Héros Modestes (Modest Heroes) : Ponoc Short Films Theatre - Actualité manga
Dossier manga - Héros Modestes (Modest Heroes) : Ponoc Short Films Theatre

Invisible


Dans une grande ville froide, un homme travaille, se déplace en scooter, mange, va au magasin, veut retirer de l'argent au distributeur automatique... Que des éléments classiques du quotidien, en somme. A ceci près que notre homme est invisible. Si invisible que même en portant des lunettes, des gants, des vêtements, personne ne le calcule. Quand il ramasse le crayon d'une collègue, aucun merci. Quand il va au magasin, personne ne le remarque, et quand il voit la gérante courir vers lui c'est pour aller voir quelqu'un d'autre derrière. Quant aux machines... hé bien, les portes automatiques ne le détectent pas, et les distributeurs de billets ne captent pas sa présence. Ah, et si vous vous demandez pourquoi l'homme se promène avec un extincteur, c'est simple : il est si invisible aux yeux de tous et de tout que s'il n'a pas quelque chose de lourd avec lui, il s'envole dans les airs... Dans ces conditions, dans ce combat permanent, finira-t-il par exister ?





Encore un changement de ton et de style avec le troisième et dernier court-métrage de Héros Modestes : Akihiko Yamashita nous plonge dans une ville aux décors réalistes et aux teintes plutôt grises, et c'est dans ce cadre qu'évolue cet homme invisible, que l'on apprend à découvrir à travers pas mal de petits gimmicks de mise en scène presque avant-gardistes, l'ensemble n'hésitant pas à nous montrer certaines choses depuis le regard du héros, ou encore à travers ses lunettes pour un résultat jouant sur des petites déformations, des zooms et des éléments de perspective. De même, certains instants nous faisant littéralement traverser le corps invisible de l'homme sont très bien trouvés.

Et que penser du rendu dès que l'action prend le dessus ? Akihiko Yamashita a toujours accordé beaucoup d'importance aux mouvements en pleine action, une excellente preuve reste son travail sur Giant Robo qui, plus de 25 ans plus tard, n'a pas pris une ride. Et ici, il régale dans ses trouvailles lors de la vertigineuse scène où l'homme manque de s'envoler, ou pendant la scène plus horizontale où il tente d'aller plus vite que le camion. Il y a ici, en somme, de vraies prouesses et ambitions de mise en scène dans l'action. Et les musiques tantôt froides tantôt agitées et frénétiques du DJ, compositeur et producteur de musique électronique Yasutaka Nakata (celui du duo Capsule) sont en parfaite adéquation avec ça.





Bien sûr, tout ceci sert une petite histoire simple sur le papier, mais bien traitée, en premier lieu car elle pose une question simple : comment réagirions-nous si, comme cet homme, personne ne nous calculait ? Elle n'est pas loin, la métaphore de notre monde moderne, où l'on tend malheureusement à faire de moins en moins attention aux autres. Pourtant, tout plongé dans la solitude soit-il, cet homme s'accroche. Quand il manque de s'envoler vers l'infini, il se raccroche à tout ce qu'il peut pour regagner cette terre où pourtant tout le monde l'ignore. Ca aussi, mine de rien, c'est une forme d'héroïsme.

Mais l'héroïsme, ici, il frappera sûrement encore plus dans la dernière partie du court-métrage et dans la lutte de l'homme pour sauver un bébé. Un acte héroïque simple qui, peut-être, le fera enfin exister avec la plus belle des récompenses à la clé.
  
  


© by Ponoc

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