Un appel à l'aventure
Oui, on pourrait résumer Sky Wars à cette simple affirmation : c'est un appel à l'aventure. Dans un certain sens, Sky Wars est un pur shônen qui remplit toutes les cases : un héros naïf qui se retrouve avec un pouvoir un peu particulier, qui fera bientôt l'objet de toutes les convoitises. Il aura un mentor, qu'il va perdre, subira des autres qui le feront un peu dévier de son objectif, mais tout cela le renforcera au final et il finira par sauver le monde. Le schéma classique de beaucoup de shônen, mais parfaitement réalisé ici.
Parlons d'abord du mentor : Shark. Personnage mystérieux, complexe, il guidera Knit car il voit en lui la manière de réaliser son rêve d'enfance. Et pour cela, Knit doit garder son « innocence » selon lui. Ce qui l'amènera, malgré le fait qu'il l'embarquera avec lui chez les pirates du ciel, à lui interdire d'avoir recours à des armes, à toute forme de violence. À partir de ce moment-là, on enchaînera les moments d'action et plus contemplatif, où Knit sera en perpétuel apprentissage. Apprentissage du monde qui l'entoure, des techniques pour voler avec des Lindberghs mais aussi de la violence. Il en fera les frais, et si Shark fera tout l'en protéger, il sera difficile de totalement l'en préserver. Surtout quand cette violence est dirigée envers les Lindberghs qu'il aime tant…
Knit est en pleine découverte de ce monde et c'est en raccrochant à son amitié indéfectible avec Plamo et aux enseignements de Shark qu'il arrivera à surmonter toutes les épreuves qui se dresseront devant lui. Lui qui était si innocent et naïf démontrera de plus en plus une certaine forme de caractère, de détermination et surtout d'empathie envers ce monde qu'il aime tant, malgré sa part d'ombre...
Une des particularités de cette histoire, c'est aussi toute la nostalgie qui s'en dégage. Le personnage d'Amélia notamment, est souvent replongée dans ses souvenirs du passé. Ceux-ci, joyeux, en compagnie d'un Diego qu'elle semblait adorer, tranche complètement avec cette espèce de haine qu'elle semble lui vouer. Mais on sent rapidement que malgré cette colère qu'elle éprouve envers lui, elle cherche aussi à comprendre, et surtout à récupérer ce qu'elle a perdu, en pourchassant Shark. Cette même nostalgie émane du pirate du ciel d'ailleurs. On le ressent à sa relation avec Knit, qui représente la possibilité de réaliser ses rêves d'enfance, de retrouver un lien avec celui avec qui il les partageait, Albert. Et lui aussi ressent de la colère pour Amélia. Celle-ci qui faisait partie de leur groupe et qu'il tient pour responsable de la mort de son ami.
Je ne pense pas être la seule à penser cela, mais cette histoire rappelle beaucoup le film « Le château dans le ciel » des studios Ghibli, au niveau de son ambiance. Ce mélange d'aventure, de mélancolie et ce point d'ancrage de l'histoire dans le ciel... Bien que les deux œuvres soient très différentes, un sentiment commun s'empare de nous en lisant Sky Wars...
Petit aparté sur le dessin qui est tout bonnement magistral. Ahn Dongshik démontre dès son deuxième manga tout son talent, que ce soit pour dépeindre les scènes d'actions, très impressionnantes, mais aussi les moments plus contemplatifs. Que dire aussi des chara-design de ses personnages. Chacun d'eux reflète totalement sa personnalité : Shark qui peut se montrer aussi féroce que son surnom mais aussi démontrer d'une grande douceur mais aussi d'une grande passion pour son rêve. Knit qui représente toute la candeur d'un enfant, son optimisme mais aussi ses peurs et incertitudes…
Ahn Dongshik a réussi a créer un univers visuel aussi riche qu'intéressant, et la fin de son manga étant assez ouverte, il serait aisé d'en faire une suite pour approfondir l'univers. Après tout, on ne connaît que l'empire de Granarossa ici, et l'on pourrait étendre l'histoire aux pays frontaliers de ce dernier, les conséquence de sa folie de reconquêtes mais également développer les conséquences des changements de relations entre Lindberghs et humain, etc... Bref Sky Wars se présente comme le fragment d'un univers qui semble incroyablement vaste et riche, et rien que ça c'est très bien gérée. Après tout, une bonne histoire c'est celle qui nous raconte un instant dans un univers qui se doit d'avoir existé avant et qui devra exister après. Ainsi, l'expérience n'en est que plus immersive.
© 2009 AHNDONGSHIK by SHOGAKUKAN
