My Santa - Mon Père Noël à jamais - Actualité manga
Dossier manga - My Santa - Mon Père Noël à jamais

Ken Akamatsu, et la magie de Noël


Si Ken Akamatsu a exploré différents registres durant sa carrière, il y en a un qui reste perceptible dans chacune de ses œuvres : la comédie sentimentale. Véritable cœur de Love Hina et Ai Non-Stop, le comédie romantique était un élément très présent dans Negima ! et, dans une certaine mesure, UQ Holder. Pour l'auteur, ce fut aussi l'occasion de porter ses œuvres vers une dimension harem bien souvent, dont Keitarô, Negi et Tôta ont fait les frais dans les titres dont ils sont les protagonistes.

Dans My Santa, le mangaka ne s'éloigne pas trop de ce registre. Mais avant tout, il a pour volonté de dessiner une histoire courte autour de Noël. Avant même de réfléchir à la manière de créer une comédie sentimentale, il doit penser des éléments qui donneront l'impression d'un conte de Noël, et ne pas penser exclusivement à des amourettes ou des demoiselles dévêtues. Le bon compromis sera alors d'allier habilement ses deux aspects : créer une histoire de fêtes à travers les deux personnages principaux. On se retrouve donc avec Santa et Mai, héros et héroïne du titre, deux facettes farfelues de Noël, à leur manière. Comme son nom l'indique, Santa doit son identité au Père Noël, Sante Claus en anglais, un prénom qui lui a été donné pour sa date de naissance : le 24 décembre. Évidemment, cette simple facette créer un décalage et dès lors, impossible de considérer Santa comme le héros d'une grande romance. Rien d'aussi ridicule pour Mai, mais un bon zeste d'humour tout de même : celle-ci se revendique comme un « Père Noël », veut créer du bonheur chez le héros, mais ne peut tirer de sa hotte que quelques poissons, au lieu de beaux cadeaux scintillant l'esprit des fêtes. A partir de là, l'auteur peut aussi bien parler de Noël tout en tissant une relation dans la lignée de ce que le mangaka aime proposer d'habitude, à savoir une romance plutôt excentrique.

L'opposition entre les deux personnages, et la manière donc chacun représente Noël, sera la mécanique phare du one-shot pour créer de l'humour. Difficile de ne pas rire, voire prendre en pitié, ce pauvre Santa à qui la chance ne sourit pas vraiment, tandis que Mai apparaît régulièrement déjantée, son caractère laissant croire que ses pouvoirs de Père Noël ne sont qu'un délire de sa part.
En parallèle, la légèreté dont fait preuve l'auteur demeure : celui-ci ne se prive pas pour créer deux facettes de Mai sexy à leur manière, dessiner une petite scène de douche histoire de représenter l'héroïne en tenue d'Eve, et la doter d'une autre facette bien plus développée corporellement, une dimension très éphémère du personnage mais qui, par l'aspect coquine qui l'entoure, est devenue la tête d'affiche de l’œuvre, que ce soit pour le manga ou son adaptation animée.

Pourtant, faire du Akamatsu basé sur des éléments de Noël est une chose, mais créer un véritable compte des fêtes en est une autre. Derrière ses histoires sexy et déjantées, l'auteur aimer développer des relations sincère dans ses récits, que ce soit entre Keitarô et Naru dans Love Hina, ou Negi et plusieurs de ses élèves, l’œuvre globale du mangaka proposant ainsi bon nombre d'instants touchants. Dans My Santa, l'auteur aborde cette tonalité mais dans un esprit des fêtes de fin d'année. Au Japon, il est de coutume de passer Noël avec sa petite-amie plutôt qu'avec ses parents, ce qui en fait une fête déjà bien différente que celle que nous célébrons en France. Le contexte Noël est donc, pour l'auteur, un moyen de créer une romance certes prévisible mais raccord avec l'ambiance que l'on peut se faire de Noël. D'une certaine manière, la conclusion de My Santa est très proche de ces nombreux téléfilms qui passent en boucle, à la télévision, sur les deux dernières semaines de la fin de l'année. La légèreté du mangaka est propice pour ce genre d'ambiances et, à ce titre, on peut penser que le pari de l'auteur est réussi et que malgré son rythme très rapide, My Santa est un petit conte de Noël romantique tout à fait appréciable, à la fois drôle et sincère.



Le style de l'auteur en 1997


En 1997, Ken Akamatsu a achevé Ai Non-Stop, mais n'a pas encore entamé Love Hina. La notoriété du mangaka n'est donc pas la même que dans les années 2000 et 2010 et, surtout, sa patte graphique est imparfaite, et n'a rien à voir avec ses travaux actuels, notamment avec UQ Holder.

My Santa est pourtant caractéristique du style Akamatsu, son trait se reconnaissant entre 1000. Ceux qui n'ont touché qu'à UQ Holder auront peut-être plus de mal à reconnaître la patte mais pour quiconque a lu, ne serait-ce partiellement, Love Hina, l'évidence est là. Il faut dire que Ken Akamatsu, jusqu'à une certaine période de Negima, ne prenait pas de gros risques dans le design de ses personnages. Pendant une longue période, beaucoup de ses figures se ressemblaient, il suffit de voir le personnage de Nodoka de Negima qui ressemble énormément à Shinobu de Love Hina, et nombreux sont les personnages que l'on pourrait ainsi rapprocher. Quand My Santa est publié en France, les deux séries en question sont déjà sorties, et le lecteur est familier avec le style de l'auteur. C'est justement parce que Ken Akamatsu est apprécié en France que Pika parvient à sortir le one-shot en version physique. Alors, le lecteur ne met pas bien longtemps à reconnaître la patte du mangaka, et se trouve rapidement en terrain connu. Car en terme de narration, Akamatsu reste aussi fidèle à lui-même : les trognes des personnages, quand il s'agit de créer du décalage, sont celles qu'on a connu dans les débuts de sa carrière, sa manière de créer des scènes de nudité est telle que nous la connaissons, et l'auteur aime toujours autant créer des arrières-plans carrés et crédible, un ingrédient qui sera très caractéristique de Negima puisque Ken Akamatsu n'hésitera pas à proposer les ébauches de modélisation des différents environnements dans les pages bonus de la série.

Alors, difficile d'être choqué par le style de l'auteur, très fidèle à ce que nous connaissons de lui. L'histoire ayant été dessinée en 1997, c'est le manque d'expérience par rapport au manque de détail du trait que le lecteur remarquera. Ainsi, My Santa constitue une bonne preuve de l'évolution de l'auteur, un mangaka si apprécié dans son style qu'un nouvel artbook dédié à ses séries phares est récemment paru au Japon. Paradoxalement, My Santa n'y est pas fait mention, preuve que le one-shot a davantage marqué les aficionados, notamment avec son anime, que l'auteur lui-même.

© Ken Akamatsu / Kodansha Ltd.

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