Gewalt - Actualité manga
Dossier manga - Gewalt
Lecteurs
18/20

L'affirmation d'une personnalité


« Si tu flippes à l'idée de prendre un marron, c'est que t'es pas taillé pour le job ! »

C'est donc dans ce cadre que va évoluer Ruito, dans ce qui se dessine comme une véritable spirale infernale au coeur de laquelle il va laisser peu à peu éclater son véritable lui.

Toutefois, on ne devient pas un dur du jour au lendemain, et Ruito en fera l'expérience, en se frottant au gang du club de baseball qui ne va pas manquer de le faire flipper, ou en tentant désespérément d'attirer l'attention de Gurio qui va vite le remettre à sa place.

Oui mais voilà : malgré les beignes qu'il se prend, les gros coups de flippe face aux grosses brutes du lycée, et son incapacité naturelle à s'imposer, Ruito découvre littéralement un autre univers, dès lors qu'il se laisse aller au pétage de câble. Pour la première fois, il attire l'attention sur lui, y compris celle de la plus jolie fille de sa classe, Maiko. Pour la première fois, il découvre ce que signifie se battre, y prend rapidement goût en constatant que les coups ne font mal que si on en a peur. Pour la première fois, il se sent vivre. Le chemin sera long pour qu'il devienne un vrai dur, mais l'envie est là, et c'est un tout nouveau monde qui s'ouvre au jeune garçon, qui fait de nouvelles rencontres et sème la zizanie autour de lui, son comportement étant amené à briser la paix factice entre les gangs de son lycée.

Dans Gewalt, les choses reposent essentiellement sur la dualité de Ruito, partagé entre ses craintes et ses pulsions de plus en plus violentes. A travers un suivi de ses pensées, une narration assez introspective, on apprend à cerner les peurs du jeune garçon, mais aussi sa volonté de faire face. Ainsi, on adhère facilement à sa façon de prendre sur lui en allant soudainement au contact. Et on adore le côté branque de cet adolescent capable de subitement péter des câbles, au détour de doubles pages qui arrivent sans prévenir pour laisser le lecteur estomaqué. Pour s'en convaincre, il suffira de voir la scène où il balance soudainement sa table par la fenêtre, ou celle à la fin du tome 1 où il débarque comme un forcené entre les deux gangs. Soyons francs, on a tous eu envie, un jour ou l'autre, pour x raisons, de péter une durite comme ça, et voir Ruito passer ainsi de l'autre côté a alors quelque chose de totalement jouissif.

Ce qui ressort de ce caractère en deux temps, c'est l'affirmation d'une personnalité. Le ras le bol de Ruito d'être insignifiant, enfermé dans un moule, marque d'emblée par cette dualité peur/pétage de câble, et au fur et à mesure que cette dualité s'estompe, que l'aspect craintif s'efface, on a un personnage qui s'affirme.
Ruito a simplement fait ce que beaucoup de monde a sans doute déjà eu envie de faire : sortir de son plein gré d'un moule trop oppressant, laisser s'exprimer le besoin de liberté et de ne plus se laisser dicter sa conduite, pour simplement enfin se sentir bien dans sa peau.
  
  
  
  
  

Portrait d'un mal-être sociétal


Ce constat laisse deviner, en arrière-plan, un petit portrait au vitriol de la société japonaise.

En tête, bien sûr, la critique d'un peuple japonais trop formaté, trop noyé dans le moule, où les gens semblent se dire que le monde n'est pas si injuste que ça, et qu'il vaut mieux bien s'y adapter, quitte à rester transparent et à ne jamais oser se rebeller. Dans ce contexte, ceux qui osent ouvrir leur gueule et ne pas faire comme les autres se retrouvent marginalisés, et le choix de Ruito de quitter le moule pour aller du côté des « marginaux » est alors un signal fort.

Mais il ne s'agit pas là de la seule critique, loin de là. Dans ce moule formaté, Kôji Kôno met en avant le besoin des gens « normaux » d'évacuer leur frustration ou de se sentir supérieurs en brimant les autres (comme le font les faux-amis de Ruito après avoir découvert ses penchants otaku) ou en les critiquant dans leur dos (heureusement pour Gurio qu'il s'en fiche).

Il y a enfin, l'inquiétude que de telles situations peuvent provoquer aux parents (comme le montre la mère de Ruito, très inquiète pour son fils qu'elle juge si fragile), ce à quoi répond l'égoïsme des professeurs faisant bien attention de ne pas trop s'en mêler pour ne pas se blesser et ne pas ternir leur réputation.
  
  
  
  
  
Tout ceci n'est évidemment pas très mis en avant, il s'agit d'un élément comme un autre de la série, mais, mine de rien, la plume de l'auteur s'avère suffisamment acérée pour une courte série de ce type.
  
  
  

© KÔNO Kôji / Shônen Gahôsha

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS
dontshoot

De dontshoot [417 Pts], le 13 Janvier 2015 à 18h38

18/20

Bon dossier. Gewalt est un bon manga sans prétention, il est nerveux et efficace. Le dessin rend le tout très dynamique. Le tout tient sur 3 tomes donc on peut penser qu'il y a parfois des manque dans la narration, le fond social aurait mérité d'etre plus dévellopé mais bon 3 tomes oblige tout s'enchaine vite et bien malgrè tout.

un bon furyo. Aller je me paye un retour en arrière et ressort mais racaille blues.

Karakuri

De Karakuri [3196 Pts], le 11 Janvier 2015 à 13h06

18/20

Merci pour ce dossier sur une bonne petite série lue d'une traite.

Ce qui m'a d'abord attiré sur ce manga c'est ses dessins un peu bizarres et très expressifs, avec des scènes très marquantes comme celle de la table ou les bastons courtes mais efficaces avec des planches qui en jettent (comme celle dans la dernière partie du dossier).

Merci pour la petite présentation du furyô, si ça peut aider à mieux faire connaître ce style. C'est clair que les mangas furyo/baston purs et durs sont trop boudés en France malheureusement. Quand je vois le triste sort réservé à Gangking et Worst par leur éditeur français j'ai préféré revendre les qqs tomes que j'avais...

Merci aussi d'avoir soulevé les qqs pistes que la série soulève sur la société nippone.

 

Bonne petite série efficace qui remet en avant un genre trop boudé. Merci doki doki d'avoir tenté le coup !

VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation