L'histoire de Sakamoto
Sakamoto est un lycéen absolument parfait, et hyper classe en toutes circonstances, peut-être plus encore que Georges Abitbol. Ce jeune lycéen de seconde possède une allure infinie, et réussit absolument tout ce qu'il fait. Ultra intelligent, beau comme un dieu et agissant toujours avec panache, il attire constamment tous les regards sur lui et finit toujours par conquérir le coeur de tout le monde. Ce que nous allons suivre, c'est sa vie quotidienne, ni plus ni moins.
Les ressorts comiques de Nami Sano
C'est donc de cette simple base que part Nami Sano dans Sakamoto, pour vous servir !, en reprenant la figure du garçon parfait... pour mieux la détourner !
En effet, Sakamoto est un garçon parfait sur tous les points, y compris dans les situations les plus folles ou les plus ridicules, et c'est en exagérant absolument tous les traits de sa série que la mangaka fait mouche. Ecrire une lettre en grec ancien ? Repousser façon combat à l'épée un frelon géant avec la pointe de son compas ? Eteindre un feu avec la seule force de l'air émise par son corps ? Prendre élégamment une douche tout habillé avec un robinet de gym défectueux ? Rien n'est impossible pour Sakamoto, et il ne s'agit là que de quelques exemples de sa perfection et de sa classe à tout épreuve. On a beau essayer de l'humilier, de lui mettre des bâtons dans les roues, de le draguer, Sakamoto est toujours celui qui s'en sort, tout en réussissant à mettre tout le monde d'accord grâce à sa classe jamais entaillée.
Dès lors, il semble difficile de ne pas voir en Sakamoto un sorte de parodie, d'image ultra exagérée des habituels beaux gosses de manga. La recette est d'une simplicité presque effarante, et marche plutôt très bien, car dès le premier volume l'autrice parvient bien à renouveler ses chapitres, qui offrent à chaque fois (ou presque) un récit indépendant. Dans l'un Sakamoto doit retourner en sa faveur les tentatives d'humiliations de loubards jaloux. Dans un autre il fait face à Sera qui fait tout pour être le gars le plus populaire de la classe. Ici, il lui faudra subir avec son détachement presque divin les tentatives de drague de la mignonne Kuronuma. Là, il viendra en aide avec le plus grand naturel à un garçon racketté... et on limite les exemples au premier volume ! On n'a là que des situations ultra classiques, que Nami Sano reprend à son compte en y exagérant tout.
Et même si l'on pourrait trouver que les personnages secondaires, à l'image de Sera, de Kuronuma ou encore de Hayabusa, sont très occultés, quoi de plus logique dans le fond: quand on a Sakamoto en face de soi, on devient forcément transparent !
Enfin, signalons que Nami Sano a aussi pour mérite de varier de plus belle le plaisir en offrant certains passages qui sont, en quelque sorte, des parodies de tout un genre, par exemple dans le troisième volume avec un chapitre s'amusant des histoires de fantômes et un autre proposant une amusante parodie de récits d'infiltration.
Un mot sur les dessins
On peut assurément affirmer que, pour le bien de sa série, Nami Sano peut s'appuyer sur des dessins d'excellente facture pour une toute première série.
La mangaka nous révèle d'emblée un trait fin, qui se veut assez profond et plutôt expressif , et qu'elle utilise très bien pour offrir à Sakamoto des postures ultra classes et stylées (alors qu'elles seraient totalement ridicules avec quelqu'un d'autre).
Elle parvient également à offrir des expressions faciales assez marquantes (notamment celles où l'entourage de Sakamoto est totalement sous son charme), ainsi qu'un découpage et des angles de vues qui sont généralement assez clairs, le tout ayant évidemment pour but de servir à fond les éléments comiques, à commencer par la classe exagérée d'un Sakamoto sans cesse mis en valeur avec un délicieux excès.
