Superior & Superior Cross - Actualité manga
Dossier manga - Superior & Superior Cross

L’histoire sans fin ...


Le défaut majeur de cette série est de ne pas parvenir à nous séduire sur le long terme. Au début, tout est nouveau, tout est appréciable et on profite réellement de l’univers créé, des personnages charismatiques et du style de l’auteur. Mais peu à peu, on déchante en remarquant que tout est matière à critique dans la narration, qui présente tout de même des défauts de forme et de fond. En premier lieu, certaines choses sont clairement redondantes et répétitives à souhait. Notamment, les convictions d’Exa et la méchanceté des humains qui sont parfois plus horribles que les monstres. L’auteur le répète encore et encore, à chaque fois cela perdant un peu d’impact dans la réalité des choses. On sait que les monstres cherchent surtout à se préserver des humains et qu’ils sont asservis par un être tyrannique ... Mais Ichtys croit bon de nous le dire encore et encore. Au final, on n’y fait même plus attention et les valeurs du Héros ne nous atteignent plus. De ce fait, on a aucune surprise quant à l’issue des affrontements, et le suspense s’en va donc dans le même temps. Nous laissant sur une lecture parfois un peu plate et sans véritable relief narratif. D’autre part, les longueurs dans le scénario en lui-même, au niveau de l’histoire inventée par la mangaka. On en a déjà parlé, mais l’histoire d’amour entre Sheila et Exa prend des airs de quête épique tant elle traine en longueur et prend des proportions parfois interminables. Chaque tome évoquant le sujet ne fait que l’évoquer, justement, et les sentiments stagnent immanquablement pendant des pages, voire des volumes entiers. On aurait préféré que l’auteur se contente de quelques allusions plutôt que d’en faire autant sans donner suite à rien. Ainsi, l’immobilité des émotions est un point assez négatif dans la série, qui ne sait pas faire dans la simplicité et dans la légèreté en ce qui concerne l’amour. De la même manière, quand Exa se doute ou découvre que Sheila est le roi démon, il est en proie à beaucoup de réflexions qui trainent et s’éternisent. Il passe son temps à se douter, puis à décider de lui faire confiance. Ce qui est légèrement répétitif et longuet, comme procédé, dont le bénéfice s’essouffle rapidement alors qu’on en a plus rien à faire de son cheminement puisqu’il finit toujours de la même manière. Et ce, peu important la personne qui le fait douter, le roi lui-même n’ayant pas d’incidence sur sa foi en Sheila. Un peu de la même manière, la série adopte un schéma qui ne l’avantage pas forcément ... Souvent, en cours de route sur la quête principale, les personnages s’attardent dans des scénarios secondaires, faisant entrer de nouveaux protagonistes dans l’histoire. C’est plutôt une bonne idée, habituellement utilisée dans ce genre d’aventure. Toutefois, on les regrette un peu ... car seuls deux types de scénarios voient le jour. Les premiers manquent de background, d’explications et de profondeur comme l’amnésie de Sheila ou son désir de sauver un dragon. Parallèlement, les scénarios trop détaillés qui n’ont pas de véritable place secondaire dans l’histoire et qui retardent celle-ci au lieu de la faire avancer. Comme la longue pause dans un village où nos héros se déguisent en femme, où dans le passé de Lakshry avec cette petite humaine aveugle ...
 
 



