Magic Knight Rayheart

L’émotion comme révélation

 
 
Au début du récit, nos trois héroïnes ne se connaissent absolument pas. Elles se retrouvent juste par hasard au même endroit, la tour de Tokyo. En arrivant sur Cephiro, elles sont en quelque sorte obligées de se serrer les coudes et de s’entraider pour survivre. Pourtant, elles auraient pu se séparer et partir chacune de leur côté après leurs premiers déboires. En effet, cette prophétie ne leur parle pas vraiment et elles n’ont aucune obligation de rester soudées. Malgré tout, elles vont rester ensemble et se mettre d’accord sur les premières marches à suivre. Ce qui est assez étonnant, venant de la part de trois personnes qui ne se connaissaient pas auparavant. Mais les liens qui les unissent vont se fortifier au cours du récit. Les épreuves les rapprochent, malgré leurs caractères très différents. Hikaru est une véritable boule d’énergie, incapable de rester en place et de réfléchir à une décision concrète mais réfléchie. Elle aurait d’ailleurs tendance à exaspérer les deux autres, qui ont un tempérament bien plus posé, avec une capacité d’analyse et de prendre du recul bien supérieure. Mais elles ont toutes un bon cœur, et l’idée de sauver Cephiro, la princesse et ses habitants vont les unir. Elles ont conscience que l’adversité va les souder, et que les épreuves seraient difficiles à surmonter seule. Une même empathie les unit assez rapidement, et au début c’est leur but commun qui va les faire avancer de concert, avant même la naissance d’une réelle amitié.
 
 
  
 
 
On a vu que les jeunes filles possédaient des pouvoirs magiques liés à des éléments naturels. Feu, vent, eau. Mais leurs capacités sont moindres, presqu’inexistantes au début. Ce pouvoir, cette source de magie peut être considérée comme une métaphore de leurs sentiments pour les autres. En effet, c’est pour se secourir ou s’aider que leurs pouvoirs se révèlent. Toujours dans un moment difficile, une pulsion anime les jeunes femmes qui souhaitent sauver celles qui deviennent leurs amies. Et c’est cette notion de danger imminent, et surtout l’émotion qui les traverse pour leurs collègues, qui va révéler leur pouvoir. Au fur et à mesure de la lecture, Fu, Umi et Hikaru vont apprendre à maitriser leur magie et découvrir les propriétés de leurs pouvoirs, qui augmentent au rythme de leur volonté. Et celle de se soutenir entre elles est sans égale... C’est donc bien leurs émotions et leur volonté de s’épauler et de ne former plus qu’un être soudé qui va les rendre plus fortes. Les auteurs nous font ainsi passer le message selon lequel seul on n’est pas grand-chose, que l’union fait la force et qu’il est indispensable de se reposer sur quelqu’un qui nous aime. L’amitié est le plus beau ciment du monde.

Enfin, dans un dernier temps, la série s’attarde sur les sentiments d’Hikaru, Umi et Fû qui sont de plus en plus liées par la belle amitié qui ne fait que grandir entre elles, mais on aperçoit une certaine forme de tendresse et d’attachement envers d’autres personnages, ce qui n’était pas vraiment le cas avant. Les personnages prennent alors toute leur ampleur, dans l’amour très jeune qu’elles vont commencer à ressentir. La cible de leurs émois sont manifestement plus âgés pour certains, mais surtout très différents. Et c’est tout aussi plaisant, de voir que les hommes et les princes charmants peuvent revêtir plusieurs visages selon les personnalités de chacune. Les filles sont séduites par de très différents personnages secondaires. Et pourtant, du haut de leurs quatorze années, leurs sentiments paraissent sincères et véritables. C’est d’autant plus surprenant qu’elles ne connaissent rien à l’amour. C’est la part un peu cliché et facile qui se cache dans le récit, rendant la lecture un peu assombrie par cette notion de sérieux et de profondeur pour une émotion qui n’est qu’adolescentes. A moins que le scénario n’ait décidé de nous faire vivre la chose que par les yeux des filles, qui bien évidemment ont l’impression que cela va durer à jamais, comme toute enfant de cet âge. Ce qui serait plausible, mais un peu étrange. Il ne ressort pas suffisamment la gêne, l’hésitation mais finalement la passion aveugle des premiers émois.