Ne perdez pas le rythme !
Déconstruction narrative
Vous avez eu du mal à suivre la liste des intrigues et des personnages ? Rassurez-vous, dans la série... c'est encore pire !
En effet, l'anime Baccano ! est avant tout connu pour sa principale caractéristique : sa narration morcelée, qui traitera de ses trois intrigues principales en parallèle au fil des treize épisodes (exception faite du septième, concentrée sur le prologue en 1711), la série passant d'une histoire à l'autre au gré de ses envies.
Le ton est donné dès le premier épisode : nous sommes en 1932. Dans les bureaux de la rédaction du Daily Days, une jeune fille nommée Carole cherche à comprendre toutes les ramifications de l'affaire du Flying Pussyfoot, et se fait aider par Gustave Saint-Germain, le directeur adjoint du journal. La demoiselle ne sait pas par quel point commencer son enquête ni sur quel personnage se concentrer. Saint-Germain lui explique donc qu'il faut prendre l'affaire dans son ensemble, car ne s'intéresser qu'à un seul aspect à la fois n'aurait qu'un sens incomplet et désorienté. Derrière cette recommandation, les réalisateurs de la série s'adressent directement aux spectateurs : Baccano ! nécessitera toute votre attention pour être compris à sa juste valeur. Et tandis que l'épisode présente succinctement les différentes intrigues et personnages, une partie de l'audience aura déjà quitté son siège, l'autre ayant déjà signé sciemment pour tout le reste de l'aventure...
Cependant, malgré ce parti pris narratif, l'équipe du studio Brain's Base réussit son numéro de jonglage, sans perdre son public. Pour cela, la série passe par plusieurs astuces : tout d'abord, les trois histoires se partagent le cadre des Etats-Unis dans une époque de prohibition et une ambiance mafieuse (décorum sur lequel nous reviendrons un peu plus tard), et se déroulent de manière très rapprochée (entre 1930 et 1932). Rapidement, des liens émergent entre les histoires, surtout entre la première et la dernière, ce qui nous permet d'établir un plan général sans trop de difficulté. De plus, vu son format relativement court (treize épisodes, si l'on ne prend pas en compte les OAV), la série ne s'encombre pas de questions psychologiques trop pesantes qui viendraient alourdir une intrigue déjà très touffue : les choses vont droit à l'essentiel, et l'action reste dynamique. Et tandis que le spectateur commence à se forger ses propres théories, l'épisode 7 et ses nombreuses révélations viennent redistribuer les cartes, offrant un regard nouveau sur ce qui s'est passé précédemment.

L'autre astuce majeure est de proposer des protagonistes très différents d'une histoire à l'autre, afin de traiter tous les protagonistes sur un pied d'égalité. Seuls Isaac et Miria sont présents dans toutes les intrigues (sauf celle de 1711), mais ne sont pas considérés comme les héros de l'histoire pour autant : ils servent avant tout de lien, et de projection du spectateur un peu perdu dans toutes ces affaires. On aura ainsi le loisir de se reconnaître dans la naïveté du tandem, en appréciant les remous de cet univers avec recul et décontraction !
Ce procédé aussi permet de s'attacher aux personnages dont on ne peut connaître le sort au final, puisqu'ils n'apparaissent pas dans les autres intrigues, pour la plupart. Cependant, sur cet aspect, le premier épisode en dévoile déjà peut-être un peu trop sur le devenir de certains personnages. Est-ce une véritable maladresse de la part des réalisateurs, ou un risque calculé pour laisser un semblant de victoire au spectateur attentif, fier d'avoir déjà saisi une partie de la vérité, pour mieux le surprendre par la suite ?
De plus, si chaque personnage a ses propres moments de gloire, des liens se tissent entre protagonistes d'histoires séparées, offrant de nouvelles passerelles dans cette gigantesque toile. Sur ce point, on pourrait ressortir déçu de l'intrigue des 3 OAV venant conclure cette adaptation, qui partent dans une nouvelle sous-intrigue peu intéressante, au détriment de la résolution des précédentes.
Ainsi, en sept heures environ, Baccano ! parvient à se constituer un univers très dense, et l'on ressort de ses sept heures de visionnage avec le sentiment de n'en avoir frôlé qu'une toute petite partie. En résolvant trois sus-intrigues, Baccano ! ouvre la porte à une multitude de possibilités pour la suite, venant nourrir cette histoire d'immortels qui, par définition, peut durer un sacré long moment... Et tandis que la série offre un dernier pied de nez avec une courte scène hilarante se déroulant en 2001, le titre du dernier épisode est quant à lui particulièrement explicite : « Carole comprend qu'il ne peut y avoir de fin à cette histoire. » Le ramdam de cette série orchestrale n'a pas fini de faire du vacarme !
