses !
Outre cette simple impression, les faits seront néanmoins là. Les relations entre les multiples protagonistes se développent bel et bien et l’on sent un questionnement chez eux qui les dirige vers une évolution annoncée. Parfois c’est un petit peu facile, parfois c’est un peu précipité. Mais dans un cas comme dans l’autre, on ne peut que pardonner à Cœurs à cœurs car cela reste, au final, dans l’esprit même de la série. Globalement, d’ailleurs, toutes les intrigues mènent vers une conclusion qui demeure dans un esprit résolument positif et bon enfant. Et encore une fois, ce n’est pas pour déplaire, au contraire. Conserver un sourire tout du long, voilà ce qui nous attend. Bon, en soi, il est vrai que de temps à autre on en vient à se dire que l’on aurait malgré tout aimer être un peu plus surpris ou, en tout cas, se retrouver face à l’un ou l’autre dilemme avec, en guise de conclusion, un personnage un peu moins bien loti qu’un autre. Mais peut-être est-ce tout simplement par habitude, après tout. Quoi qu’il en soit, Mayu Minase prend suffisamment soin de ses créations pour ne délaisser aucune d’entre elles et rien que ça, c’est déjà une excellente chose. Prenons-en pour preuve le huitième et ultime opus de la série. En réalité, l’histoire principale de Cœurs à cœurs (ou, en fait, les histoires principales) s’achèvent au bout du septième tome. Chaque principale intrigue amoureuse y trouve en effet sa conclusion. Le huitième volume, quant à lui, se concentre en fait uniquement sur le devenir des principaux personnages secondaires rencontrés au gré des pérégrinations de leurs amis.

Un volume, un dernier volume qui plus est, uniquement consacré aux personnages secondaires, le tout avec un léger bond dans le temps ? Voilà qui est intéressant et qui prouve une dernière fois que dans Cœurs à cœurs, chacun a son importance. Et peut-être d’ailleurs que de parler de personnages « secondaires » s’avère inadapté. Quoi qu’il en soit, c’est là une excellente surprise qui s’avère audacieuse mais néanmoins réussie. Certes, il y a là quelques surprises et ce n’est sans doute pas le volume le plus abouti de la série, mais l’intention est on ne peut plus louable, et au moins elle nous offre quelques rebondissements inattendus au travers d’histoires un peu trop rapidement développées mais qui ont le mérite d’exister avec de bonnes intentions à leurs côtés. Bref, tout cela démontre un peu plus la volonté de l’auteur de proposer un récit à l’univers et aux personnages pleinement explorés qui ne souffre d’aucun manque de conclusion. Et vu la rareté de cet état de fait, c’est déjà là quelque chose qu’il faut immanquablement saluer.
© MINASE Mayu / Mag Garden