The end of the world - Actualité manga
Dossier manga - The end of the world

Le monde est injuste


Pour se protéger non seulement eux-mêmes, mais avant tout pour préserver leur famille, Azusa et Kawaguchi choisissent alors de vivre dans le mensonge et camouflent l'accident mortel de Kasuga en suicide. Les choses marchent plutôt bien, même si certains enquêteurs et journalistes se posent des questions sur le petit trou visible sur la main du défunt. Pire encore, Tazawa, leur professeur principal, semble avoir compris leur manège et apparaît décidé à faire chanter la jeune fille... Kawaguchi met alors en place un plan qui leur permettra de se débarrasser à la fois des soupçons et de Tazawa. Mais les conséquences de tout ceci pourraient bien les rendre plus coupables encore, lorsque le véritable Tazawa va se dévoiler sous les yeux du jeune garçon...

Après un départ laissant plutôt estomaqué, la suite de the End of the World voit la spirale du mensonge et de la culpabilité se refermer autour d'Azusa et Kawaguchi. Les pressions autour d'eux sont partout, ils doivent faire profil bas, il leur faut constamment et toujours plus mentir afin de protéger ce qu'ils chérissent le plus... au point de s'enfoncer encore plus dans un sentiment de culpabilité avec lequel ils devront apprendre à vivre. L'un des exemples les plus forts de cette culpabilité est, dans le volume 2, le coup cruel joué à un Tazawa qui était finalement loin d'être mauvais, était même pétri d'un bon fond, mais était simplement faible et un peu lâche. Comme nos héros. Comme beaucoup de monde.





Et même si ce cruel coup du sort vis-à-vis de Tazawa fait flancher un Kawaguchi qui aimerait tout arrêter, il est désormais trop tard pour reculer, car Azusa et lui ont des proches faibles à protéger. Des parents déjà affaiblis psychologiquement et qui ne supporteraient pas de revoir leur fille souffrir, et un grand-père en mauvaise santé qui n'a plus que son petit-fils pour le soutenir. Aoi Makino excelle toujours dans la peinture à fleur de peau de ses deux jeunes héros et de leurs relations avec leur famille : on comprend parfaitement la volonté des deux collégiens de préserver leurs proches d'une vérité qui les détruirait. Mais les mensonges qui s'accumulent autour d'eux et vont toujours plus loin sont pourtant, peut-être, la pire des solutions, notamment quand on voit jusqu'où Azusa est obligée de mentir à ses propres parents.

De fil en aiguille, tout ceci amène également des interrogations autour de Kawaguchi, qui semblait entretenir un lien particulier avec Kasuga. Ces interrogations s'étendent autour d'une autre collégienne, Mizuho Kitagawa, qui semblait bien connaître les deux garçons, au vu de son comportement et de ses réflexions. De ce côté-là, on entrevoit rapidement la vérité dès la fin du volume 2, et si la raison passée ayant poussé Kasuga à martyriser Kawaguchi apparaît un peu grosse, on reste surtout happé par le récit d'Aoi Makino, qui ne cesse de jouer sur un fil tendu sur lequel marchent nos deux héros... Craqueront-ils ou non ? Avec l'arrivée d'Ariake, un nouvel enseignant très perspicace et qui connaissait bien Tazawa, la situation risque encore de rester très dure...

Le monde est injuste, et Aoi Makino nous en dresse un portrait fort et secouant. La réussite des uns implique la chute cruelle ou injuste des autres, et pour protéger ce à quoi ils tiennent, chacun des personnages, que ce soit Azusa, Kawaguchi, Tazawa, Ariake ou même Junya, risquent d'aller loin. The End of the World, c'est le récit de personnes faibles comme tant d'autres, mais qui font tout leur possible, comme ils le peuvent, pour protéger ce à quoi ils tiennent, au risque de sombrer dans la spirale sans fin de la recherche de la vérité pour les uns, ou de celle du mensonge et de la culpabilité pour Azusa et Kawaguchi. Cette culpabilité qui les ronge ne semble alors pas près de s'arrêter, et risque de prendre une tournure encore plus terrible pour Azusa.


Le monde s'effrite


Sombrant de plus en plus dans la spirale du mensonge, Azusa et Kawaguchi doivent alors ensuite faire face au plus tenace des ennemis : Masayoshi Ariake, célèbre pédagogue et ancien élève de Tazawa. Persuadé que ce dernier ne peut être coupable de ce dont on l'accuse, Ariake remonte peu à peu sa piste vers la vérité. Perspicace, il est certains qu'Azusa lui cache quelque chose, et la confronte à la plus terrible des réalités en l'emmenant à la rencontre de Mme Kasuga, la mère de Teppei...

Déjà rongée par la culpabilité, la jeune fille découvre une femme elle-même rongée par un regret, celui de ne pas avoir été une bonne mère. A travers un flashback dans le troisième volume, c'est alors une autre facette de Teppei Kasuga qui se dévoile : celle de son enfance et de sa rencontre avec Kawaguchi et Kitagawa. On cerne beaucoup mieux ce qui l'a toujours poussé à rechercher la popularité, ce qui permet de beaucoup nuancer le personnage.

De son côté, Kawaguchi doit lui aussi faire face à une menace : Ariake cherche à retrouver l'auteur de la photo qui a coûté son poste à Tazawa, désormais publiée sur internet. Kitagawa s'en mêle elle aussi, et le jeune garçon semble sur le point d'être démasqué... à moins qu'une aide inconnue ne vienne le sauver.





Aoi Makino reste pleinement maîtresse de son récit. Tout en entretenant le suspense et la tension autour des menaces pesant au-dessus d'Azusa et de Kawaguchi, elle continue de livrer un portrait profond de ses personnages, qu'il s'agisse de nos deux héros, de la mère de Teppei qui se raccroche désormais à Azusa, ou du grand-père de Kawaguchi qui semble lui aussi déterminé à protéger son petit-fils, tout comme son petit-fils n'a pu se résoudre à le laisser tomber. Tout aussi faibles soient-ils, tous apparaissent terriblement humains justement dans les faiblesses qu'ils montrent, et la spirale infernale qui s'est abattue sur eux est plus que jamais en marche. Préserver leur secret entraîne nombre de conséquences comme celle de l'éviction de Tazawa, et désormais c'est encore une autre horreur à laquelle Azusa doit faire face : celle des rumeurs, qui fondent de plus en plus sur elle. Au lycée, chacun commence à s'écarter d'elle, à médire, à faire courir les bruits de couloir... Et pourtant, pour préserver les leurs, pas question pour Azusa et Kawaguchi de craquer. Les choses ont beau être terriblement difficiles, le mensonge et la culpabilité ont beau être là, ils sont poussés toujours plus loin pour se protéger, et à présent, culpabilité et mensonge laissent peu à peu la place à l'étape suivante : celle de la manipulation. Pour écarter tant que possible les menaces, Azusa en est arrivée à se rapprocher beaucoup de Mme Kasuga, à passer pour la petite amie idéale afin d'écarter les soupçons. Une certaine froideur se ressent de plus en plus chez nos deux héros, qui n'ont ensuite plus qu'une solution pour mettre un terme à tout ceci : la promesse de retrouvailles à la fin du lycée.

Aoi Makino précipite alors les choses au bon moment pour nous préparer à un final qu'on devine intense. Il y a bien quelques facilités/grosses coïncidences (à commencer par le véritable lien entre Ariake et Kawaguchi), mais elles passent bien dans le feu d'un récit qui reste aussi tendu que profond dans le développement de ses personnages.
 
 


SEKAI NO HATE © 2011 by Aoi Makino / SHUEISHA Inc.

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