Dossier manga - Fête de l'animation de Lille 2010


   


Manga-news: Wakanim, bonjour et merci d'avoir accepté cette interview.
Wakanim: Merci à vous, c'est un plaisir.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, nous dire quand et comment est né le projet?
Nous sommes une plate-forme communautaire dédiée à l'animation asiatique. Je dis asiatique car pour l'instant nous nous concentrons surtout sur l'animation japonaise, mais le but à moyen terme est aussi de diffuser de l'animation coréenne, chinoise et indienne, donc des news et des animés que l'on n'est pas forcément habitués à voir en France.
Cela doit faire cinq ou six ans que l'on pense à ce projet, et un an et demi que nous nous sommes concrètement lancés, que nous avons commencé à faire des démarches, à rencontrer des gens et à en discuter. Cela fait un an que la société est vraiment lancée, que l'on a rencontré les japonais pour leur parler du projet. Nous avons eu des premiers retours très positifs et avons commencé à travailler sur ces bases-là. Il y a un mois et demi, le site a été lancé, nous avons commencé à remplir le contenu éditorial, et des rédacteurs nous ont rejoints. Et cela fait cinq jours (note: l'interview eut lieu le dimanche 21) que nous avons commencé à diffuser nos premières séries.

D'où vient le nom Wakanim?
Cela vient de plusieurs choses. "Waka" signifie "connaissance", "cercle" en japonais, donc la communauté, et "anim" renvoie bien sûr à l'animation. On trouvait également sympathique et facile à retenir l'intonation un peu asiatique de ce nom. Cela s'est également décidé par rapport à notre mascotte, une grenouille: en effet, nous trouvions que le son "wak" ressemblait un peu au croassement de la grenouille. On a vraiment trouvé une cohérence entre tous ces points.

Combien êtes-vous dans l'équipe ? Comment sont répartis les rôles?
Au total, nous sommes cinq à travailler concrètement sur le projet. Il y a deux salariés et un stagiaire. Chacun a sa fonction: il y a un responsable du développement, un directeur artistique, un responsable commercial, un rédacteur, et un deuxième rédacteur stagiaire.

Quels sont vos objectifs sur la longueur ? Votre cible restera-t-elle uniquement l'animation?
Nous resterons uniquement sur l'animation, qui est vraiment ce que nous aimerions développer. Le but sur la longueur est de ramener des séries exclusives, qui ne sont encore jamais sorties en France, notamment en faisant du simulcast. Nous aimerions amener des séries qui pourraient être qualifiées de cultes, qui ont eu un grand succès au Japon mais qui n'ont pas encore dévoilé leur potentiel en France. Notre premier objectif est de faire découvrir.
      


Vous parlez de simulcast. Pourriez-vous nous dire ce que c'est, pour celles et ceux qui ne le sauraient pas?
Le vrai simulcast se dit d'une diffusion qui a lieu en même temps à la télévision et sur internet. Ce que nous, nous comptons faire, est du quasi-simulcast: nous allons récupérer le flux de la télévision et le mettre en ligne, après une adaptation pour la France, donc en version originale sous-titrée français, au maximum 24 heures plus tard.

Quels seront les prix pratiqués?
Nous avons un système qui propose dans un premier temps les séries gratuitement, et le tout sera financé par la publicité: il y aura un spot publicitaire avant la vidéo, et un autre pendant la vidéo, exactement comme à la télévision japonaise. La gratuité des séries durera pendant deux mois maximum, et nous laisserons la possibilité à l'ayant-droit de fixer la durée de cette gratuité. Les séries seront ensuite archivées, et pour pouvoir les regarder en streaming, il faudra acheter des jetons que l'on vend par lots allant de 10 à 40 jetons, le tout pour un prix dégraissif allant de 50 à 70 cents. Nous essayons de nous placer à une barre de prix abordable car nous nous sommes rendus compte que les sociétés pratiquaient des prix souvent élevés sur le marché.

En proposant ce service, vous affichez, en quelque sorte, une volonté louable d'offrir une alternative légale au fansub...
On sait que le fansub constitue un gros manque à gagner pour les sociétés de production, pour les ayant-droit japonais, et c'est un véritable problème, car du coup les séries ne parviennent plus à s'exporter, les éditeurs DVD n'achètent plus les séries qui n'ont plus de potentiel car déjà exploitées sur internet. Le marché est en pleine évolution, et comme c'est aussi un peu la crise au Japon, les japonais ont justement besoin de cet export. Ils ont beaucoup rentabilisé leurs séries sur leur propre territoire et commencent à avoir besoin de vendre à l'international. Il est donc vraiment important de pouvoir proposer une alternative au fansub, de pouvoir proposer une solution, car sinon, nous irons de plus en plus vers un système où il y aura de moins en moins de budget pour les nouvelles séries japonaises, et la qualité s'en ressentira. De plus en plus de sociétés sont en difficulté, et il est donc important que des revenus soient générés par les personnes regardant ces vidéos. C'est d'ailleurs pour cela que la gratuité ne dure que deux mois maximum: pour assurer la pérennité de l'animation. Si la gratuité ne dure que deux mois, cela n'empêchera pas les chaînes de télévision françaises d'acheter les droits pour ces séries, ce qu'elles ne feraient pas si les épisodes étaient encore gratuits sur internet. Il y a un contrôle sur la diffusion: nous devons les retirer pour laisser la place aux autres supports. Il faut qu'il y ait internet, qu'il y ait les DVDs, qu'il y ait la télévision. C'est une chaîne de droits qui doit être respectée pour que les séries soient rentables.

L'aspect communautaire de la plate-forme semble important?
Oui, car cela permet de se regrouper et de partager. Pour nous qui avons des valeurs basées sur le partage, sur l'envie de faire découvrir de nouvelles séries, des exclusivités, il est important de pouvoir discuter, favoriser les échanges, créer des débats. D'ailleurs, c'est pour cela que nous avons une plate-forme qui ressemble à ce qui se fait sur les réseaux communautaires.

Quels ont été les temps forts du stand Wakanim?
L'activité de parodie de doublage a connu un vrai succès, nous avons eu beaucoup de choses étonnantes, sympathiques, souvent très drôles. Les gens semblent s'être amusés et ça a réuni pas mal de monde.

De manière plus générale, qu'avez-vous pensé de cette édition 2010 de la fête de l'animation?
Pour notre première fois au sein de cette fête, nous avons trouvé cela très sympathique, très animé. Il y avait un public qui était là pour s'amuser, et pour le dessin animé. Le tout était très agréable, et très varié: BD en ligne, activités pour les enfants, présence des doubleurs des Simpson... Ils ont vraiment essayé de voir large et de faire découvrir de nombreuses choses, notamment, pour ce qui nous concerne le plus, la japanimation à ceux qui ne la connaissent pas du tout.

Encore merci pour cette interview !

Si vous souhaitez en savoir plus sur Wakanim.tv, rendez-vous sur www.wakanim.tv!
    
    
   
Un peu plus loin, se dressait le point central de la convention: le samedi et le dimanche, la foule ne désemplit pas autour de l'espace scénique (ce fut moins le cas le vendredi), véritable lieu de vie de la convention, devant lequel venait se dresser un bar où les visiteurs pouvaient se poser. Tout au long de la convention, des animations non-stop furent organisées sur la scène: finale du tournoi Pokemon, initiation au japonais et défilé de kimono organisés par l'association Japon et Culture, concert BD numérique organisé par Ave!Comics, et concert le dimanche en début d'après-midi de Lamia Cross, groupe franco-japonais mêlant techno, métal et pop-rock. De nombreux karaoké  de toutes sortes (animés, génériques, drama...) étaient également organisés, ainsi que des jeux, souvent avec lots à la clé: dessiné c'est gagné, quizz drama, images de drama, trivial pursuit drama, blind tests musicaux d'animés et de drama, extraits de drama, quizz sur les animés, rébus...

   
   
Enfin, notons le relatif succès du défilé de cosplay le samedi en début d'après-midi. Au final, il y en avait pour tous les goûts !
    
     
                         
      


D'un côté de l'espace scénique se dressaient les stands des trois associations organisant les jeux: Tengumi, Kajian et Epitanime. De l'autre côté, nous retrouvions le stand le l'association Japon et Culture, présent chaque année. C'est spontanément que Pierre, directeur de l'association, accepta de m'accorder une petite interview autour d'un verre.
      
            
              
Manga-news: Bonjour, peux-tu présenter l'association en quelques mots?
Japon et Culture: L'association a été créée en 2000 avec l'aide d'un ami professeur d'aïkido, au départ pour promouvoir un peu la culture japonaise et pour se faire une petite expérience dans l'enseignement du japonais. Puis au fil des années ça a de mieux en mieux marché, ainsi nous sommes passés d'une quarantaine de membres la première année, à environ 200 membres depuis quelques années. Au niveau des activités proposées, l'essentiel se situe dans les cours de langue, mais nous proposons aussi des cours de calligraphie, des cours d'origami depuis cette année. Nous participons également à des salons, comme cette fête de l'animation, faisons de petites expositions, intervenons dans des collèges, lycées ou autres centres culturels, organisons le Kanji Kentei qui est un test officiel centré sur l'écriture japonaise. Enfin, nous fêterons donc nos 10 ans en juillet de cette année.

J'ai pu voir sur le site de l'association que Vanyda, jeune auteure en vogue de bandes dessinées d'inspiration manga, en a été membre. Quel a été exactement son parcours au sein de l'association?
Vanyda est arrivée dans l'association la première ou la deuxième année où elle a suivi les cours de langue pendant quatre ou cinq ans. Mais aujourd'hui, c'est une personne très occupée et elle ne suit donc plus les cours même si je pense qu'elle reste assez proche de nous. C'est elle qui a réalisé l'affiche de l'association. Enfin, elle nous avait également fait, il y a quelques années, un exposé sur le métier de mangaka.
    
