Dossier Japan Expo 2013 - Deuxième partie - - Partie 2

Geeks, assemble !

Au fil des ans, on peut voir apparaître en France de plus en plus d'évènements s'écartant de la caution manga et japanimation pour se consacrer à la culture geek au sens général. On pensera par exemple à des conventions à échelle humaine comme les Geek Faëries ou le Lyon Geek Show, mais aussi à de nouvelles institutions professionnalisées comme Geekopolis en mai dernier. Cette évolution des mœurs s'est également ressenti au sein du Comic Con', qui fêtait cette année sa cinquième représentation (depuis la disparition du "Kultiverse"). Cette partie du salon se veut presque aussi vaste que son pendant nippon, disposant de ses propres invités, moments forts et autres expositions. Aussi faudrait-il réserver aujourd'hui au Comic Con' un reportage aussi conséquent que pour Japan Expo, mais nous serions alors rapidement hors de notre vocation première. Voici tout de même un tour d'horizon de ce festival jumelé, se distinguant de son aîné tout en conservant certains de ses traits de caractère.

Héros épiques

S'il y a encore deux ou trois ans, le Comic Con' était une simple annexe de Japan Expo, force est de constater qu'aujourd'hui, de nombreux visiteurs viennent essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, vers cette partie du festival. Et les nouveaux venus ont découvert pour l'occasion les habituels aléas de l'organisation. Malgré la présence d'une scène dédiée et l'invasion ponctuelle de la scène principale, certains furent ainsi lésés par un planning beaucoup trop chargé. L'exemple le plus flagrant fut l’enchaînement de la conférence des acteurs de la série Noob et de la masterclass de Mark Gatiss, scénariste de Dr Who. Certains visiteurs souhaitant assister au second évènement ont ainsi fait la queue pendant une heure et demi... pour au final se faire refuser l'entrée, les spectateurs déjà installés en scène principale ne voulant pas libérer leur place. Il en ressortit une vraie confusion et un mécontentement général plus que justifié, qui aurait pu être évité par un vidage de salle, mais il n'en fut rien.

Une fois encore, le festival privilégie les bons payeurs, preuve en est avec la Buffy Reunion, une convention dans la convention autour de la série télé éponyme, disposant de ses propres invités (Nicholas Brendon, Charisma Carpenter et Kristine Sutherland)... et de ses propres tarifs d'accès ! En effet, il fallait être prêt à mettre la main au porte-monnaie pour y assister: 79 euros pour un pass d'une journée et 199 pour les quatre jours (l'évènement en lui-même n'en durant que trois). Ce billet spécial comprenait : l'accès au Comic Con' en lui-même (encore heureux) et à la conférence dédiée; une dédicace et une photo avec l'un des acteurs au choix; un sac de cadeaux; et la possibilité, via un tirage au sort, de rencontrer les acteurs en petit comité pour un rendez-vous d'une demi-heure. Un happening à l'américaine donc, avec ses pratiques tarifées (et encore, les prix initiaux étaient beaucoup plus élevés) mais une organisation à la française, interdisant de prendre des photos ou de filmer, et à l'origine d'un des plus gros couacs du salon. En effet, les photos des fans posant avec les acteurs prévues dans le pack n'ont pas pu être toutes imprimées sur place, faute d'avoir prévu suffisamment d'encre. Et pour ceux qui ont pu repartir avec le précieux cliché, la qualité n'était pas forcément au rendez-vous. La SEFA a depuis mis en ligne les clichés en format numérique haute résolution, mais c'est une bien maigre consolation pour ceux qui auront cédé à l'investissement.

Mais à côté de ces scandales et de cette politique exclusive, le salon a tout de même proposé de véritables moments forts, en particulier autour de Hero Corp. Cette série française, diffusée en son temps sur France 4 et stoppée au vu d'audiences trop faibles, a pu renaître de ses cendres grâce au soutien de ses adeptes. Et cette mobilisation de fans s'est concrétisée sur le salon au travers de deux conférences. Simon Astier et toute l'équipe de la série (dont Alban Lenoir, Sébastien Lalanne, Arnaud Tsamère,...) ont ainsi fêté dignement le lancement prochain de la troisième saison, en réalisant l'intérêt du public français pour cet ovni télévisuel. L'émotion était particulièrement palpable en scène principale, marqué par le plus long "Pinaaaaage !" du monde, qui a déjà fait le tour du net. C'est pour ces moments-là que Comic Con' existe !

Outre des auteurs de renom côté littérature (R.A. Salvatore, à qui l'on doit plusieurs ouvrages sur Donjons & Dragons) ou côté comics (David Finch, auteur de Batman: The Dark Knight, Ultimate X-men, Avengers,...), le salon a une nouvelle fois attiré de nombreux visiteurs grâce à la présence de figures francophones du net à la notoriété grandissante. Bien sur, les webséries étaient une nouvelle fois à l'honneur, qu'il s'agisse des indéboulonnables Noob, Flander's Company ou le Visiteur du Futur. Mais cette année, l'absence du Joueur du Grenier, qui ne veut plus faire subir d'interminables heures d'attente à ses fans, aura été profitable à d'autres youtubers bien connus : LinksTheSun du Point Culture, Matthieu Sommet de Salut les Geeks et "Monsieur" Antoine Daniel de What the Cut. Habitués à des séances d'autographe plus tranquilles sur des stands annexes, ces trois réalisateurs ont été particulièrement exposés, au point d'être constamment submergés par la foule.

