« Brainstorm Seduction » et « Vice Versa », un même concept pour une utilisation plutôt différente
Difficile de ne pas comparer le film de Pixar et cette série courte de Setona Mizushiro. Certains se plaindront peut-être d'un manque d'originalité, pour ma part je préfère voir la chose comme un même concept utilisés pour des fins bien différentes. « Vice Versa » se concentre sur le début de l'adolescence d'un personnage, sur son changement d'environnement et donc la perte de tous ses repères. Un passage difficile pour le personnage de Riley qui prendra une décision hâtive et extrême avant de revenir parler à ses proches de son mal-être.
Dans « Brainstorm Séduction », nous suivons le personnage de Ichiko alors qu'elle est sur le point de connaître un nouvel amour. C'est une période trouble dans sa vie, depuis sa séparation avec son fiancé. Elle écrit un romans sur son téléphone sans grande conviction, car son amie lui a conseillée. Elle n'arrive plus à se projeter et se laisse flotter au gré des courants dans lesquels sa vie l'entraîne. Ses journées sont d'ailleurs plutôt tranquilles jusqu'à l'apparition du tourbillon « Saotome ». Un jeune artiste de quelques années son cadet et qui est aussi inconstant que le temps. Ichiko vivra donc une histoire tumultueuse avec lui, qui lui fera passé par tous les états. Mais cette inconstance que dégage Saotome, ce côté si atypique qu'il a et qui a attiré Ichiko ne la poussent pas forcément dans la bonne direction, c'est à dire retrouver une certaine stabilité. Elle est avec Saotome malgré le fait que leurs rencontres finissent souvent par une dispute, malgré le fait qu'il semble lui accorder du temps seulement quand il a fini son objectif dans son jeu vidéo, malgré le fait qu'à aucun moment, elle n'envisage de se marier avec lui. En effet, Ichiko est le genre de personne, selon son comité cérébral, qui doit se « caser » pour retrouver une stabilité. D'ailleurs, elle le dira elle-même, elle s’enthousiasme par le fait de cuisine ou le ménage pour quelqu'un, sous-entendu, d'être une femme au foyer. Or, cette stabilité lui est un jour offerte sur un plateau avec le personnage d'Ochi, un éditeur ami de Saotome qui son amie, Reiko. Ochi représente tout ce qui manque rationnellement à Ichiko, et pourtant elle ne ressent pas cette excitation qu'elle a avec Saotome. Elle se sent à l'aise avec Ochi, mais rien de plus, en tout cas au début. Le comité cérébral est donc face à un dilemme : doit on choisir le voie de la raison ou du désir, même si on se doute qu'il est de courte durée ? Comment savoir qu'elle est la bonne route à suivre, et d'ailleurs, y'a-t-il seulement une bonne route à suivre ?
Le comité cérébral dans « Brainstorm Seduction » a une place plus importante que dans « Vice Versa ». Leurs décisions ont plus d'impact dans la vie d'Ichiko, ou disons plutôt qu'ils ont un rôle plus actif que dans le film de Pixar. Dans ce dernier, s'ils sont cinq aussi, chacun représente une émotion, et s'ils guident de temps à temps Riley, ils sont plutôt là en tant qu'archivistes et commentateurs des actions de Riley. Dans Brainstorm Seduction, les rôles du comité cérébral sont plus flous : ils sont plus là pour représenter un état d'esprit et chacun réagira de manière bien différente aux événements : Ikeda aura donc la fâcheuse tendance à voir le mal dans tout ce que font les autres, tandis que Kishi, l'archiviste, sortira les souvenirs reliés à ce qu'Ichiko est en train de vivre sur le moment, notamment le fameux « post-it noir ».
Notons également qu'il y a un personnage mystérieux qui fera par deux fois son apparition et mettra sans dessus dessous tout le comité cérébral : une jeune femme aux cheveux noirs. Celle-ci prendra les devants et permettra à Ichiko d'entamer sa relation avec Saotome, mais également quand ils renoueront alors qu'elle était encore avec Ochi. Un personnage aussi énigmatique que problématique qui amènera un nouveau post-it noir dans les souvenirs d'Ichiko.
Puis, au moment où la situation d'Ichiko va se compliquer avec Saotome, voilà que le manga prend une tournure similaire au film de Pixar : un des membres du comité cérébral va disparaître : Ishibaishi. Si dans « Vice versa », c'était Tristesse qu'il fallait reptrouver pour permettre à Riley d'avancer, ici on se retrouve face à une Ichiko qui, voyant qu'elle n'arrive pas à s'adapter aux humeurs changeantes de son compagnon (notamment le fait que ce dernier n'accepte pas qu'elle réussisse alors que lui n'arrive plus à connaître le succès qu'il avait étant enfant) commence à rentrer dans une phase assez fataliste. Elle n'arrive plus à voir le bon côté des choses et ne fait que subir son présent, tentant encore et toujours de limiter les dégats que pourraient causer ses paroles ou bien ses actions, ne se rendant pas compte que cela ne changera rien. Saotome ne supporte pas de la voir réussir tout autant qu'il ne supporte pas de la voir le préserver de cela, ayant l'impression d'être traité comme un gamin (ce qu'il est). Et tout comme dans « Vice Versa », on arrivera à cette conclusion : ce n'est pas de Saotome dont Ichiko a besoin mais bien d'Ishibaishi pour être heureuse. Elle ne doit pas se séparer d'une part d'elle-même pour avancer mais s'accepter pleinement telle qu'elle est et trouver quelqu'un qui l'accepte ainsi pour être heureuse. Oui, il faut faire des efforts dans une relation, mais pas au détriment de soi, car sinon la relation ne sera jamais saine et en fera toujours souffrir un, voire les deux parties dans ce cas.
NONAI POISON BERRY © 2009 by Setona Mizushiro / SHUEISHA Inc.
De Pipoune, le 13 Septembre 2019 à 18h21
On ressent clairement ton amour pour Mizushiro ^^
Cependant il est vrai que Brainstorm Seduction n'est vraiment pas sa meilleure série. J'ai été complètement déçu par la fin pour ma part (et c'est le seul final que je n'apprécie pas chez l'auteur). J'espère qu'un jour on aura droit à ses nouveaux titres également cependant et que certains seront réédités (Heartbroken Chocolatier?)