Kahori Onozucca - Actualité manga
Dossier manga - Kahori Onozucca
Lecteurs
20/20

L’auteur





Kahori Onozucca (小野塚カホリ) est née le 2 octobre 1962 au Japon. Elle a commencé sa carrière à l’âge de seize ans, dans une revue pour mangas d’horreur. Sa carrière a réellement débuté avec la revue érotique Elle Teen Comics, qui lui propose de publier ses propres histoires. C’est avec les éditions Shodensha qu’elle se lance dans le boy’s love, genre dans lequel l’éditeur lui laisse beaucoup de liberté. Très prolifique, elle est devenue une auteure phare du manga pour femme. Son trait franc et dur l’amène à dessiner avec audace et sans retenue les relations intimes entre ses personnages, ce qui pourrait rebuter certains lecteurs. Mais la mangaka sait également mettre en avant les sentiments. Ainsi, ses récits sont des témoignages parfois bien réalistes, de femmes et d’hommes perdus dans le tourbillon des désirs et des pulsions humains. A ce jour, seuls quatre recueils de la mangaka sont parus en France, avec Anneaux d’alliance en 2006 (chez Milan), Nico Says 2007, Amours félines (dans lequel Kahori Onozucca met en dessin les scénarios de Rika Harada) et Jornada en 2008 (aux éditions Delcourt).
     

    
     
Anneaux d’alliance est le recueil le plus romancé de l’auteur sorti en France, tandis que l’année suivante, c’est Nico Says qui prend le relais, étant sa publication la plus dure et osée dans notre pays. Ne serait-ce que par l’illustration de la première de couverture, l’on voit dès le premier coup d’œil la délicatesse du premier, et le caractère presque obscène du second. Toutefois, il est utile de préciser que même si la sexualité est abordée de manière très ouverte (aussi bien dans Nico Says, Jornada et Amours félines), les scènes présentées sont mesurées, et l’on n’assiste à aucun moment à un enchaînement absurde d’épisodes érotiques.
  
La particularité des publications de Kahori Onozucca tient en la longueur des histoires : en effet, elle n’écrit que des courts récits, qui sont ensuite rassemblées dans un même recueil. De ce fait, elle donne vie à une multitude de personnages et d’univers plus ou moins différents, ce qui donne une richesse certaine à son œuvre. Lors d’une interview pour les éditions Akata, la mangaka avoue qu’il est plus facile pour elle d’écrire des petits épisodes distincts l’un de l’autre, au lieu d’une série complète.
    
  
   

Un style décomplexé

    
    Bien que le dessin de Kahori Onozucca entre tout à fait dans les codes du josei, la façon de procéder de la mangaka n’en reste pas moins particulière. Elle a une façon bien à elle de mettre en avant les sentiments amoureux, la passion, la folie et les pulsions incontrôlées de ses personnages. Le regard de chaque homme et femme parle au lecteur, il n’est jamais vide. Bien au contraire, il dégage une certaine vie, une force qui donne de la crédibilité aux histoires parfois invraisemblables mais captivantes de l’auteur. Les cheveux des filles sont légers, ils flottent au grès de la bise, cachant ainsi parfois une partie de leur visage, ce qui les rend encore plus sexy qu’elles ne l’étaient au départ. Les ébats amoureux les décoiffent, et les renvoient à leur état primitif, en l’animal indompté qu’elles sont au départ, avant toute socialisation. De même, les hommes sont ainsi mis en avant. Les fluides corporels surgissent parfois, nous prenant par surprise, et à d’autre moment, arrivent avec délicatesse et beauté. Le désir que l’on peut lire dans le regard des personnages, l’envie naturelle de l’autre, sont des aspects de Kahori Onozucca que l’on apprécie dès notre première lecture. La liberté que prend la mangaka à aborder des sujets parfois tabous, tus, ou difficiles à mettre en forme, fait de notre lecture un pur moment de plaisir. L’on frissonne à observer la perversion de certains, l’attirance d’autres, ou encore, les envies irrépressibles enfin dévoilées au grand jour. L’amour, avec tout ce qu’il implique, comme l’attirance physique, l’envie de l’autre, la jalousie, la passion débordante, mais aussi les interrogations, l’incompréhension, la souffrance ; les pulsions inexpliquées, avec les difficultés qu’elles engendrent pour la personne et son entourage, les secrets que l’on doit précieusement garder pour soi, la peur du regard des autres, de son propre jugement parfois ; la dépréciation des autres ou de soi-même ; l’impossibilité de se relever de blessures qui ne parviennent pas à guérir ; Kahori Onozucca nous donne des pistes de réflexion, grâce auxquelles on se surprend à essayer de se mettre à la place de tel ou tel personnage, et au travers desquelles on se surprend parfois à ressentir de la sympathie pour le moins sage ou à essayer de justifier ses actes indécents.

Kahori Onozucca ne cache pas le sexe de l’homme. Il apparaît à plusieurs reprises, mais aucunement de façon vulgaire ou trop exposée. Il ne ferait, peut-être, que nous amener à une réalité proche de la nôtre. D’ailleurs, aussi pudique que l’on puisse être, le dessin de la mangaka ne nous pas, ou dans une moindre mesure. L’homme et la femme sont représentés sans artifice, ni la beauté, ni la laideur n’est mise en avant. Les personnages sont juste des hommes et des femmes normalement constitués, au travers desquels l’on pourrait reconnaître le plus commun des mortels. Les scènes de nu, osées parfois, ne cherchent pas à dégoûter ou à impressionner le lecteur, mais uniquement à montrer les actions de chacun, sans prétention aucune. Tous ces éléments, mais aussi, les dialogues pendant et en dehors de l’acte sexuel nous confortent dans l’idée selon laquelle la mangaka reste simple mais vraie, tout en montrant à tous une réalité qui lui est propre, grâce à un style simple mais efficace, au travers duquel une réalité semble se dégager parfois, malgré l’érotisme très présent, et le mystère qui englobe bien souvent certains personnages.

© Kahori ONOZUCCA - SHODENSHA Publishing CO., Ltd.

Commentaires

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LoveHina

De LoveHina [515 Pts], le 17 Mai 2012 à 22h26

Oh ça me fait plaisir :)
Il n'y a pas grand monde qui s'intéresse à ce genre de lecture. Et très peu de publications ont la chance de paraître en France :/

geoff

De geoff [1327 Pts], le 17 Avril 2012 à 23h26

20/20

Super dossier, merci pour la lecture ! Je voulais en apprendre un peu plus sur cette mangaka qui m'intrigué, et j'ai apprécié tomber sur ce dossier bien remplis.

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