Une réalisation immersive
Derrière cette narration qui constitue son principal atout (ou défaut, pour les réfractaires), Baccano ! se dote d'une réalisation un peu plus classique, restant cependant dans la moyenne haute des productions de la fin des années 2000. Son graphisme est relativement épuré, notamment au niveau des visages et des ombrages, mais ce parti pris est au bénéfice du dynamisme de l'action, que l'on ressent essentiellement dans les scènes de bagarre ou de fusillade. On notera aussi l'insertion plutôt réussie d'éléments en 3D, essentiellement utilisée pour les véhicules ou pour les scènes en extérieur sur le toit du Flying Pussyfoot.
Afin de nous immerger dans l'ambiance des années folles, Takahiro Omori opte pour des teintes de couleurs relativement ternes, avec une large dominance sur le beige et le gris. Cette ambiance un brin morose est contrebalancée par quelques effets de lumières discrets, mais efficaces, et toujours adaptés à l'ambiance du moment, ainsi que la présence de couleurs plus singulières pour certains personnages. Ainsi, dans l'intrigue ferroviaire, l'opposition entre les hommes de Chane et de Ladd passe aussi par celle de leurs tenues, respectivement noires et blanches.
Notons cependant que l'intrigue réserve son lot de moments difficiles, notamment lorsque l'on parle de tester les limites de l'immortalité ou lorsque la caméra se tourne vers de véritables psychopathes. La série ne lésine pas sur l'hémoglobine (et un personnage en sera même recouvert la moitié du temps), et certains passages sont traités avec une violence relativement crue, sans pour autant être complaisante. Soyez-en avertis, donc : malgré sa légèreté ponctuelle, Baccano n'est pas forcément à mettre devant les yeux les plus sensibles....

Let's jam !
Baccano ! se savoure aussi avec les oreilles, et dans une ambiance de prohibition, le choix était plus qu'évident pour le compositeur Makoto Yoshimori. Place au jazz, sous toutes ses formes ! La bande sonore explore toutes les facettes du genre, du free-jazz aux ballades en passant par le swing, ou des réinterprétations de thèmes classiques comme l'air de Carmen de Bizet, à peine masqué. Le thème principal de la série, qui l'ancre initialement dans une ambiance d' « espionnage spectaculaire » à la James Bond, subira d'ailleurs lui même les caprices du jazz et du blues, pour se distiller dans de nombreuses formes différentes et devenir à son tour un liant dans les différentes intrigues.
Au niveau des génériques, l'opening Gun's & Roses a le mérite de nous mettre dans l'ambiance avec des sonorités cuivrées et enlevées, qui rappelleront de vieilles séries américaines. Les visuels du générique renforcent cette impression, avec une séquence passant en revue et nommant les personnages principaux un à un, comme si l'on faisait le détail d'un casting de sitcom. L'ending Calling se distingue comme étant le seul thème musical chanté, porté par la voix de Kaori Oda dans une ballade pop/rock qui vient apposer une dose de calme entre deux épisodes frénétiques.
Puisque nous parlons du son, citons le bel effort d'adaptation pour la version française, avec certains interprètes s'avérant plus convaincants que les originaux ! Mention spéciale évidemment aux comédiens de doublage d'Isaac et Miria, offrant une vraie exubérance à ce duo.
© Ryohgo Narita · Media Works / Project Baccano!
De CactusVira, le 12 Juin 2015 à 11h07
Une pur merveille cet animé !
De Sahuguet, le 27 Mai 2015 à 16h19
Une saison 2 pour Baccano ? Mandiou, Nodochandesu. On sera deux à sortir les mouchoirs alors. *-*
J'espère vraiment qu'ils sortiront les LN aussi. Limite en anglais ça me dérangerait pas D:
De Nodochandesu [437 Pts], le 26 Mai 2015 à 09h41
Le jour où une saison 2 est annoncée, je pleure
De arala [196 Pts], le 25 Mai 2015 à 10h41
Mon animé préféré toutes catégories confondues! Une vrai pépite.
De Higanbana [1151 Pts], le 24 Mai 2015 à 22h25
Très bon dossier pour un excellent anime ! ^o^
De NoctisLucisCaelum, le 23 Mai 2015 à 10h40
un anime super une histoire interressente
De Saruwatari [642 Pts], le 22 Mai 2015 à 23h08
J'aimerais beaucoup lire le light novel! je le voudrait dans ma collection!! Je suis amoureuse de cet anime! :)
De nekochi [3580 Pts], le 22 Mai 2015 à 19h16
Merci pour ce beau dossier ! Baccano est un animé que j'ai adoré.
D'ailleurs, j'aimerais bien lire les LN un jour, tout comme ceux de Durarara (^o^)