Mille et une nuits - Actualité manga
Dossier manga - Mille et une nuits
Lecteurs
19/20

Les origines d’un modèle historique 


L’histoire des Mille et une nuits est en fait un livre persan, préalablement intitulé Le Millier de mythes (هزارافسانه), paru aux alentours des VIIIème et IXème siècles. Les Mille et Une Nuits (ألف ليلة وليلة) est la traduction arable de ce recueil, au départ destiné à l’éducation, telles nos Fables de la Fontaine qui sont lues aux enfants pour la morale finale. Pourtant, ce n’est pas une lecture consacrée aux jeunes enfants comme le mot « conte » pourrait le laisser penser. Au contraire, les valeurs défendues et les idéaux transmis sont plus durs, et ce livre n’appartient en aucun cas au domaine du divertissement, ni à celui de la lecture folklorique. Les thèmes sont parfois traités de manière érotique ou sanglante, et seuls quelques uns peuvent servir d’apprentissage aux coutumes respectueuses de la religion. De plus, il faut savoir que Les Mille et une nuits se présente sous la forme d’un enchaînement de récits qui se chevauchent, se croisent, le tout sous l’histoire globale, celle de la belle Shahrâzâd (Shéhérazade). Tout le monde a déjà entendu parler du sultan Shâhriyâr qui, déçu par l’infidélité de son épouse, la condamne à mort. Pour préserver son honneur, et garder un contrôle total sur tout ce qui le concerne, il décide de prendre une nouvelle épouse, vierge, chaque jour pour la sacrifier au matin, afin qu’une telle honte ne le reprenne pas. Alors arrive Shéhérazade, la fille du grand vizir. Sa démarche d’épouser le sultan est volontaire, puisqu’elle décide de mettre fin aux massacres injustes dictés par l’égoïsme d’un seul homme. Par sa ruse et son talent indéniable de conteuse, la belle parvient à se faire écouter chaque soir : en ne finissant jamais une histoire, la nuit passe sans que la violence du sultan ne surplombe sa curiosité et son impatience. C’est par ses contes que la jeune femme parvient à séduire son mari, qui s’éprend d’elle et lui accorde sa confiance. Au bout de mille et une nuits de contes, la jeune femme est graciée par son mari après lui avoir donné un fils (ou trois selon les versions). Ce récit est la base des Mille et une nuits. Cependant, bon nombre d’histoires viennent se rajouter à la plus populaire, toujours moralisatrices, souvent passionnantes. On y croise toutes sortes de créatures, réalistes ou mythiques, bienfaisantes ou tentatrices. Les djinns succèdent aux goules, les démons ayant tout de même une place de choix. Il faut savoir aussi que les Mille et une nuits n’est qu’une infime partie de la littérature de l’époque, et constitue un ouvrage parmi tant d’autres, rendu célèbre par les ajouts qui ont été faits : les contes les plus connus (Sindbad le marin, Ali Baba, d'Aladin et la lampe merveilleuse …) sont également les plus récents. Et le seul lien entre toutes ces Nuits est la conteuse, par qui toutes les histoires passent et débutent. En effet, chaque Nuit commence par un narrateur qui nous parle de Shéhérazade, puis elle-même prend la parole et raconte une histoire au sultan, par exemple le Conte du tailleur, du bossu, du Juif, de l’Intendant et du Chrétien. Dans ce récit, plusieurs histoires sont encastrées dans celle, plus globale, du bossu, qui se fait alors narrateur. On remarquera qu’à l’intérieur du conte du tailleur, celui-ci prend la parole pour parler de celle du barbier. Enfin, ce dernier narre les six histoires de ses frères. Et au final, le conte dure toute une nuit, le sultan éprouve la curiosité d’avoir la fin, et le lecteur se perd en chemin : c’est là tout le génie de cette œuvre, qui mêle plusieurs genres, en gardant un fil directeur commun.

    
      

           
« Et l’aube chassant la nuit, Shahrâzâd dut interrompre son récit. »


Si les Nuits sont peuplées de contes, tous différents, on dégage néanmoins les principaux thèmes ou manières de raconter : on y trouve des contes de ruse, dans lesquels le personnage principal se sort d’une situation périlleuse par la seule force de sa finesse d’esprit. La simple idée des contes de Shéhérazade est  en soi une ruse, puisqu’elle lui permet de se détacher de son destin sanglant, et d’obtenir la considération de son mari. Ce qui n’était pas chose aisée, étant donné la considération de la femme qui transparait dans la narration. Dès le début du livre, elle est considérée comme perfide, adultère et source de malheurs. Telle Pandore ou Ève, la femme de Shâhriyâr est celle à cause de qui tout va dégénérer. Source du malheur de l’homme et celui de ceux qui subiront le courroux de ce dernier, la femme n’est pas idiote, au contraire. Si elle l’était, leur traitrise et leur capacité à berner les hommes pendant un temps rabaisseraient ceux-ci. Elle est ici savante, souvent érudite en ce qui concerne le Coran, l’histoire de l’Islam et les sciences politiques. C’est par leur esprit que les femmes séduisent les plus grands, se jouant de leurs sentiments avec une facilité déconcertante, obtenant d’eux ce qu’elles désirent, jusqu’à ce que leur félonie soit mise à jour et leur coûte cher : persécutées, tournées en ridicule, subissant coups et humiliations … Une telle vengeance renforce leur perfidie, et ce tout le long de l’œuvre. L’amour occupe donc bien évidemment une place plus qu’importante, ainsi que les grandes épopées digne de notre mythologie. L’amour, qui guide et donne un but dans tous les récits depuis tout temps. Un sentiment qui contraint, soumet tout un chacun à une même loi, de mêmes règles. Seule émotion qui efface les différences, porteuse d’une certaine morale et amenant les grandes histoires ou épopées. Car la distance est insupportable, parce qu’une quête est nécessaire, tous les moyens sont bons, mais amour et voyage sont indéniablement liés dans les contes de Shéhérazade. Après tout, ces deux notions incarnent une grande aventure, dont on ne ressort jamais indemne.

Les histoires merveilleuses sont également présentes, avec leur lot de génies, fées, sorcières et autres créatures fascinantes. Entre les bons génies, les djinns malicieux et incontrôlables, l’éventail est large. Les esprits peuvent être naturellement généreux ou n’obéir qu’au possesseur d’un talisman (Aladin) : ces derniers n’ont pas de réelle conscience du bien et du mal, leur vision n’est pas aussi manichéiste. Ils s’adaptent à leur maître, le reconnaissant comme quelqu’un à servir le temps nécessaire. Enfin, on peut y trouver des anecdotes, qui ont un caractère plus informatif et éducatif : il s’agit de distiller subtilement quelques principes de l’Islam, simplement et agréablement. En règle générale, ce sont de petits détails, comme le respect des personnages symboliquement « bons » pour l’Islam, et le châtiment réservé aux « méchants », souvent sans morale religieuse. Les anecdotes ne sont alors que de fines allusions, ou des faits totalement intégrés dans l’idée même de l’œuvre. Par exemple, le concept de clémence est ici une évidence : Shâhriyâr accorde la sienne mille et une nuits durant, et ceux qui ont l’honneur de divertir ou de toucher les possesseurs du pouvoir peuvent se voir graciés, voire récompensés. Les protagonistes des contes ne sont pas des anges, ils sont durs et implacables, mais savent se montrer généreux et reconnaissants. Dans la continuité d’une attitude noble et humble, la religion est omniprésente dans les contes. On y trouve de multiples allusions à Dieu, au prophète et aux fidèles. Le plus intéressant, c’est que l’Islam n’est pas la seule religion représentée, puisque les Chrétiens, les Juifs et les Zoroastriens ont également voix au chapitre. 



     


© by Jun Jin Suk and Art by Han Seung Hee. Originally published by Seoul Cultural Publishers, Inc.

Commentaires

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Chamine

De Chamine [1437 Pts], le 15 Août 2009 à 12h17

19/20

Bravo pour le dossier (j'avais écrit soddier xDD) ma choupi ! Il est magnifique tout comme le manga, tu sais à quel point je l'adore.

A mort Kami, je veux la suite !

Gaby123

De Gaby123 [0 Pts], le 27 Juillet 2009 à 20h09

Ce manga est vraiment trop bien!!!!!!! Les histoires que raconte Shéhara sont intéréssantes et la relation entre lui et le sultan devient de plus en plus ambigüe =)!!!! J'espère qui aure plus et affinité lol =)

H SHRA

De H SHRA, le 20 Juillet 2009 à 09h30

Si le volume 6 ne tardait pas tant à sortir (on l'attend depuis 1 an), je vous conseillerai de vous précipiter dans votre librairie pour l'acheter.

Mais là je ne peux que vous le déconseiller sachant que l'on n'a aucune explication sur ce retard et que l'on n'est même pas sur d'avoir la fin.

Dons à moins d'être MASO passer votre chemin

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