Gewalt - Actualité manga
Dossier manga - Gewalt
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18/20

Furyo, kezako ?


Depuis tout à l'heure, je vous parle de furyo, mais peut-être ne savez-vous pas ce que c'est ? En voici une définition assez concise.

On peut résumer le furyo comme étant un sous-genre mettant en scène la vie quotidienne d'adolescents ou de jeunes adultes dont les principaux loisirs sont de vivre en bande et de se battre.
Souvent marginalisés par une société japonaise trop bien moulée et dotés de situations familiales difficiles qui les ont grandement amenés à ce qu'ils sont devenus, ils ont généralement un fort sens de la dignité, de l'honneur, de l'amitié et de protection de la bande. A cela s'ajoutent des spécificités capillaires tout de suite identifiables (à tout hasard, la fameuse banane des années 80).

Le style même des furyo peut prendre différentes formes.
La quintessence du récit de furyo reste sans doute le cultissime Racaille Blues de Masanori Morita, où l'on trouve absolument tous les éléments évoqués ci-dessous. D'autres exemples très parlants parmi ceux sortis en France sont les malheureux Gangking et Worst (dont nous ne connaîtrons sans doute jamais les conclusions en français), et, côté films, la célèbre trilogie Crows.

Beaucoup d'autres séries se rapprochent du genre en mettant en scène ce type de personnages. Toujours de Masanori Morita, on peut citer Rookies, où un enseignant reprend en main une bande de furyo pour en faire une équipe de baseball. Dans le même ordre d'idées, on peut citer Gokusen ou même GTO, où les profs Yankumi et Onizuka s'appliquent à protéger leurs racailles d'élèves.
Il y a aussi les récits où le furyo devient une véritable quête initiatique, à l'exemple de Bakuon Rettô, récit semi-autobiographique de Tsutomu Takahashi où l'auteur revient sur sa propre jeunesse en tant que bosozoku, membre d'une bande de motards.
Sun-Ken Rock se rapproche également de ce genre. Ken Kitano, le héros de la célèbre série de Boichi, est lui aussi, au départ, un furyo, un adolescent faisant parler ses poings, avant de devenir chef de gang. Notons d'ailleurs que l'avenir des furyo se situe généralement dans ces gangs et dans les milieux yakuza une fois que ceux-ci sont devenus adultes.
Dans un genre plus humoristique, Beelzebub regorge aussi de ce type de personnages, et le héros de Ping Pong Dash !! était lui aussi un sacré spécimen.
  
  
  
  
  

Du furyo, oui, mais un brin différent


Bref, vous l'aurez remarqué, les personnages furyo, il y en a un bon paquet dans les mangas. Mais des vrais mangas de furyo, entièrement consacrés à ça, c'est plus rare en France (Racaille Blues, Gangking, Worst... et ?). Dans tous les cas, on peut déplorer leur manque de succès (Racaille Blues marcha bien à son époque, mais est introuvable depuis des années, et Gangking et Worst n'ont malheureusement jamais percé malgré leurs qualités), ce qui est peut-être dû aussi, en partie, à leur caractéristique commune : une importante longévité. Racaille Blue et Worst comptent respectivement 42 et 33 tomes, à ce jour Gangking en dénombre 27, et cela peut clairement rebuter.

Dans ce genre un peu maudit en France qu'est l'authentique manga de furyo, arrive alors Gewalt, qui, contrairement à ses aînés, ne fait que trois petits volumes. Forcément, sur le coup, ça a de quoi inquiéter, car on se demande si la série n'a pas été abandonnée en cours de route. Après lecture des trois tomes, la réponse est non : une conclusion est bien au rendez-vous. Sans en dire trop, elle est certes ouverte sur le futur de notre héros, mais boucle bel et bien son initiation au milieu des loubards. Soyez donc rassuré : c'est l'opportunité de découvrir un genre trop méconnu pour un budget pas trop élevé.

Cela dit, la longueur de Gewalt n'est pas le seul élément démarquant la série dans sa catégorie.
Là où le genre offre habituellement, d'emblée, un héros ultra balaise enchaînant les combats contre des adversaires généralement de plus en plus fort, la série de Kôji Kôno nous propose un personnage principal au tout début plus proche de l'anti-héros. Pas trop pathétique et certainement pas taillé pour la baston, il est simplement banal, effacé, et c'est au fil de la série qu'il va évoluer.
En ceci, Gewalt est d'ailleurs intéressant, car il prend un peu le contrepied des autres séries du genre que l'on connaît : là où les autres séries imposent tout du long des héros doués en baston qui le resteront toujours, ou permet à des loubards de revenir petit à petit dans le droit chemin (ou dans le moule, si vous préférez), Ruito suit le chemin inverse : il était dans le moule, il en sort petit à petit par sa propre volonté pour devenir un yankee.
  
  
  
  
  
De même, si grosses bastons il y a, la logique du manga furyo ne s'applique pas à tout le monde dans Gewalt. Pour rappel, la team Gewalt 5 ne cherche jamais les noises sans bonne raison, ses membres préfèrent éviter de se battre et souhaitent simplement profiter ensemble de leur intérêt commun pour le skate. Les problèmes avec eux naissent uniquement dans les conflits de territoires, où ils sont rarement les premiers à attaquer, et c'est seulement dans ce cas de figure que les rivalités du passé se réveillent en eux. Avec eux, pas de baston pour le plaisir de la baston !
  
  
  

© KÔNO Kôji / Shônen Gahôsha

Commentaires

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dontshoot

De dontshoot [417 Pts], le 13 Janvier 2015 à 18h38

18/20

Bon dossier. Gewalt est un bon manga sans prétention, il est nerveux et efficace. Le dessin rend le tout très dynamique. Le tout tient sur 3 tomes donc on peut penser qu'il y a parfois des manque dans la narration, le fond social aurait mérité d'etre plus dévellopé mais bon 3 tomes oblige tout s'enchaine vite et bien malgrè tout.

un bon furyo. Aller je me paye un retour en arrière et ressort mais racaille blues.

Karakuri

De Karakuri [3196 Pts], le 11 Janvier 2015 à 13h06

18/20

Merci pour ce dossier sur une bonne petite série lue d'une traite.

Ce qui m'a d'abord attiré sur ce manga c'est ses dessins un peu bizarres et très expressifs, avec des scènes très marquantes comme celle de la table ou les bastons courtes mais efficaces avec des planches qui en jettent (comme celle dans la dernière partie du dossier).

Merci pour la petite présentation du furyô, si ça peut aider à mieux faire connaître ce style. C'est clair que les mangas furyo/baston purs et durs sont trop boudés en France malheureusement. Quand je vois le triste sort réservé à Gangking et Worst par leur éditeur français j'ai préféré revendre les qqs tomes que j'avais...

Merci aussi d'avoir soulevé les qqs pistes que la série soulève sur la société nippone.

 

Bonne petite série efficace qui remet en avant un genre trop boudé. Merci doki doki d'avoir tenté le coup !

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