Love Junkies - Actualité manga
Dossier manga - Love Junkies
Lecteurs
17.50/20

Grivoiseries incontrôlées


Cette partie de Love Junkies correspond au volume 1 à 8. Ainsi que cela a été expliqué plus haut, l’histoire se met lentement en route, presque à tâtons. Elle verra Eitarô rencontrer nombre de jeunes filles fort bien pourvues (à quelques exceptions près) alors qu’il est officiellement engagé avec Emu. Ce qui est frappant, c’est le manque total d’emprise du personnage principal sur l’enchaînement des évènements. A cela s’ajoute l’intervention récurrente de « Gauleman », petit personnage noir sensé représenter la personnification de ses pulsions, mais qui sert aussi occasionnellement de « voix off ».

Car bien qu’Eitarô soit impliqué sans cesse dans de nouvelles situations incongrues, son manque évident de volonté à résister confère à cette première partie un ton léger, humoristique, bien que quelque peu décousu et « immoral ». Personne ne semble d’ailleurs croire à ses remords, lesquels semblent, en tous cas, bien éphémères….En plus clair, dès que « Gauleman » se réveille, Eitarô se trouve plongé quoiqu’il arrive au cœur d’une situation frivole. Bien évidemment, les infidélités à répétition du héros n’auraient conféré aucune crédibilité au récit si elles n’étaient pas suivies des conséquences logiques en pareilles occasions.

Et c’est là que la première césure très nette avec un manga érotique insipide se fait.


  
  

Kyo Hatsuki a voulu développer une histoire, un scénario basé sur une comédie romantique. Aussi, après s’être amusée à affubler Eitarô de nombres de conquêtes, elle ne va pas se priver pour lui administrer un juste retour de bâton. Le jeune homme va être ainsi pris entre plusieurs feux sans pouvoir ni savoir gérer cette relation de crise extrême. Son manque de courage fera qu’il en sortira d’ailleurs grand perdant. Fait relativement rare, l’auteur semble de temps à autre jeter son personnage principal en pâture à son lectorat, lequel ne peut que réprouver son comportement…

Mais cette mauvaise expérience permettra la transition vers la seconde période du manga et la maturation certaine (mais pas complète) du personnage.

Heureux hasard également, cela correspond avec une amélioration de la patte graphique de Kyo Hatsuki (dont une des qualités serait de pouvoir dessiner très rapidement) passant d’un niveau bon à excellent.

On notera tout particulièrement la variété à laquelle s’astreint l’auteur en ce qui concerne les tenues vestimentaires et les coiffures des personnages féminins, le tout mis en musique dans un Tokyo d’aujourd’hui (plusieurs endroits sont facilement identifiables comme le Tokyo Big Sight ou l’« entrée » du Kabukichô, quartier des plaisirs, pour ne citer que quelques exemples) où Internet et surtout le téléphone portable ont une importance majeure. Kyo Hatsuki prend également soin du fonds des cases de ses planches par un recours très soutenu, mais jamais surabondant au tramage, et n’hésite pas à détailler les plans extérieurs, préalablement repérés de visu comme tout bon mangaka qui se respecte.

Par ailleurs, d’un point de vue découpage et mise en scène l’évolution sera un peu moins notable, restant dans les standards convenus.

Cette partie transitoire du manga dont il est question, et matérialisée par la quadruplette des volumes 9 à 12, va donc marquer un tournant scénaristique majeur qui va en décupler l’intérêt.

En effet, Eitarô, marqué par ses erreurs passées, va changer de comportement ; ou plutôt Kyo Hatsuki va se décider à le rendre maître de ses choix en ce qui concerne ses relations avec les filles. La conclusion qui se dégage pour le héros au terme des 12 premiers volumes, c’est que s’adonner au plaisir sexuel sans lendemain est chose relativement aisée ( ! !), s’opposant de façon catégorique à la gestion d’une vraie relation amoureuse, avec tout le panel de sentiments qui l’on peut ressentir et avec qui il faut savoir composer.

C’est également au niveau du ton et de l’atmosphère que tout change. Kyo Hatsuki sait installer le lecteur dans un décor de banquise, ou « Gauleman » se fait plus que discret et/ou Eitarô est mis crûment face à ses responsabilités. Bien évidemment, finis les frivolités quand les cœurs se brisent. C’est une grande force du manga que de savoir varier les ambiances : du drolatique-cocasse-incongru, on passe sans difficulté et avec intérêt à la tristesse et au suspens.


     
   

© KYO HATSUKI 1999-2009 (Akitashoten Japan)

Commentaires

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Chenillegrise

De Chenillegrise, le 01 Février 2015 à 01h17

13/20

Les graphismes sont de plus en plus beaux au fil des tomes, dommage qu'il n'en soit pas de même avec l'histoire. (Le dernier tome est vraiment baclé à ce niveau-là...) Les personnages secondaires sont plus intéressant que le héro, qui semble reculer davantage à chaque pas en avant qu'il tente de faire. J'attendais trop une fin réaliste, mais c'est à la limite du Disney ! Avec du cul en plus; quoi que le dernier tome qui m'a tant déçue n'en compte très peu si ce n'est pas du tout. Mes personnages préférés ont été massacré ou ignoré dans l'intérêt d'Eitaro. Difficile d'apprécier une histoire quand on n'accroche pas au héro ! Je tiens à souligner à nouveau la beauté des dessins, sans ça j'aurais arrêté avant la fin, ou alors j'aurais regretté encore plus ma naïveté, d'espérer que le héro grandisse, passe à autre chose, soit cohérent...

(je reposte pour ajouter la note, qui s'était enlever...)

erotaku

De erotaku, le 09 Octobre 2013 à 23h48

j'ai tout les tomes de ce manga j'ai adoré

jay

De jay, le 01 Mai 2010 à 00h46

ce manga est vraiment super, je ne pensais pas pouvoir trouver de la tristesse dans un ecchi-hentai et pourtant Eitaro lui meme nous fait de la peine avec des choix vraiment stupides qui entraine la disparition de personnages vraiment importants pour lui et pour nous...

Kyu

De Kyu, le 30 Décembre 2008 à 12h43

20/20

Le graph est indéniablement bon mais est inutile sans histoire qui tient debout.
De ce côté, ca devient donc une bonne surprise après 10 volumes et confirme la teneur de ce dossier. L'auteure a trouvé son fil conducteur.
Par contre, le début plombe un peu le titre pour le faire découvrir à un lectorat plus ouvert....

LJM

De LJM, le 08 Juillet 2008 à 07h25

20/20

Il est réel.
Hatsuki va vraiment développer ses personnages en profondeur. De plus, le personnage principal n'aura absolument plus rien du héros de manga coquin a qui tout réussi, à commencer par les filles. Eitarô va commettre de terribles erreurs et se mangera des sévères gamelles en retour. Bref, ce qui est excellent, c'est que ce manga colle assez bien à la réalité finalement. Et Hatsuki a un très net penchant pour les histoires d'amour qui finissent mal.........

le nuage

De le nuage, le 24 Juin 2008 à 09h36

Bon dossier.
C'est vrai que j'ai vite décroché (tome 4) tant le comportement du héros était insuportable.
Mais si il y a un réel changement de ce coté là, je m'y remettrai peut être;

Tetsuo kun

De Tetsuo kun, le 06 Mai 2008 à 11h26

Article intéressant. Je suis plus fan de comédies sentimentales traditionnelles mais ca donne envie d'aller voir.

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