Mindgame, The animation
En France, encore aujourd’hui, Mindgame est essentiellement connu de par son adaptation animée, réalisée par le studio 4°C. Le présent dossier a, jusqu'à présent, traité uniquement du manga papier édité par Imho, même si les différences entre les deux versions sont mineures.
La différence la plus flagrante, c'est une évidence, réside dans la réalisation. Au risque de parler pour ne rien dire, je rappelle qu'une version animée bénéficie du mouvement et du son (dans le cas présent, également de la couleur).
Pour le côté visuel, on remarque dans un premier temps que l'anime est plus maîtrisé. Là où le manga original est très imparfait, car non retouché, le long métrage adopte une réalisation maîtrisée qui tente de singer l'imperfection. D'un point de vue formel, c'est plus « beau », mais on perd en authenticité. Le tout est plus détaillé, et les environnements et les scènes d'action sont plus lisibles.
Au niveau de la réalisation, on a droit à de nombreuses expérimentations en terme d'esthétique. En plus de l'animation en 2D « classique », on a également droit à quelques images 3D et, plus curieusement, à des inserts de photographies en stop-motion en lieu et place des personnages, pour un rendu atypique, et visuellement bluffant. La couleur est également ajoutée de façon assez particulière, avec des aplats souvent sans dégradés pour les personnages, et un remplissage plus réaliste pour les décors. Cela peut changer d'une scène à l'autre, pour un résultat bordélique, mais harmonieux.
La bande-son se fait globalement assez discrète, mais colle toujours très bien avec l'action en cours.
Voilà pour la forme.


Pour ce qui est du fond, les différences se ressentent dans un premier temps au niveau des personnages, et pas forcément pour le mieux. Si Nishi et Yè sont presque aussi développés que dans le manga, c'est beaucoup moins le cas pour Myon et Yan. Yan est très différente, elle se débride subitement, et opère un changement de personnalité brutal pas forcément cohérent (même s'il donne lieu à une scène de création absolument sublime). Versée dans l'art classique dans le manga, elle se lance à corps perdu dans quelque chose de beaucoup plus contemporain dans l'anime. Myon est le personnage dont la transposition est la plus décevante. Jeune femme discrète et subtilement émotive dans l'œuvre originale, elle se change en pin-up écervelée (impression renforcée par des attributs mammaires étrangement enflés) une fois portée à l'écran. Sa relation avec sa sœur est également à peine esquissée, et on peine à cerner le personnage, qui sonne finalement assez creux.
Concernant le côté barré de l'œuvre, les deux versions se complètent assez bien, puisque l'anime assagit certains points (Yè, beaucoup plus étrange dans le manga, et les passages psychédéliques, moins fous qu'on aurait pu l'imaginer dans le film, même si certains passages retranscrivent fidèlement le côté « cartoon sous LSD »), et débride certains autres (Yan, l'évasion du ventre de la baleine...).


Enfin, on note une importante différence en terme de narration, au niveau de l'introduction et de l'épilogue. Là où le manga est très explicite sur les tenants et les aboutissants de l'œuvre, l'adaptation animée opte pour une approche plus labyrinthique à travers des plans-séquences très courts se faisant échos, et qu'il vous faudra décrypter pour saisir toute l'intrigue (plusieurs visionnages sont donc nécessaires).
L'édition de Potemkine est de très bonne facture, les sons et l'image sont de qualité et le DVD bonus apporte de nombreux éclaircissements quant à la réalisation.
À noter que le film Mindgame a remporté de nombreux prix, que voici :
- Meilleur film, festival FanTasia 2005
- Meilleur réalisateur, festival FanTasia 2005
- Meilleur scénario, festival FanTasia 2005
- Prix spécial - Accomplissement visuel, festival FanTasia 2005
- Grand Prix au Japan Media Arts Festival 2004
- Prix Mainichi Noburō ŌFuji 2004.


© by NISHI Robin / Asukashinsha
De Minkunette [6811 Pts], le 17 Février 2015 à 09h37
Merci pour le dossier.