La Vie de Bouddha - Actualité manga
Dossier manga - La Vie de Bouddha
Lecteurs
19/20

La description d’un saint homme



Les origines de Bouddha, une narration évolutive


Avant de se faire appeler Bouddha, Siddharta était le prince héritier du royaume du Kapilavastu Malgré sa stature qui lui permettait de ne pas s’attarder sur les besoins du peuple, il va très vite s’indigner devant tant de misère. Il va surtout s’insurger lorsque pour des raisons d’avarice, les uns font du mal aux autres. C’est le cas des guerres et des invasions, où un royaume va piller et détruire un autre royaume, seulement pour s’accaparer son autorité.

Sur les huit gros tomes de l’édition française, l’auteur dépeint avec soin ce qui amène Bouddha à se comporter de telle ou telle manière. Il est même absent du premier tome, pour mieux introduire des personnages avec qui il interagira par la suite. Tezuka prend le temps nécessaire pour bien présenter les évènements marquants de la vie de Bouddha, et ainsi permettre au lecteur de mieux saisir la force de son engagement, de sa cause.

La narration est très souvent l’une des qualités qu’on attribut à Osamu Tezuka. Pourtant, lorsque l’on commence à le lire, notamment via des travaux de jeunesse, on a du mal à saisir son potentiel sur ce domaine. Ses mangas datent des années 1940 à 1980, et le découpage de la plupart de ses bandes dessinées peut paraitre daté. Avec Bouddha, on comprend plus facilement cette renommée : malgré les changements de ton intempestifs (un gag pouvant venir interrompre un moment dramatique), malgré le découpage qui alterne entre  grands focus sur certaines scènes et passages rapides sur d’autres, on s’aperçoit que tout tient debout, et qu’au final, Tezuka est parvenu à raconter les bons éléments au bon moment. Le rythme est proche de la perfection, on apprécie la consistance de certains passages et on ne s’ennuie jamais. Le fait que Bouddha naisse seulement au second tome, le fait que son nom de Bouddha ne lui soit attribué qu’au milieu du manga montre que Tezuka prend à cœur de décrire la vie de Bouddha dans son intégralité. Il y consacre une certaine quantité de pages et ne fait l’impasse sur aucun fait susceptible de faire basculer son histoire.

Même s’il est décrit comme un élu, c’est la compréhension du monde, par étapes, qui a permis à Bouddha de devenir ce qu’il est. En ce sens, la narration de Tezuka est parfaite.




Apprendre des autres, les personnages secondaires


Il y a Bouddha, le personnage principal, mais il y a les autres aussi. Que serait Bouddha sans les personnes qu’il rencontre ? Bouddha observe avant d’agir. Il essaie de comprendre les maux qui rongent l’autre, que ce soit un paria vengeur ou un prince sanguinaire. Et sa constatation est sans appel : le monde souffre parce que l’être humain a le pouvoir de faire mal à l’autre et de créer des rancœurs tenaces, trans-générationnelles.

La galerie de personnages qui intervient dans le manga est assez large. Bouddha aura à faire aux princes des différents royaumes et à leurs tourments. Il rencontrera aussi des populations entières, des sages, des parias, et même les animaux exercent une sorte de communication avec lui. Tezuka fait tourner l’univers du manga autour de Bouddha, mais ce dernier n’est intéressant que parce qu’il n’est pas seul. D’ailleurs, des pans entiers du manga se déroulent sans lui, en se focalisant sur des protagonistes secondaires.



Un personnage universel


Au final, Bouddha est décrit comme un homme bon. Il est d’ailleurs très humain : il possède des failles lui aussi, des doutes, il se remet constamment en question et admire certains semblables humains, qui selon lui se montrent vaillants dans la souffrance. Bouddha est donc une figure universelle, un héros par excellence.

Le personnage de Bouddha a le mérite d’adapter à la fois le besoin de décrire un prophète religieux et un personnage d’un manga « d’aventure » (si on considère le contexte indien et antique, ainsi que l’importance accordé aux thèmes du voyage, de la rencontre et de l’affrontement). Sa force de caractère est sans limite, et il survole le monde qui l’entoure. Nous, lecteurs, n’oublions donc pas qui il est à l’origine. Pourtant, le dessin de Tezuka, sa narration, permettent de le rendre aussi proche des lecteurs que le media bande dessinée peut le faire. Ni le manga, ni la description du personnage, le dressage de son portrait psychologique, ne sont austères. Chez Tezuka, Bouddha est un pur héros de manga, fidèle à sa figure d’origine, mais romancé de telle manière à ne pas tomber dans le piège de faire de la série un manga prosélyte.



  
  
  

© 2007 by TEZUKA PRODUCTIONS

Commentaires

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nolhane

De nolhane [6594 Pts], le 20 Novembre 2015 à 01h14

19/20

Merci pour ce trèsinteressant dossier qui confirme mon envie de lire La vie de Boudda! :D

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