    
   
De nos jours, de nombreux fans de la culture populaire japonaise comme le manga, l'animation ou la J-pop aimeraient apprendre ou tentent d'apprendre la langue japonaise. Que penses-tu de cela?
Personnellement, j'ai une formation assez classique (ma spécialité était le bouddhisme japonais ancien) éloignée de la culture populaire japonaise. Et bien que je regardais les dessins animés japonais quand j'étais petit, j'ai ensuite perdu de vue tout cela et l'ai redécouvert par l'association. Par exemple, avant de créer l'association, j'ai vécu un peu au Japon et ai failli habiter dans un appartement situé à côté des studios Ghibli, alors que je ne savais absolument pas ce que c'était! C'est donc à travers Japon et Culture que j'ai redécouvert tout ceci. Je pense qu'il y a environ 80% des membres de l'association qui sont fans de manga et d'animés, ce qui était également le cas lorsque j'avais effectué un sondage sur les motivations de mes élèves à une époque où j'enseignais à l'université. Mais la principale petite différence dans l'association par rapport à l'université se situe sans doute dans le fait que dans l'association, une partie du public n'a pas le bac mais apprend tout de même le japonais et s'en sort bien.
En ce qui concerne la langue japonaise, c'est une langue peu complexe, qui comporte peu de grammaire, peu de conjugaison et peu d'exceptions, mais qui reste difficile de par son important vocabulaire et son écriture, surtout en ce qui concerne les kanji.
Que des amateurs de manga et d'animés souhaitent apprendre la langue japonaise, je trouve ça très bien. En effet, on se rend compte que c'est ce qui attire les gens au départ, puisque par la suite, ils se lancent petit à petit dans les autres facettes de la culture japonaise. Et pour en arriver à vouloir étudier une langue réputée comme difficile, cela prouve que ce n'est pas seulement superficiel. C'est une bonne porte d'entrée comme une autre.

Quels ont été les temps forts du stand de l'association pendant cette fête de l'animation?
Ca a toujours été assez fort, à part le vendredi qui a été assez calme. La vente de ramen a été un joli succès. Au niveau des animations, nous en avions deux principales: Premièrement, une initiation au japonais et à l'écriture japonaise le vendredi en fin de journée. Au début nous avions un peu peur qu'il y ait peu de monde, mais finalement pas mal de personnes sont venues y assister. C'était un sympathique tour d'horizon. Deuxièmement, une présentation du port de kimono pendant laquelle nous expliquions la différence du obi et comment celui-ci se noue, les différences entre les yukata, les kimono plus luxueux... Là aussi, il y a eu pas mal de monde et nous étions donc assez contents.

Pour finir, de manière plus générale, quel est ton avis sur cette fête de l'animation édition 2010?
Cela fait plusieurs années que j'y participe par le biais de l'association, et j'ai toujours été impressionné par l'ampleur de l'évènement. On se dit forcément que derrière, il y a un travail énorme. Bien entendu, ça ne peut pas être parfait, il peut toujours arriver des pépins, mais vu le travail que ça représente, vus les risques financiers, etc, c'est vraiment quelque chose d'énorme. Chaque année, cela semble bien marcher, bien qu'il y ait eu moins de monde l'année dernière, et nous sommes toujours contents d'y participer. Plutôt félicitations qu'autre chose.

Merci pour cette petite interview!
Merci à toi !

L'association dispose d'un site internet: www.japon-culture.com
   
    
   
Derrière le bar, nous trouvions le long d'une sorte de couloir l'association de fanzine MéluZine, qui laissait bien évidemment la possibilité de découvrir plusieurs fanzines. A côté se trouvait une activité inédite à la Fête de l'animation: en effet, un atelier de maquillage manga était proposé, et les visiteurs pouvaient donc voir leur visage et/ou leur buste maquillé(s) aux couleurs de leurs personnages favoris. Juste à côté était également proposé un stand de maquillage FX qui réalisait avec plaisir maquillage de cicatrices, blessures, coupures et autre hématomes... miam ! 
Enfin, nous retrouvions, comme chaque année, le stand du club de go de Lille, toujours décoré de quelques volumes de Hikaru no Go, et proposait, comme l'année dernière, des initiations à ce jeu de stratégie millénaire, ainsi que des démonstrations de parties rapides ou sur plateau géant.
  
      
Pour finir, de l'autre côté était présentée une exposition dédiée à Orioto, jeune homme de 29 ans ayant créé un buzz grâce à ses créations digitales inspirées de jeux vidéo comme Zelda ou Sonic. Ses œuvres plus anciennes rendent hommage à plusieurs personnages cultes de la japanimation. Ce sont ces travaux qui étaient exposés ici. On pouvait notamment y observer un superbe Spike de Cowboy Bebop revu à la sauce Orioto.
                 
     
      

Au final...

La convention proposait beaucoup de choses intéressantes. Quasiment dépourvue de la moindre présence commerciale, elle s'axait beaucoup sur l'aspect culturel de l'animation sous toutes ses formes. Les projets présentés sur les différents étages étaient tous très variés, tout comme les activités, et les animations semblent avoir rencontré un certain succès le samedi et le dimanche. Pas de chiffres à communiquer, mais si l'on excepte le vendredi, le succès semble avoir été au rendez-vous.
   
  

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