Tue-moi plutôt sous un cerisier - Actualité manga
Dossier manga - Tue-moi plutôt sous un cerisier

Le trait de la mangaka, entre élégance et angoisse


La patte graphique de Hina Sakurada ne manque pas d'élégance, et c'est une force qui a de quoi attirer l’œil du lecteur dès la couverture du one-shot. Sur celle-ci, Yukino et Tatewaki sont allongés au milieu des cerisiers, les regards particulièrement vides. Le travail sur les yeux, notamment, donne l'impression de poupées fragiles, une sensation amplifiée paradoxalement par le dessin noir et blanc de l'autrice qui fait ressortir les ténèbres du retard de certains personnages.

Chaque figure dépeinte par la mangaka est d'une grande finesse de trait, un côté fragile donnant une élégance certaine, celle-ci parfois accentuée par les poses que prennent les personnages. Tatewaki en particulier, il donne souvent l'impression d'un mannequin d'une grande fragilité, mais aussi particulièrement effrayant. Car la force du trait de la mangaka au sein du one-shot est d'accentuer l'ambiance sombre du récit par ces grands regards noirs et ces visages malsains qui placent parfois l'héroïne en position de détresse, et le lecteur face à des lycéens qui donnent régulièrement l'air déshumanisés. Si ce style aurait pu contraster avec une comédie sentimentale classique, il trouve parfaitement sa place dans l'ambiance de cette histoire cruelle. Car d'entrée de jeu, il est difficile de faire confiance à ces personnages affichant des airs sinistres, manœuvre volontaire de la part de l'autrice car, justement, c'est d'eux dont il faudra douter...



Hina Sakurada et ses drôles de bonus


Tue-moi plutôt sous un cerisier se conclut sur un chapitre bonus intitulé « Quelle galère de tomber amoureux de mecs comme ça ». Histoire liée à l'intrigue du one-shot ? Pas du tout, Hina Sakurada présentant ici deux courtes histoires liées à ses œuvres précédentes (avant 2011, donc), où il est à chaque fois questions d'héroïnes en relation avec des garçons très portés sur les rapports charnels... Un teasing qui aurait pu se révéler efficace, si l'autrice ne présentait pas des relations abjectes. Jugez vous-même : la première scène montrant une héroïne trompant son petit-ami avec le grand-frère de ce dernier (la grande classe), et la seconde une adolescente se faisant palucher par un garçon on ne peut plus toxique pour elle.

Sans doute faut-il avoir lu les séries concernées pour comprendre totalement les concepts, apprécier peut-être les personnages, leur évolution, voir comment la question de la relation amoureuse adolescente est abordée par la mangaka... Mais il faut reconnaître que cet aperçu est très loin de donner envie. Pourtant, on y retrouve la patte graphique si particulière et élégante de Hina Sakurada, aussi l'envie de retrouver ce style à travers d'autres œuvre reste présente.

Le travail éditorial des éditions Akata


Les éditions Akata ont fait une belle présentation de l'ouvrage lors de l'annonce de la licence. Dévoilé comme le one-shot de la rentrée 2017, Tue-moi plutôt sous un cerisier n'a pas manqué d'arguments dans la communication de l'éditeur qui ventait un récit sombre et une conclusion volontairement choquante, des qualités qui décrivent en effet assez bien l'histoire de Hina Sakurada.

L'édition en elle-même est de bonne facture. Le format du titre est identique à celui des shôjo, et le papier sélectionné fin mais jamais transparent. On peut regretter l'absence de page couleur qui nous empêche de profiter pleinement du style visuel de l'autrice, un point noir qui incombe à la parution japonaise et non à l'éditeur français qui dépend seulement du matériel qui lui est proposé.
La traduction a été confiée à Bruno Pham, responsable éditorial des éditions Akata, qui livre un très bon boulot. Son texte sert habilement l'ambiance noir du titre sans pour autant trahir les personnages qui ne sont que des adolescents. C'est bien là toute l'habileté du récit et de la traduction : rendre presque effrayant des individus qui ne sont pourtant que des adolescents.

  
  

KOROSARERUNARA, ISSO SAKURA NO KI NO SHITADE © 2011 Hina SAKURADA / SHOGAKUKAN

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