Hôtel des ventes

Tout comme Japan Expo, Comic Con' propose aujourd'hui un espace de vente professionnel avec ses propres produits dédiés à la culture geek. Différents éditeurs daignent même faire le déplacement, comme Bragelonne-Milady ou encore les Editions de l'homme sans nom côté littérature, sans oublier de nombreuses enseignes proposant du jeu de plateau. Et bien sur, nous n'oublierons pas Ankama et son stand immense à la frontière de tous les mondes. Outre de nombreux auteurs en dédicaces, l'éditeur roubaisien proposait différentes expositions de ses titres phares, dont City Hall, Freaks' Squeele et Radiant, leur nouveau hit en devenir.

Notons également la présence assez marquante du Dernier bar avant la fin du monde, avec un stand imposant proposant des rafraîchissements de rigueur, mais aussi certains produits exclusifs. Le site de rencontres Geekmemore a également mis les bouchées doubles cette année avec un imposant espace de speed-dating, souvent bien rempli. Pour le reste, la zone commerciale ressemblait fort à son pendant dans le hall d'à-coté, avec ses figurines, ses tee-shirts, ses cartes de collection et autres accessoires dérivés de licences populaires. Il arrivait même que l'on puisse retrouver certains articles d'un côté comme de l'autre, voire certains stands qui ont joué la carte de l'ubiquité. Preuve en est une fois encore que les frontières de la geekitude sont encore bien floues...

Expositions

Comme on pouvait raisonnablement s'y attendre, la convention disposait également de ses propres expositions. Nous nous sommes notamment arrêtés quelques temps sur l'hommage rendu à la série XIII. Galerie d'image, ouvrages en lecture, fiches explicatives sur l'historique de la BD, présentation des personnages et mise en avant de quelques articles rares comme des figurines,... cet espace ne manquait pas d'une certaine ambiance, rendu par son cloisonnement lui conférant un certain calme.

Non loin de là, une autre bande-dessinée était mise à l'honneur : la série World War X de Peter Snejbjerg, auteur en dédicace sur le salon. Mais cette exposition paraissait beaucoup plus modeste que la précédente...

Enfin, notre rapide tour d'horizon s'arrête avec la mise en avant de la saga Donjons et Dragons, plus particulièrement autour du décor des Royaumes Oubliés. Divers panneaux explicatifs présentaient les héros récurrents et des lieux-clefs de cet univers, mais le tout manquait un peu de... fantaisie.

La révolte des péons

Ces expositions professionnelles mise à part, l'ambiance du Comic Con' était une fois de plus assurée par les amateurs, véritables passionnés dans cette gigantesque fête. L'association la plus en vue était la très célèbre 501ème Légion, regroupement autour de l'univers Star Wars, nous permettant de rencontrer Dark Vador, R2D2 ainsi que Jabba the Hutt dans une Cantina reconstituée pour l'occasion. Mais les Jedis n'étaient pas les seuls costumés en vue sur le salon. Outre la sempiternelle porte des étoiles de Stargate et l'unité du SG-1 en vadrouille, nous aurons noté la formidable montée en puissance dans l'Hexagone de la série Dr Who : reconstitutions extérieures et intérieures du Tardis, statues de Dalek grandeur nature, cosplay des différentes incarnations du Docteur,... cette série, qui est une véritable institution outre-Manche, s'est constitué un véritable réseau d'adeptes français en quelques années. Sorti de ces quelques poids lourds, d'autres licences bien connues ont également émergé, qu'il s'agisse soit de séries en vogue comme Game of Thrones ou Walkin' Dead, soit de saga classiques comme SOS Fantômes.

Nous ne comptons pas non plus les différents stands plus généralistes, pour se baigner dans des univers steampunk ou d'heroic-fantasy. Le salon disposait par ailleurs d'espaces dédiés au jeu de rôle papier ainsi qu'au grandeur nature, pour véritablement croiser le fer. L'espace était d'ailleurs sur-sécurisé, entouré de filets pour éviter le moindre accident, mais ruinant la possibilité d'assister simplement aux prestations des héros d'un jour.

Au final, c'est donc cette zone amateur qui suscite encore le plus d'intérêt, face à un Comic Con' qui cherche à s'uniformiser, voire à s'américaniser. Mais c'est oublier trop tôt que nous sommes le pays des râleurs, et que seule une poignée de fans sera prête à se plier à un système de dédicace et d'évènements tarifés. Et quelque part, pourvu que ça dure !