Dans ce genre de scénarios, les méchants sont tous mis en avant pour après nous dire qu’ils ne sont pas ceux qu’on croit et qu’il faut croire à la paix entre humains et monstres. On revient donc, dans chaque aparté, sur des principes moralisateurs qui alourdissent encore plus l’histoire. D’ailleurs, celle-ci est d’office alourdie par le fait que deux séries se côtoient en une. La fin de « Superior » n’a rien d’une fin et nous laisse totalement déstabilisé, sans même une fin d’arc ou quoi que ce soit ... Juste une fin frustrante, brutale. Heureusement, « Superior Cross » le reprend bien mais ... Pourquoi faire deux séries qui s’éternisent et non pas une seule plus simple, plus courte, plus pertinente ? Il y aurait eu de quoi la finir en neuf tomes ... Si tout avait été plus condensé. Le plus bel exemple, c’est la base même de l’histoire. Sheila et son double du double du double ... On se perd un peu dans ses réincarnations, surtout à la fin quand on nous explique tout à fait clairement que le roi démon n’est pas vraiment Sheila mais une part d’elle, dont elle s’est séparée lors de la création de son premier double, qui a à son tour transmis cette noirceur à un autre double qui ... Aaaah ! Il y a de quoi s’arracher les cheveux et surtout, on a vu plus simple et plus efficace comme résolution d’histoire ... Mais la morale, c’est que Sheila se bat contre celle qu’elle était avant, anéantit ses propres démons et piétine son passé qu’elle ne revendique pas. C’est certes une belle image de la demoiselle, mais qui aurait pu être plus réussie ... Et quand à la fin on nous promet enfin l’affrontement ultime et final ... C’est tout au plus un vague combat contre un boss de fin un peu pitoyable, un petit être qui n’a pour lui que son envie mégalomaniaque de détruire un monde qui ne lui a rien fait. Tout ça pour un bête complexe d’infériorité par rapport à son apparence, qui est immonde et qu’il voudrait symbole de beauté. Voilà, tout ça pour ça ... Autant dire que la fin parait bâclée, surtout quand après tout ce temps, tous ces drames parfois expédiés en deux minutes (on retiendra un lien fraternel brisé en deux pages alors que l’auteur se contente de passer à autre chose, brutalement) ... Un seul tome, le dernier, pour finir tant de choses, éviter la fin du monde, rétablir la paix ... Un programme chargé qui n’a pas vraiment aboutit tant la fin est guimauve, allant jusqu’à rétablir le dernier drame qui donnait du relief à la série pour l’annuler d’un coup de baguette magique. L’issue aurait du alors être un peu moins triste mais tout de même ... et Ichtys se retourne pour en faire une conclusion digne des Bisounours. Tellement décevant pour un titre qui assumait plutôt bien son style ...

Enfin, notons que le débordement d’humour est parfois insupportable à l’histoire. Les personnages sont très stéréotypés et l’auteur en joue un peu trop. Ainsi, Lakshry est clairement lourd avec les femmes et ses allusions, il nous ennuie vite avec son côté obsédé totalement infondé et ses blagues grasses. Angelica n’a rien de comique quand elle parait maladroite ou entière, et son mauvais caractère ou ses gaffes nous lassent vite. L’auteur essaye pourtant de les changer, comme avec un monstre qui vole les âmes de chacun pour modifier du tout au tout leurs personnalités mais ... Si on découvre nos héros comme on ne les avait jamais vu, ça n’a rien de bien divertissant. On peut toutefois citer des passages particulièrement hors à-propos dans une quête sérieuse pour sauver le monde ... Le premier, un chapitre où Sheila se transforme en chaton miauleur qui ne peut plus communiquer. Ce petit bonus à part n’apporte strictement rien à l’histoire et brise totalement l’image sérieuse qu’on avait de l’aventure, d’Exa et de Sheila quand elle ne fait pas l’enfant. Mais aussi un passage où Hermann, un personnage secondaire de type méchant, passe la plupart du temps dénudé. Exhibitionniste, ce personnage censuré est voulu pour nous amuser mais cela ne fait que nous stupéfier et nous faire nous lamenter. Ça n’a strictement rien de drôle ... Rien. On se demande d’où sort cette idée saugrenue qui n’apporte rien, ni en humour ni en rien d’autre. Dernier exemple, dans le début de Superior Cross. René nous reprend le conte de Momotaro et part en délire sur le héros déguisé en femme, sur une histoire à dormir debout de chef des orges, sur ... Bref, on préfère oublier ce monde à part que l’auteur a voulu créer dans un accès de folie, et simplement pour tenter de justifier de façon amusante la suite. A savoir l’infiltration -presque- discrète de tout notre petit monde dans la ville -remplie uniquement de femmes. Mais ... Pourquoi ? Déjà, les déguiser en femme par le travestissement, c’est de l’humour un peu lourd mais alors leur faire ça ... Nous imposer tout ça juste pour une ridicule conclusion ? C’est trop, surtout que Superior Cross est nettement moins bon que son grand frère qui avait au moins le mérite de nous amuser parfois et de nous tenir en haleine ...
 
 

SUPERIOR & SUPERIOR CROSS © ICHTYS / SQUARE ENIX Co.Ltd.

Commentaires

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Dim12

De Dim12 [4930 Pts], le 19 Octobre 2013 à 12h51

Super dossier merci ;)

M.

De M., le 25 Mai 2012 à 12h52

Un bon dossier, qui précise bien les défauts et les qualités de Superior et Superir Cross. La série a effectivement trop duré et finit par se perdre, mais l'ensemble reste intéressant.

Le dossier traite bien point par point les éléments de la série, la conclusion finit sur une touche positive, c'est une bonne chose.

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