Une aventure humaine
Malgré leurs pouvoirs dévastateurs et leur nature divine, les dragons qui accompagnent Yona, Hak et Yeon sont d’une joyeuse compagnie. Au fil des voyages, de profonds rapports humains se développent au sein de la petite troupe, d’autant plus que l’autrice excelle dans l’art de tisser des liens entre les différents personnages. Par exemple, Hak ne se conduit pas de la même manière avec Ki-Jae qu’avec Jae-Ha. Les caractères de chacun sont suffisamment mis en avant pour que cela crée différentes alchimies dans les rapports humains. Enfin de compte, on suit un groupe d’amis réunis autour de Yona, voyageant dans un monde de fantasy dont ils sont la principale source d’éléments fantastiques. Hors des combats, on en vient même à oublier la prophétie et leurs pouvoirs, ce qui rend la troupe profondément humaine, et donc attachante.
Il y a un retour à l’humain dans Yona - Princesse de l’Aube, et il ne provient pas uniquement de la sympathie que transmet la troupe de héros. Dès lors que l’on découvre les pouvoirs surnaturels, le manga ne persiste pas dans cette direction. Au contraire, il fait aussitôt marche arrière pour devenir bien plus terre à terre. Sortie de force de son château, la princesse déchue découvre l’étendue de son royaume, et surtout son peuple. Et ce qu’elle observe n’est pas beau à voir... Elle découvre la pauvreté, la maladie, la famine, la drogue, l’esclavagisme, les ravages de la guerre... En somme la misère, un peuple qui souffre loin des préoccupations de la cour du palais. En découvrant ce monde qu’elle ignorait, Yona ne peut rester insensible. Au lieu de se laisser abattre, d’autant plus qu’elle sort d’une tragédie personnelle, la jeune femme se retrousse les manches afin de venir en aide aux personnes en souffrance. Yona n’hésite pas à risquer sa vie pour cela, à se mettre en première ligne, à chercher des solutions pour faire reculer la faim ou la maladie, à se confronter directement aux gens qui martyrisent et tyrannisent le peuple.
En faisant cela naturellement, Yona multiplie les exploits. Elle règle de sérieux problèmes partout où elle passe. C’est ainsi que se construit sa légende, celle d’une jeune femme aux cheveux écarlates, qui aurait la faveur des dieux, et viendrait en aide à un peuple en souffrance. Loin de la naïveté de sa vie au château, Yona devient forte, gracieuse et charismatique. Par ses actes auprès de son peuple, elle endosse plus que jamais le statut de princesse qu’elle avait perdu suite à l’assassinat de son père. Jusque-là, elle menait une vie oisive dans la cour du palais et depuis la tragédie qui l’a forcée à quitter sa demeure, elle découvre son royaume et se montre digne de son rang.
Mizuho Kusanagi construit ainsi une héroïne de plus en plus charismatique, qui inspire autant le respect que la sympathie. Évidemment, difficile pour le public du manga de résister à son charme, ce qui en fait un personnage populaire de ce média, mais c’est également le cas pour les personnages de la série. Yona se fait de nombreux amis sur son chemin. Elle obtient le soutien indéfectible de la tribu du vent, d’autant plus qu’elle accompagnée par Hak qui en était le meneur, mais aussi des personnes comme Lili de la tribu de l’eau ou encore Tae-Jun de la tribu du feu qui se lient d’amitié avec elle et rejoignent ses rangs. Sans compter le soutien de personnages aussi variés que le prêtre Ik-soo, les pirates, des souverains de pays étrangers... En créant sa légende, Yona s’attire la faveur du peuple mais aussi celle de nombreuses personnes haut-placées, qui lui viendront en aide au moment voulu.
Yona - Princesse de l’Aube est sans l’ombre d’un doute un manga profondément humain. Il est marqué par des relations fortes et troubles, pleine de nuances. Par exemple Yona reste attachée à Soo-Won malgré qu’il soit la cause de son destin tragique. Elle ne cherche même pas à se venger car cela pourrait nuire au peuple, qui souffre déjà suffisamment. Si elle prend les armes, la jeune femme prône tout de même la compréhension et essaie de faire les meilleurs choix possibles afin qu’ils soient dans l’intérêt de tous et non seulement dans le sens de ses propres émotions. On s’éloigne alors de toute dimension fantastique, même si les pouvoirs des dragons lui sont bien utiles pour arriver à ses fins. L’empathie de Yona, son charisme, ses actions, ses relations aux autres et notamment à Hak sont autant d’ingrédients qui rendent la jeune femme attachante et qui donnent envie de la suivre durant une si longue aventure. Mizuho Kusanagi nous prouve à travers son manga qu’elle est passée maîtresse en l’art d’exprimer des sentiments et de faire ressentir des émotions.