Une fin maligne et aboutie
Qui plus est, à l'heure où Sakamoto doit tirer sa révérence dans le quatrième et dernier volume, on peut dire que l'autrice gère très bien les choses. Avec une année scolaire qui s'achève, l'heure est aussi venue pour le lectorat et pour tout son entourage de dire adieu à Sakamoto, dans un final qui a le mérite de conclure de façon très malicieuse l'oeuvre, et cela pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, il y a les rebondissements finaux autour de deux personnages secondaires: Atsushi et, surtout, Fukase, ce dernier campant une sorte de "boss final" à la fois discret et suffisamment présent, tout à fait dans son caractère... mais lui-même ne risque-t-il pas, de quelque manière que ce soit, d'être changé par sa rencontre avec Sakamoto ? C'est là qu'apparaît bien en évidence une autre qualité de ce final : au-delà de l'aspect plus classe et too much que jamais de la situation durant son discours de fin d'année qui s'avère franchement réussi, on ressent parfaitement à quel point Sakamoto, le temps d'une année au lycée, a pu changer la vie de nombre de personnes de son entourage. Et le discours de notre héros va d'ailleurs totalement dans ce sens. Que ce soit son côté totalement classe à la fois too much et décalé, sa faculté à attirer tous les regards sur lui naturellement, ou sa manière naturelle d'aider une dernière fois les autres, on a là une sorte de bilan de tout ce qui fait l'unicité de ce personnage décidément tellement à part qu'il ne semble pas humain...
Pas humain ? C'est précisément ce qui est la dernière grande force de la série de Nami Sano. Sakamoto est-il seulement humain ? A cela, pas de réponse précise de la part de la mangaka, qui se fait un plaisir de laisser entier le doute sur la véritable nature d'un Sakamoto qui, de toute évidence, a menti quant aux raisons qui le poussent à quitter le lycée. Ainsi, chacun pourra imaginer ce qu'il veut concernant Sakamoto, d'autant que, au fil des précédents tomes, Nami Sano a pris soin d'éparpiller des éléments semant le doute et des indices à interpréter comme on le souhaite. Là-dessus, chacun pourra se faire ses hypothèses. Le fait que Sakamoto ne connaissait pas certaines choses comme la neige laisse supposer qu'il vient bien d'ailleurs. Les références assez régulières à l'espace (jusqu'à la fin) peuvent laisser imaginer qu'il vient d'une autre planète. Sa façon de venir en aide aux autres sans rien attendre en retour ainsi que l'assez régulière symbolique religieuse de certaines planches peuvent laisser imaginer qu'il est une sorte d'ange bienfaiteur... Mais on appréciera par dessous tout la façon bien à lui dont il laisse enfin transparaître un peu ses émotions dans les dernières pages.
Sakamoto, pour vous servir! s'achève alors avec réussite, dans un style totalement fidèle à ce que l'oeuvre a été. Nami Sano est parvenue à bien jauger les choses, a su s'arrêter au bon moment en évitant d'étirer artificiellement sa comédie à succès (ce qui, à force, aurait pu provoquer une lassitude pour une telle série à concept), et a réussi à proposer un final qui cristallise très bien son personnage principal. Qui que soit exactement Sakamoto, on n'est pas près de l'oublier. Because he will be Sakamoto forever, you know.
De Paliko-Paliko, le 10 Octobre 2023 à 18h46
RIP
En espérant que ce soit réédité, ça a l'air drôle...
De Aigakin [4334 Pts], le 16 Septembre 2023 à 21h51
C'est toujours triste se genre de nouvelle. Malheureusement ,cette maladie fait de plus en plus de victime de tout âge de le monde.
De Aigakin [4334 Pts], le 16 Septembre 2023 à 21h49
C'est toujours triste se genre de nouvelle. Maleureusement, cette maladie fait toujours autant de victime de toute âge!
De fan manga, le 03 Septembre 2023 à 17h17
paix à son âme