Alter Ego - Actualité manga
Dossier manga - Alter Ego
Lecteurs
18.50/20

Un petit coup de gueule en guise d'introduction


On ne peut pas dire que le shôjo a été très en vue aux éditions Glénat ces dernières années: avant le début d'année 2021, les shôjo en cours de parution chez l'éditeur se comptaient sur à peine un peu plus des doigts d'une main: Baby-sitters, 12 ans, Hana Nochi Hare, Masked Noise... Sans oublier les cas Le Paradis des Chiens et Les Enfants de la Baleine, le premier ayant été mis en collection Kids (ce qui peut se comprendre) tandis que le deuxième est incompréhensiblement devenu un seinen selon l'éditeur, comme si les shôjo ne pouvaient pas proposer d'aventure fantastique et tragique de ce type... Et le constat est encore plus triste quand on cherche des tomes 1 de shôjo dans le planning passé de l'éditeur: le dernier en date était Le chat aux sept vies en janvier 2020, mais lui aussi a été re-catégorisé seinen par l'éditeur français. Avant, ça, il faut remonter jusqu'à Ballad Opera en février 2019, puis jusqu'à Hana Nochi Hare en avril 2018. Pour l'un des plus gros éditeurs français de manga, c'est plutôt triste.

Cependant, Glénat semble vouloir changer un peu la donne en cette année 2021 en ayant lancé début février une toute nouvelle collection, "Shôjo+"... mais est-ce vraiment convaincant ? Annoncé de manière très sommaire en évoquant juste "Un nouveau regard sur le shôjo", cette nouvelle collection n'a en réalité rien de bien neuf pour le moment, ce soi-disant "nouveau regard" se reposant sur de nouveaux changements de classification et une vision un peu arriérée. Ainsi, parmi les trois titres ayant inauguré cette collection, l'un (Une touche de bleu) est en réalité publié au Japon dans un magazine seinen, l'autre (100 jours avant ta mort) est un shôjo dont le pitch fantastique est déjà-vu et dont plusieurs éléments rappellent un paquet d'autres shôjo parus chez d'autres éditeurs, et le troisième est plutôt inclassable de par son origine espagnole et son histoire aux accents yuri (Alter Ego). En somme, tout ceci apparaît très bancal et lancé à l'arrache, et semble avoir 15 ans de retard. D'autant plus quand, à côté, un éditeur comme Akata fait de vrais efforts cohérents pour mettre en lumière la diversité du shôjo (et du manga féminin de manière générale) tout en ayant précisément pris soin de s'écarter des classiques collections shônen/shôjo/seinen qui n'ont bien souvent plus aucun sens aujourd'hui. Déjà qu'elles n'ont jamais eu beaucoup de sens en France puisque plus d'un éditeur a parfois falsifié ces classifications...





Après, plus personnellement, mon avis sur cette question est tranché: les classifications, on s'en fout. L'erreur des éditeurs français est sûrement d'avoir voulu imposer en France, sans l'avoir compris, ce système de classification (qui n'est qu'une indication du principal public cible au Japon, et pas une vérité absolue sur des genres bien définis), et de s'être enfermés à fond dans ces catégorisations jusqu'à en faire des étiquettes à la noix, forçant les préjugés des lecteurs. Aujourd'hui, quelques éditeurs en sortent très bien (comme Akata comme déjà dit, ou Komikku qui n'a jamais fait de collections et c'est très bien comme ça), tandis que d'autres s'enfoncent toujours plus dans cette aberration nourrissant les poncifs et préjugés (notamment Pika avec leurs sous-collections shôjo à deux balles, et donc maintenant Glénat). Enfin bref, tout ça pour dire qu'on s'en fiche pas mal de ces classifications dans lesquelles pas mal d'éditeurs se sont enfermés, mais qu'il est dommage que certains éditeurs (dont Glénat fait donc partie via cette nouvelle collection) en offrent une vision aussi biaisée et arriérée. On aime les séries qu'on aime, et puis voilà.

Ce long aparté fini, il convient quand même de signaler une chose: l'aberration de cette nouvelle collection ne remet évidemment pas en question la possible qualité des oeuvres, et on en a d'ailleurs un excellent exemple avec le one-shot dont on va parler ici, Alter Ego.
  
  
EDIT du 30/06/2021 : suite à sa lecture de la présente introduction du dossier, Satoko Inaba, directrice éditoriale de Glénat Manga, a tenu à nous faire parvenir une réponse le 28 juin, concernant la création de la sous-collection "Shôjo+". En toute transparence, nous avons choisi d'inclure ce droit de réponse ici, permettant à Satoko Inaba d'expliquer son point de vue quant à cette nouvelle sous-collection.

