Loveless - Actualité manga
Dossier manga - Loveless
Lecteurs
19/20

Au final, un monde de bisounours?

 
Comme on l’a vu précédemment, les méchants ont un peu de mal à s’imposer dans ce manga, si bien qu’il n’y a pas de réelle opposition … Les sept lunes se montrent bien plus humaines et neutres que prévu, tandis que Seimei n’est pas véritablement vil, juste un peu étrange et joueur… On croit pourtant trouver, dans les envoyés tels que les couples Zero, de réelles représentations contrastées mais … non. Même eux se font attendrissants. Pourtant, il reste longtemps un voile de mystère sur ces dits personnages, notamment autour de Seimei. Le secret de sa mort pèsera rapidement sur les esprits, même avec cette quasi-certitude que l’assassinat n’est pas réel, les pistes d’exploitation se raréfient. Car non seulement il n’est pas mort (on s’en doutait légèrement …), mais il semble en plus tout diriger dans un schéma qui se met peu à peu en forme, sans imposer son charisme avec pertinence et retenue. Tout cela reste cependant trop flou, et il est dommage que cette manipulation n’arrive qu’à un stade avancé de l’histoire, créant ainsi quelques effets de vide dans une série quelque peu inégale sur les détails. Très sûr de lui, Seimei manipule tout le monde pour parvenir à ses fins, totalement obscures. Cela donne un coup de dynamisme au manga, qui se réveille un peu en cours de route. Enfin, une trame de fond, et une figure à craindre, autre les gentilles Sept Lunes qui n’ont au final rien de bien effrayant … On les apprécie toujours autant, surtout parce que cette organisation, qui s’impose au début comme une source de réponses, est loin de tout savoir. Pourtant, eux ne sont pas tout à fait assez vils pour endosser le rôle clé de l’histoire, faisant face à Ritsuka et Sobi. Ils vont d’ailleurs se retrouver rapidement du même côté …

Ne pas distinguer réellement cette frontière entre le bien et le mal dans les intentions des protagonistes est évidemment une grande qualité dans le manga, qui se targue ainsi de se défaire de tout manichéisme … et malheureusement, de tout mystère. Un silence profond nous revient de la part de l’auteur sur les principales questions que l’on se pose, et c’est avec des combats et beaucoup de psychologie qu’elle évite de prendre ses responsabilités et de délier une véritable intrigue … Pire, quand elle se résout à le faire, le résultat est maladroit, beaucoup moins consistant et dénué de la tendresse extrême des sentiments des premiers tomes. Les combats et l’humour au quotidien sont de mises dans ce titre, qui voit aussi évoluer la psychologie de ses personnages. Au final, ce manque de sérieux dans l’opposition malgré l’importance des combats n’est-elle pas préjudiciable au manga ? Cela lui confère certes une ambiance toute particulière, mais qui manque un peu de charme. Surtout qu’à côté de cela, il y a une véritable glorification des scènes quotidiennes. Ritsuka ayant perdu la mémoire, l’auteur se plait à lui inventer de nouveaux souvenirs, tout cela essentiellement grâce à ses nouveaux camarades de classe … On découvre alors tour à tour la naïveté et la simplicité de Yuiko, mais aussi du professeur de Ritsuka. Ces deux figures féminines à peu près normales dans le manga apportent une bonne dose de fraicheur, tout comme la bonne humeur jalouse de Yayoi et l’attitude possessive de Kio … Bref, un panel de personnages secondaires qui se prend au jeu de l’instant présent, rendant à Ritsuka son véritable âge, loin de ses soucis familiaux. Les bonus en fin de tomes sont souvent source d’une rafraichissante alternative au sérieux habituel de la narration, dans une attitude mignonne et attendrissante, où les acteurs sont tous insouciants. C’est d’ailleurs l’image que l’on se fait d’eux, dans un autre contexte, ce qui leur convient très bien … Mais est-ce véritablement l’esprit du manga ?

