L’amour
Si l’aventure de Yona est dictée par l’histoire de son royaume, ses actes sont guidés par un sentiment intime : l’amour. La trahison de Soo-Won dévaste d’autant plus la princesse que cette dernière est amoureuse de son cousin depuis son enfance. Cela rend le régicide de Soo-Won encore plus cruel et inattendu pour Yona, qui perd l’homme dont elle était en amoureuse en même temps que son père décède.
Cependant Mizuho Kusanagi nous révèle des brides du passé de Yona et forme ainsi un triangle amoureux entre la jeune fille, Soo-Won mais aussi Hak. Le garde du corps est amoureux de la princesse depuis l’enfance mais il choisit de se mettre en retrait pour que Yona et Soo-Won puissent être ensemble. Mais lorsque ce dernier les trahit, les cartes sont rebattues et l’équilibre du triangle change. De par sa promesse faite au roi Il, Hak est un guerrier loyal et fidèle à Yona. Mais s’il reste à ses côtés, c’est pour une autre raison : il continue d’être amoureux de la princesse. Il s’agit alors d’un puissant amour à sens unique qu’il a du mal à contenir. S’il est à sens unique, c’est parce que Yona met du temps à prendre conscience de ses sentiments pour Hak. Et pour cause, la princesse est encore sous l’emprise de Soo-Won. Le lien qu’elle a avec ce dernier est représenté par une symbolique très forte dans le manga. Elle prend la forme d’une broche, plus précisément celle que Soo-Won lui a offerte pour son anniversaire. Yona panique lorsqu’elle égare sa broche suite à sa fuite du château au tout début de l’aventure, car c’est tout ce qui lui reste de Soo-Won. Tout son attachement à lui réside dans cette broche, qui représente aussi ses derniers souvenirs des jours heureux au château avant l’assassinat de son père. S’en séparer reviendrait donc à perdre définitivement son lien avec son cousin.
Plus tard dans l’aventure, Yona donne sa broche. Elle s’en débarrasse comme d’une vulgaire babiole sans valeur sentimentale, quand bien même son interlocuteur est heureux d’avoir mis la main sur un si bel objet. C’est le signe qu’elle la jeune femme a évolué. Elle a grandi au cours de son voyage, s’est débarrassée de son traumatisme et de son attachement envers son bourreau et a commencé à prendre conscience qu’elle éprouve des sentiments pour Hak. Et juste après s’être affranchie du poids symbolique de cet objet, Yona embrasse soudainement Hak pour la première fois, afin de mieux marquer sa libération. L’amour dans Yona – Princesse de l’Aube est donc une affaire de symboles. Celui de la broche est le plus remarquable dans ce triangle amoureux complexe et malsain dans lequel Yona souffrait de son attachement à Soo-Won et Hak de son amour à sens unique. À l’instar de références du manga d’heroic-fantasy comme Berserk et Basara, la romance ajoute une nouvelle dimension au récit épique de Mizuho Kusanagi. Elle le rend humain, et le met donc à la hauteur de son public, en plus de chambouler les cœurs tant les sentiments peuvent être autant beaux que tragiques.