"Tout d’abord, je tiens à clarifier ma position :

Vous avez parfaitement le droit de ne pas comprendre un choix éditorial et de transmettre votre mécontentement au public.

Cela étant, il demeure particulièrement surprenant que votre « coup de gueule » intervienne comme ouverture du dossier Alter Ego. En effet, les gens qui se rendent sur une telle page le font d’abord et avant tout pour lire une critique sur ce manga et non une réflexion plus globale sur la catégorisation des œuvres existantes. N’auriez-vous pas pu le publier autrement, dans une section à part, plutôt que de le dissimuler dans un dossier ?

Car Alter Ego et son autrice ne méritent aucunement votre pamphlet rageux.

Quant à « Shojo + », votre reproche se comprend d’un certain point de vue : celui d’un lecteur averti de shojo, passionné et qui n’hésite pas à découvrir toutes les nouveautés. Or, c’est là que réside le souci du genre : les lecteurs passionnés de shojo sont une espèce en voie de disparition.

Depuis des années, les éditeurs français essayent de relancer le shojo, mais les ventes chutent inexorablement. Les éditions Glénat, comme d’autres, ont tenté de sauver quelques titres, en les extrayant du label…  Mais c’est une solution à court terme, qui affaiblit encore davantage un genre déjà moribond en termes de ventes.

Deux solutions s’offraient alors à nous :

• Abandonner et faire du shojo un genre de niche, avec quelques éditeurs spécialisés publiant une ou deux nouveautés par mois…

• Corriger le tir et tenter de trouver une solution pour pousser le shojo, le remettre en avant dans les magasins, en faire parler dans la presse… Bref, casser une image négative et biaisée véhiculée auprès des lecteurs et des vendeurs de manga pour enfin redonner ses lettres de noblesse au genre.

 
C’est là qu’est né « Shojo + ».

S’il y a effectivement eu une erreur de communication de notre part, c’est peut-être de ne pas avoir assez précisé que « Shojo + » n’était pas une collection indépendante, mais une sous-partie de la collection Shojo, dont le but est d’intéresser des personnes en dehors du lectorat habituel. En d’autres termes, « Shojo + » est vouée à servir de porte d’entrée dans le monde du shojo.

Les œuvres qui ont été sélectionnées pour le lancement présentent ses différentes facettes tout en étant parfaitement accessibles aux non-initiés.

La collection Shojo, incluant sa partie « Shojo + », continuera à exister chez Glénat, avec des nouveaux titres prévus dès début 2022. Nous invitons les lecteurs de shojo à les découvrir à nos côtés et à guider de nombreux néophytes vers ce genre sensible et merveilleux.

Satoko INABA
Directrice éditoriale Manga
"

ALTER EGO © 2020 Ana Cristina Sánchez / Editorial Planeta S.A

Commentaires

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Jurietto

De Jurietto [74 Pts], le 04 Juin 2021 à 20h17

17/20

Petit Shojo /Yuri très intéressant et pas assez exploiter dans les manga en général. L'écriture est réfléchissante, pertinente. Malgré un côté enfantin il se lit très facilement je recommande juste pour la cuiriosité.

Cerex73

De Cerex73 [1190 Pts], le 11 Mai 2021 à 15h34

19/20

Personnellement j'ai adoré. Je suis tombé sur ce manga complètement par hasard. C'est le visuel qui m'a interpellé. J'ai beaucoup aimé le récit, car je le trouve assez juste. Les caractères des personnages et les réactions de Noel, sans en faire de trop, correspondents assez bien à des réactions normales que l'on pourrai rencontrer autour de nous. Il y a quelques notes d'humour par-ci et par-là. On s'attache vite aux personnages. Je trouve assez fantastique d'avoir, en 180 pages, réussi l'exploit d'avoir donner du contexte au personnages. Chacun à une histoire. Je regrette juste une fin trop rapide à mon goût. J'aurai aimé voir un peu plus l'évolution du couple et les interactions avec Elena. On imagine des choses sans les voir. Mais c'était très sympa à lire et je recommande ce manga. J'espère que l'auteure nous gratifiera d'autres petites perles de ce genre.

Lea B.

De Lea B., le 08 Mai 2021 à 01h19

20/20

Très beau dossier. J'apprécie la finesse de l'analyse de ce récit de même que la singlante mais claire et justifié introduction dont on retire un certain plaisir de lecture dont sur les véritées énnoncées.

J'espère que ça donnera envie à d'autre d'acheter Alter ego !

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