Magic Knight Rayheart

Un début des plus difficiles

 
 
Trois adolescentes qui disparaissent de Tokyo pour arriver dans un monde parallèle nommé Cephiro, des pouvoirs qui leur tombent dessus sans crier gare, mais surtout le destin d’un univers sur leurs épaules. Les jeunes filles débarquent dans un environnement inconnu et totalement changeant, avec de nouvelles règles. Et elles doivent apprendre à se débrouiller comme ça, avec pas grand-chose. Et on n’en sait pas beaucoup plus ! La narration part immédiatement dans tous les sens, entre les trois filles qui répètent toujours la même chose, posent des questions dont les réponses sont données furtivement sans explication et les monstres qui déboulent de partout, on a du mal à suivre. Tout arrive exceptionnellement rapidement. On n’a aucune clarification véritable. Même les héroïnes ne sont plus tout à fait sûres de comprendre ce qu’il se passe. C’est confus et elles doivent impérativement se mettre au combat, sans plus d’explications ou d’attente. Les choses paraissent trop évidentes pour les CLAMP, et pas assez pour nous. Aucune réflexion n’est faite sur leur rôle de justicières ou de magical girls, la magie parait presque naturelle, leur mission également et c’est très rapidement, trop sans doute, que tout cela se met difficilement en place. Le scénario parait tiré par les cheveux, on ne sait absolument pas où l’on se dirige ni pourquoi, et seul le principe de base de jeunes filles sauvant le monde soutient le récit. Tout se base là-dessus et on ne semble plus rien pouvoir accepter d’autre. C’est évident, point. La discussion, les interrogations n’ont pas leur place dans la première trilogie de la série. Le premier tome, surtout, a du mal à accepter l’idée que le lecteur ne comprenne pas pourquoi, ne s’attache pas à l’univers et au destin de Cephiro.
 
 
  
 
 
Le début de la série n’est clairement pas positif. C’est bancal, difficilement lisible, précipité de tous les côtés ou alors trop lent dans certains passages explicatifs qui ne le sont pas vraiment... Le premier tome s’annonce ardu à comprendre pour ceux qui aborderaient le manga avec nonchalance, et l’on doit se concentrer pour retenir tous les protagonistes. Sans aucune explication sur leur rôle ni sur leur importance. De plus, les CLAMP ajoutent de nouvelles données à ce monde au fur et à mesure, entre les différentes races, le fonctionnement de la magie, les monstres, les minéraux présents sur cette planète, les règles de certains lieux... tout semble inventé au fur et à mesure. Et au final, on ne retient pas grand-chose des premiers tomes si ce n’est la maladresse qui y est omniprésente, les dizaines de pistes qui sont à peine nommées, ainsi que des héroïnes à l’aspect stéréotypé et aux pouvoirs incertains. La conclusion de ces trois tomes est tout aussi rapide, avec un aspect assez bâclé sur les sentiments de la princesse Emeraude et de Zagat. Il est assez difficile d’accepter que des choses simples soient répétées à de nombreuses reprises alors que les explications que l’on attend ne viennent pas. Comme si les CLAMP n’étaient elles-mêmes pas certaines du développement de leur univers. Pourtant, les connaissant, c’est impossible. Et heureusement cela s’améliore avec la seconde trilogie, et de manière significative. Comme si les trois premiers tomes étaient faits pour les enfants et les trois derniers pour des lecteurs adultes.

Un point des plus marquants reste l’acquisition de leur pouvoir. Les jeunes filles vont rencontrer les démons de la légende. Elles se battent contre lui pour sauver leurs amies, et finissent par le soumettre. Ainsi, de manière très linéaire et peu originale au point où certaines phrases sont presque identiques, nos trois magic knight agrandissent leur foi, leur pouvoir et par là leur magie. Elles sont alors enfin prêtes à affronter n’importe quel ennemi, après que chacune ait livré son propre combat afin de prouver sa valeur. Ce qui est premièrement très cliché, deuxièmement totalement mal à propos puisque les adolescentes étaient supposées sauver le monde et non se battre pour le combat. Toujours est-il que dans les débuts de la série, le manga prend la route maladroite d’un scénario très linéaire qui prend le dessus sur la lecture et nous impose une certaine déception, tant le potentiel était là si le début. En bref, la naissance de la série se fait avec quelques difficultés. C’est un univers compliqué et riche que Cephiro, et les mangakas ne prennent pas le temps de nous l’expliquer correctement. Elles rajoutent des informations bien trop souvent et rapidement, avant de ne plus rien avoir pendant un temps. Elles agissent comme si le concept de base qu’elles ont mis du temps à élaborer, dessiner, créer, était déjà acquis de tous. On se sent alors presqu’idiots à ne pas savoir, à se retrouver perdu et hésitant. Comme on est en droit de l’être lorsque tout nous est jeté en pâture sans plus de cérémonie.