Dossier manga - Jormungand
Lecteurs
16/20

La princesse des flingues et son putain de monde


Derrière cette sacrée galette de personnages un peu givrés mais au final diablement attachants, Jormungand expose aussi un univers où ça pétarde sec. Oui, c’est sacrément violent et oui, l’œuvre n’y va pas de main morte lorsqu’il s’agit d’aligner les cadavres. Cela dit, à la différence d’une série telle que Black Lagoon avec laquelle l’œuvre dont il est ici question partage, au premier abord, pas mal de points communs, ce qui nous est proposé ici arbore un côté nettement plus réaliste. C’est fait avec les limites du raisonnable, bien entendu, et il ne faut pas s’attendre à tomber sur quelque chose qui colle parfaitement à la réalité de notre monde. Mais, néanmoins, on est face à un univers crédible et, surtout, rudement bien en phase avec son temps.





Cette composante, on peut la voir de manière systématique dans ce qu’il se passe à l’écran. Pas de fusillades complètement démesurées qui démolissent une ville tout entière, pas de surhommes capables d’éviter les balles en sautillant comme des gazelles. Pas non plus de retournements de situation parfaitement improbables ou de personnages aux agissements aussi absurdes que leur look sorti tout droit du fripier du coin. C’est sobre, mais c’est loin d’être ennuyeux ou terne pour autant. Il y a juste ce qui fait d’irréalisme pour ne pas qu’il se remarque outre mesure, et suffisamment d’éléments sensibles traités avec justesse pour nous convaincre de la cohérence de l’ensemble. Et puis, à côté de ça, à plus d’une reprise la série évoque des évènements dont on a l’habitude d’entendre parler via les journaux, papiers ou télévisés. Citons, par exemple, le printemps arabe ou la situation problématique des Balkans, notamment. Histoire d’illustrer encore un peu plus cela, on notera dans l’arc mettant en scène cette dernière un personnage qui semble directement basé sur un certain Zeljko Raznatovic, l’un des plus puissants leaders des milices des Balkans jusqu’à sa mort en l’an 2000. Mais ce n’est là qu’un exemple parmi d’autre. Un autre, peut-être un peu plus amusant, est en lien avec un élément clé de l’intrigue. Aussi, si vous ne voulez pas vous faire assez fortement spoiler, il vous est préférable de passer directement au paragraphe suivant. Pour les autres, il est bien entendu question du fameux projet de Koko et de ce qu’a développé pour elle Minami, que l’on peut facilement lié avec une annonce toute récente (à l’heure où sont écrites ces lignes) concernant un partenariat entre l’une des plus grosses entreprises mondiales et l’une des plus célèbres administrations américaines. Bref, ce sont des petits éléments, mais qui contribuent à rendre l’ensemble d’autant plus plaisant.

Tout cela tend finalement à montrer que si la présentation des nombreux personnages de l’œuvre a de quoi faire sourire, le monde dans lequel ils évoluent laisse plutôt un goût amer en bouche. C’est aussi ça qui fait la force de Jormungand. D’un côté on se prend une bonne tranche de fou rire face au côté décalé de Koko ou de ses sbires, d’un autre on se prend une vilaine baffe face à la dureté à laquelle ils sont confrontés au cours de leurs différentes transactions. C’est aussi ça qui, en définitive, donne de la consistance à l’ensemble et qui permet aussi et surtout de faire ne serait-ce qu’un peu fonctionner notre esprit, nous invitant à nous poser quelques questions. Là encore, difficile de citer quelques exemples sans se montrer trop explicite mais le dernier « choix » auquel sera confronté Jonah au cours de la série en est une belle illustration. Que l’on soit clair, la série ne donne pas ou peu de réponse et ne cherche pas non plus à se montrer philosophique. Mais elle offre néanmoins une possibilité au spectateur de plonger un peu plus profondément dans les questions qu’elle pose. Mais ça, ce sera à lui et à lui seul de le faire. Comme un grand, il ne lui restera qu’à presser la détente, en somme.





Jormungand, c’est donc un monde violent parsemé de ripoux, d’hommes et de femmes parfois détestables, parfois improbables, mais, de façon générale, c’est aussi et surtout un monde qui possède une franche consistance. On y retrouve beaucoup de notre monde et, quand bien même il est triste de se dire que sa dézingue bel et bien aussi sec à quelques centaines, peut-être milliers de kilomètres de chez nous, les faits sont là. C’est appréciable. Rafraichissant aussi, finalement. Ce n’est certes pas parfait, peut-être de temps en temps un peu simple, mais mine de rien, plus d’une fois, la série ouvre une porte à la réflexion face à des faits bien ancrés dans la réalité. Comme quoi, non contente de se montrer diablement divertissante, l’œuvre du studio White Fox et de Keitaro Takahashi sait aussi se montrer intelligente tel notre putain de monde.
  
  
  

©White Fox/Shogakukan/Keitaro Takahashi

Commentaires

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xFairyStormx

De xFairyStormx [322 Pts], le 06 Octobre 2015 à 17h47

18/20

Cet animé est excellent ! On suit l'évoolution du groupe et surtout de Jonah. A voir.

titali

De titali [2269 Pts], le 02 Octobre 2015 à 20h35

Cela m'étonnerait... The arms peddler se situe clairement dans la dark fantasy, le western et à une époque moyen-âgeuse, tandis que Jormungand se veut réaliste et lié à notre époque... La seule chose qui les relie, ce sont les armes. Et encore... The arms peddler donne l'apparence que Garami est une vendeuse d'armes mais, pour le reste, la série ne s'intéresse pas en tant que tel à la thématique de la vente d'armes. Ce qui est tout le contraire de Jormungand. Mais merci quand même de ton commentaire très instructif... 

Weregeist

De Weregeist [194 Pts], le 02 Octobre 2015 à 20h04

14/20

Cela n'a pas l'air mal même si pour moi ça ressemble trop à The Arms Peddler

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