Séki, mon voisin de classe - Actualité manga
Dossier manga - Séki, mon voisin de classe
Lecteurs
19/20

Séki et Yokoi, entre opposition et complémentarité


Forcément, une comédie, ça a besoin de personnages bien campés, et de ce côté-là on peut dire que les deux protagonistes de Séki mon voisin de classe font très bien le travail, grâce à une excellente alchimie entre leur opposition et leur complémentarité.

Commençons par Toshinari Séki, qui n'a rien du "cancre" habituel. Passant ses heures scolaires à tuer le temps, il ne se contente pas de jouer de façon basique, mais amène en classe toutes sortes de choses qu'il va souvent utiliser de manière détournée, comme c'est le cas pour le puzzle avec lequel il crée une pyramide, les dominos avec lesquels il invente un parcours totalement improbable, le jeu de mahjong qui devient le théâtre d'une lutte historique, les robots avec lesquelles il confectionne une jolie petite famille...
Plus tard, il fera vivre à des petits oursons en plastique une folle escalade, trouvera même le moyen de s'amuser en mangeant sauvagement de pauvres saucisses en forme de poulpe... Forcément, au rythme d'un nouveau passe-temps par chapitre, les exemples ne manquent pas, et pour parfaire ses idées le jeune garçon n'hésitera pas à bricoler son bureau, à inventer de nouvelles choses... Il faut le voir en action pour le croire, et à l'instar de Rumi, on est plus d'une fois curieux de découvrir ses nouvelles idées !
Observer en classe toute l'imagination de Séki ne manque pas d'intérêt, d'autant que l'on finit par constater que même s'il ne suit rien en cours, le garçon est fichtrement doué dans nombre de domaines... Preuve qu'il s'intéresse à énormément de choses, et que la curiosité et l'imagination peuvent être libérateurs !
Le roi de l'imagination est là, et il fait un bien fou, sans doute encore plus dans son pays d'origine où il pourrait représenter un idéal de liberté créatrice face à une société réputée comme trop castratrice.





Face à lui, Rumi Yokoi, censée être son opposée tant elle se veut sérieuse... et qui est pourtant la première à toujours suivre Séki. Car quand on a un voisin comme ça, on a vite fait de se montrer curieux, et la pauvre jeune fille n'a pas fini de nous le prouver. A chaque fois, elle se fait embarquer bien malgré elle est sans que Séki ne la cherche, et la variété de ses réactions est un véritable moteur de l'humour. Parfois, elle tente de remettre Séki sur le droit chemin, et ça lui retombe souvent dessus d'amusante manière. A d'autres reprises, elle décide carrément de participer en bien ou en mal à ses délires, par exemple quand elle pense que le jeune garçon agit pour une bonne cause... et elle finira évidemment par tomber de haut. Et quand, en observant Séki, elle laisse vagabonder son imagination pour se créer des histoires, c'est souvent là qu'elle est la plus délicieuse tant elle est capable, elle aussi, de partir très loin dans ses trips, voire encore plus loin que Séki.
Qu'elle participe de façon passionnée aux jeux de Séki, tente de le remettre sur le droit chemin ou soit victime de ses frasques, elle dévoile encore et toujours une belle palette de comportements, qui ont toutefois toutes pour point commun de révéler derrière son côté studieux un réel désir de dépaysement.
De ce fait, plus que le contraire de Séki, Rumi est plutôt l'élément indispensable pour faire encore mieux ressortir la créativité de l'adolescent.

On pourrait également voir un peu ce "couple" comme une nouvelle interprétation du Manzai, cette forme d'humour typiquement nippone basée sur un duo aux caractères opposés, d'un côté le tsukkomi sérieux et rationnel (ici Rumi), et de l'autre le boke plus extravagant et outrancier (Séki).





Entre habitudes et renouvellement, une recette qui marche


Derrière cet univers restreint et habilement exploité, et ces deux personnages qui se répondent parfaitement, l'auteur peut tranquillement développer sa recette en sachant qu'il pourra toujours compter sur ce qu'il a mis en place. A partir de là, sans changer ses habitudes, il peut s'appliquer à renouveler constamment sa série, et pour ça il peut compter sur pas mal de choses.

Revenons d'abord sur les jeux de Séki, qui bénéficient d'une belle variété. Ils sont tantôt réalisables avec peu de moyens ou avec plus de matériel (l'idée du baseball avec les aimants, il fallait la trouver), tantôt complètement surréalistes (la fouille archéologique...), pour un résultat qui surprend le lecteur autant qu'une Rumi toujours hilarante dans ses observations et réactions.

