Stand by me, Love Letter - Actualité manga
Dossier manga - Stand by me, Love Letter
Lecteurs
18/20

Le style visuel de Riho Masuda


Enfin, il semble important de revenir un peu sur le style visuel de Riho Masuda dans Stand by me, Love letter, car on peut facilement dire que la mangaka y offre un rendu bien à elle, assez personnel, et se démarquant à plus d'un égard de certains habitudes des shôjo modernes.

A commencer par sa façon de dessiner les personnages. A une époque où les shôjo tendent à offrir des physiques un peu plus élancés, anguleux, avec plus d'épure dans les contours des visages, Riho Masuda propose un rendu un peu inverse : les visages de ses personnages, surtout de Hazuki, sont relativement arrondis, ses trames ne sont pas aussi scintillantes et envahissantes que dans certains titres mais servent plutôt à effectuer de subtils et crédibles jeux d'ombre sur les visages, juste en dessous du menton, sous les cols de chemise, etc... ce qui, assurément, apporte une profondeur supplémentaire au rendu des personnages. Masuda s'applique aussi beaucoup sur l'allure de ses héros : la petite taille d'Izumi, les couettes souvent virevoletantes de Hazuki qui lui offrent encore plus de fraîcheur et de dynamisme, la sensation que ces mêmes couettes respectent bien la gravité (c'est bête à dire, mais c'est le cas). Et, enfin, elle sait croquer ses personnages sous de nombreux angles de vue différents : de face, de biais, dans des profils ravissants où ressortent notamment les lèvres, en plongée, en contreplongée... Masuda maîtrise ses héros et leur offre des angles variés, contribuant à nous faire les observer encore mieux.

Le mieux est que cette variété de vue ne se limite pas aux personnages : constamment, Riho Masuda montre qu'elle sait, quand il le faut, varier sa mise en scène, ses angles de vue, en offrant là aussi différentes choses, y compris de légères contre-plongées de biais du plus bel effet. Le résultat, c'est un dynamisme accru, et la sensation renforcée de pouvoir pénétrer l'histoire de ces attachants personnages sous toutes les coutures.
  
  
  
  
La variété, elle est aussi dans le découpage des cases. A certains moments, la dessinatrice offre un découpage plutôt académique mais jamais statique : il est assez rare d'avoir une planche faite intégralement de cases bien droites. On trouve souvent des diagonales, des grandeurs variées... pour un résultat jamais statique. Mieux, lors de certains instants un peu plus mouvementés ou intenses, la mangaka déconstruit légèrement tout découpage classique, comme quand Hazuki s'évanouit en pages 22-23.

Enfin, on a déjà dit un mot sur les décors dans la partie précédente, mais on peut en redire un ici : l'artiste accorde une place très importante à ses décors, chose qui se remarque d'ailleurs dès la jaquette. Ils sont très présents, jouent un rôle à part entière dans le rendu visuel de l'oeuvre, et il est extrêmement rare que la mangaka se contente de remplir les fonds avec des trames. La plupart du temps, soit elle offre des décors, soit elle laisse des fonds plus blancs, mais en occupant très bien l'espace des cases avec ses personnages afin qu'il n'y ait aucune impression de vide.

Le style de Riho Masuda est donc très intéressant et bourré de charme, on y sent le désir et la vitalité d'une mangaka dont la toute jeune carrière ne l'a pas (pas encore ? Seul l'avenir nous le dira) forcément habituée aux carcans habituels de certains titres récents du genre. On pourrait se dire que la mangaka a un style old school, surtout dans sa façon de dessiner les personnages, mais la réalité est sûrement autre : elle a un dessin bien à elle, un dessin non-aseptisé d'une jeune artiste en début de carrière, et en prime elle parvient à être très moderne et ingénieuse dans la diversité de ses angles de vue, de ses mises en scène et de ses découpages.
  
  

© 2016 by Riho Masuda / SHUEISHA Inc.

Commentaires

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Haïku

De Haïku, le 26 Novembre 2019 à 16h52

18/20

je découvre vos dossiers à l'instant et super contente de lire celui de Stand by me !!

pourquoi vous parlez pas des gens qui font la couverture et le lettrage? c'est la maison d'édition qui s'occupe de tout ça?

dommage de pas les nommer aussi...

bref super dossier sinon =)

 

Vendettaskel

De Vendettaskel [1874 Pts], le 14 Juin 2019 à 22h33

Plus qu'un dossier, j'ai eu l'impression de lire un cri d'amour de l'auteur pour ce manga. Et ça m'a donné très envie de le lire, déjà que j'aimais bien le dessin de la couverture ! Et puis vos dossier sur ce site m'ont appris qu'Akata est une valeur sûre, sans ça peut-être que jamais je n'aurais lu Jumping et les nuits d'Aksehir qui étaient superbes.

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