Le Goût du Kimchi - Actualité manga
Dossier manga - Le Goût du Kimchi
Lecteurs
18/20

Des liens générationnels entre dureté et plaisirs simples et humains


On constate que le portrait familial que l'auteur effectue à travers Madang est donc très tiraillé entre des choses positives comme le bébé et des événements plus tristes et pathétiques autour de ses parents. On peut même dire que la vision que l'artiste nous offre est empreinte d'une certaine amertume concernant certaines éléments, à commencer par la comportement de son père, autrefois violent, aujourd'hui alcoolique.

Il en résulte un récit qui est pris entre deux ambiances qui finissent par se mêler au fil des événements et des pensées racontés par Madang (donc par l'auteur) lui-même. Celui-ci fait part de ses nombreux états d'âme, de ses souvenirs, de ses regrets, de ses problèmes. Il y a notamment en lui la naissance d'une peur de finir un jour en mauvaise santé dans un lit d'hôpital comme sa mère, ou encore les souvenirs où s'accumule la mélancolie de l'époque où lui et son frère, encore enfants, mangeaient les bons plats d'une maman alors dans la force de l'âge et pleine de vie. Si bien que l'on ressent souvent très bien tout ce qui peut animer Madang intérieurement, tant c'est tout à fait humain et tout le monde passe par là.

Mais au-delà de l'affrontement entre les générations et des différents soucis, Le Goût du Kimchi dresse pourtant une forme positive. Car au-delà de la dureté, il y a des scènes de joie (passées ou présentes) qui sont nombreuses, et ce que Hong Yeon-Sik met avant tout en valeur est alors le rapprochement des trois générations, avec par exemple le bébé qui saura mettre du baume au coeur de sa grand-mère.





Les liens générationnels sont toutefois surtout véhiculés à travers un thème omniprésent : la cuisine. Celle des souvenirs, que la mère de Madang lui faisait quand il était petit. Et celle du présent, une cuisine qu'à son tour Madang pourra chercher à perpétuer comme un héritage de sa mère. La cuisine est ici en quelque sorte le liant permettant de réunir les générations et d'adoucir un quotidien parfois dur.


Une autre vision de la société coréenne


En filigranes, Le Goût du Kimchi reste une oeuvre également intéressant en ceci qu'elle s'encre dans une réalité que Hong Yeon-Sik semble avoir bien connue et qui s'éloigne pas mal des images de cartes postales sur la Corée du Sud. L'auteur dépeint tout simplement une Corée réelle, celle des petites gens, avec ce que cela peut impliquer de soucis.

Il y a tout d'abord les ennuis financiers liés à la situation professionnelle précaire de Madang : son travail de dessinateur de BD permet tout juste à son couple de subvenir à ses besoins, et les soins qu'il se doit d'apporter à ses parents deviennent rapidement un problème économique dans une société qui ne fournit pas vraiment d'aides.

Mais il y a également l'évocation de la vie qu'ont mené les parents du personnage principal et donc ceux de l'auteur : une vie passée d'un bout à l'autre dans les quartiers miséreux de Séoul, sans vraiment pouvoir en sortir, avec ce que ça a pu impliquer, à savoir les efforts d'une mère envers ses enfants avant que les problèmes de santé ne la rattrapent dans sa vieillesse, et la chute beaucoup plus rapide d'un père entre la violence d'avant et l'alcoolisme d'aujourd'hui.





Hong, enfin, laisse planer au fil des pages des problèmes liés à l'immobilier, à son logement, et pour  en parler, rien de mieux que de citer ce que l'auteur nous a confié lorsque nous l'avons interviewé en 2016 : "Dans la société coréenne, quand on n'est pas riche et qu'on veut vivre à la campagne, on n'a pas le choix, on doit habiter dans une maison à rénover, que ce soit une ancienne usine ou une ancienne ferme par exemple. Si on veut rénover ces endroits, il faut obtenir l'autorisation de la mairie, sinon c'est souvent illégal. N'ayant pas suffisamment de moyens actuellement et étant dans une situation un peu compliquée, pour l'instant je reste encore écarté de la campagne pour rester proche de la ville."
  
  
  


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Commentaires

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nolhane

De nolhane [6594 Pts], le 06 Mai 2017 à 23h24

18/20

Merci pour ce très intéressant dossier! :)

Sarbacanne est décidément une maison d'édition faisant du très bon travail

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