Le renouvellement vient aussi de ces quelques courts changements de cadres déjà évoqués, comme la gym, la piscine, la salle d'audiovisuel, ou les virées en dehors du bahut. Le talent de l'auteur est de parvenir à exploiter comme il se doit les spécificités des différents lieux (par exemple, l'obscurité de la salle audio).
Un passage du volume 5 vient même briser plus fortement la routine scolaire quotidienne : le voyage de classe, qui s'avère sympathique pour ses idées, pour les trips de Gotô, pour le retour de la famille robot, ou pour le passe-temps de Séki dans le bus... mais on reste sur le sentiment que ce voyage est trop vite passé en revue et que Takuma Morishige aurait pu l'exploiter un peu plus.

Il y a l'exploitation plus ou moins discrète des personnages secondaires venant graviter autour de Séki et Yokoi, et de ce côté-là c'est sûrement Gotô qui rafle la palme ! Cette douce jeune fille vient rapidement offrir un peu plus de piment : désireuse de lier amitié avec Rumi, elle va vite s'imaginer toute seule des choses entre nos deux héros, pour un résultat aboutissant sur d'excellents petits quiproquos qui ne font que s'accentuer au fil des tomes.
Sans doute plus discrets, des personnages comme Uzawa et Maeda n'en restent pas moins là, brièvement mais régulièrement, pour venir enrichir et dynamiser encore un peu plus le tout. Entre le premier qui met en danger les jeux de notre héros à cause de son côté mêle-tout presque égoïste, et le deuxième qui subit parfois les frasques de Séki sans s'en rendre compte (et heureusement, sinon Séki passerait sans doute un sale quart d'heure!), on a deux garçons très différents.

Un peu plus tard, ce sont encore deux autres figures qui apparaissent, et nul doute qu'elles marquent plus puisqu'elle font partie de la famille de Séki !
Il y a d'abord la petite soeur de Séki. Est-elle comme son frère ? Rumi en fera très vite l'expérience, et l'on obtient alors un nouveau personnage aussi mignon que fun dans ses similitudes avec Séki (son physique, le fait qu'elle ne parle pas...), amusante dans sa détermination a attirer l'attention de son frère, mais également tout aussi imprévisible que lui ! Qu'on se le dise, ce duo frère/soeur est très prometteur !
Il y a ensuite la mère de Séki qui, à l'occasion d'une visite des parents d'élèves dans le tome 5, fait son apparition en réservant quelques surprises... Rumi se serait-elle trouvée une alliée de choix ? En tout cas, le look de cette femme s'avère réussi, car dans la droite lignée de celui de Séki et de sa petite soeur !
A ce rythme, on peut espérer continuer de voir apparaître ainsi de nouvelles têtes bien campées, et cela contribue même à conserver la curiosité du lecteur (par exemple, à quoi pourrait bien ressembler le père de Séki ?).





Enfin, n'oublions pas d'autres personnages qui ne sont certes pas vivants, mais qui sont un atout indéniable de l'oeuvre ! La famille robot ! Ces petits êtes de plastique pour qui Rumi se prend totalement d'affection deviennent vite des « personnages » récurrents, que Séki implique régulièrement dans ses jeux, mais à chaque fois de façon renouvelée. Entre l'habitude de les voir impliqués et les nouvelles épreuves que Séki leur réserve, ils symbolisent à merveille le talent de Morishige pour unir habitude et renouvellement, si bien que tout comme Rumi, on attend à chaque fois impatiemment de les revoir, d'autant que la jeune fille, gaga de ces robots, est particulièrement excellente quand ils sont là.
  
  
  


© TAKUMA MORISHIGE / KADOKAWA CORPORATION MEDIA FACTORY

Commentaires

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Sakugami

De Sakugami [483 Pts], le 03 Mai 2016 à 13h50

Merci également pour la chronique. J'avais seulement aperçu ce manga en librairie mais je ne m'étais jamais penchée dessus. Je crois bien que je vais me laisser tenter. :)

Yuminekoi

De Yuminekoi [2132 Pts], le 29 Avril 2016 à 22h28

19/20

Merci pour ce dossier, une série syma comme tout.

Bon dossier, et présentant bien les points forts de ce manga.

 

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