Au-delà de cet aspect calme et pacifique, malgré les combats (les blessures sont de moindre importance, la plupart du temps), on ne peut négliger un aspect assez important du manga, qui n’est pas aussi léger qu’il ne le laisse paraitre. Déjà, si les combats par les mots ne font pas véritablement mal physiquement, on sent que les sacrifices sont soumis à une pression gigantesque qui les blesse moralement, tant il est dur d’endurer la souffrance pour protéger l’autre et se conduire à la victoire. Ainsi, ce n’est pas seulement le combattant qui importe dans un affrontement, et le sacrifice souffre beaucoup plus … rien que par son nom. De plus, Sobi a un côté masochiste assez impressionnant … qui peut parfois choquer. Le récit est alors souvent sombre, parfois glauque, avec des tendances de soumissions, de blessures volontaires (physiques ou morales), et tout cela nous plonge dans un bien autre monde que celui des bisounours ! On est alors bien loin du shôjo/shônen-ai fantastique et joyeux, bien au contraire, même si des personnages comme Yuiko, Yayoi ou Kio apportent une touche de légèreté. Il n’y a qu’à voir la force de caractère qu’un garçon de douze ans a développé face à une mère psychotique et agressive, avec quelle maturité d’esprit il prend cette difficile réalité au quotidien, en plus du sentiment de culpabilité étant donné qu’il sait que c’est sa perte de mémoire qui en est la cause. Lourde responsabilité psychique, et on s’étonne presque de ne pas trouver un Ritsuka plus dérangé que cela, par moments. Il doit de plus accepter et supporter les demandes de son combattants, s’habituer à son besoin d’autorité. Vers la fin du manga, de plus, on perd beaucoup dans la dimension tendre des relations entre personnages : plus vraiment de compréhension en un regard, moins de connivence … Dans ces derniers volumes, c’était la seule principale qualité du manga, qui va jusqu’à perdre cet aspect de romance. On ne sait plus pourquoi les paires d’attaquants et de sacrifiés se battent ni dans quel but ils défendent des valeurs qui nous semblent bien lointaines … Ce qui nous éloigne encore du monde parfait où tout resterait dans l’amour et la tendresse …
   
  
   
   

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Commentaires

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manga78

De manga78 [2146 Pts], le 02 Octobre 2010 à 13h36

Très bon dossier, qui m'a donné envie de me replonger dans le manga ^^

Gabi2109

De Gabi2109 [176 Pts], le 01 Octobre 2010 à 22h24

Après ce dossier sa me donne envie de lire ce manga. Merci de faire des dossiers d'aussi bonne qualitée!

Zyukkyu

De Zyukkyu, le 28 Septembre 2010 à 09h13

17/20

Merci pour les infos! Ca me permettra de retrouver ses manga V.O. (en occase)

Bien que grand amateur de "Hokuto no Ken" et "Berserk", je conseille vivement Earthian & Gestalt en version Américaine. La langue de Shakespeare s'avère plus lirique et mieux adaptée à ce genre d'histoire et à ce genre de manga en général.

lenalee34750

De lenalee34750, le 26 Septembre 2010 à 00h26

20/20

Tu as parfaitement résumer mes pensées ! Mis à part peu être pour le dessin, que je trouve, même après le 9ème tome, toujours aussi soigner et justement dosé. Effectivement, comme beaucoup de lecteurs à mon avis le penses, ce manga reste assez "trouble", et on à parfois l'impression qu'il se disperse quelque peu... Mais bon, peut être que tout ça va nous amener à un véritable final, et une suite d'aventure pleine de rebondissement. Espérons... Dans tous les cas, c'est toujours avec autant de plaisir que je lis loveless.

misae

De misae [1083 Pts], le 25 Septembre 2010 à 18h29

Il aurait fallu mentionner que l'auteur s'était occupée du chara-design de la série Gundam 00.

OscarFrancois

De OscarFrancois [111 Pts], le 25 Septembre 2010 à 16h16

20/20

Félicitations pour ton article, Nid !

Encore une fois, je suis d'accord avec toi (tu as TOUJOURS raison, owi !!)

Pour répondre à une des questions que tu poses (par rapport à cette ambiance poétique qui s'efface un peu, au fil des tomes) :

"Au final, ce manque de sérieux dans l’opposition malgré l’importance des combats n’est-elle pas préjudiciable au manga ?"

C'est vrai que plus on avance et plus (contrairement à ce "qu'il devrait se faire") on nage en plein brouillard. Les 7 Lunes, les combats... tout semble devenir prétexte à... A quoi ? On suit les persos dans leur vie quotidienne, au point d'oublier la "trame principale"

Mais justement, quelle est-elle, au juste ? Seimei est plus joueur que vilain; le gang lunaire aussi... J'apprécie cette absence de manichéisme, mais trouve qu'il y a trop de flou^^

Et enfin, petite exclamation... pourquoi Ristuka est-il si jeune ? On veut nous faire croire qu'il n'a que 12 ans, alors qu'il raisonne comme un trentenaire ! C'est comme Ciel, de Black butler : faudra qu'on m'explique pourquoi certain(e)s auteur(e)s aiment foutre des pré-pubères dans les bras de grands fous (Sôbi est comblétement maso, et Sebastian n'est même pas humain, lol !)

N'ayant aucun penchant shota, j'apprécie moyennement ce genre de suggestions... bien sûr, on ne dit pas clairement ce qu'il se trame entre Sôbi et Ritsu, mais on montre assez pour laisser imaginer... (des trucs !)

Je continue tout de même à suivre cette série, malgré les faiblesses (scénaristiques et graphiques) des derniers tomes^^

C'était Oscar, le pavé @_@ (oh là là !)

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