Les films et leurs adaptations
Le premier film : un travail d'auteur
Tout comme Digimon Adventure, Digimon Adventure 02 comporte deux films dont le second fait aussi office suite de la série.
Le premier porte le titre à rallonge Débarquement de la tempête Digimon !! L'évolution suprême !! Les Digimental dorés. Il est sorti dans le cinéma japonais le 8 juillet 2000 dans le cadre du Tôei Anime Fair de l'été 2000 aux côtés du film Magical Doremi Sharp, et est à ce jour le film le plus long de la saga (environ une heure).
Son intrigue se déroule au cœur de la série, bien qu'il soit difficile de précisément le situer. En voyage à New-York avec Mimi, Takeru et Hikari sont témoins d'un phénomène étrange : leur amie disparaît sous leurs yeux, sans laisser de trace. En réalité, ce sont tous les Enfants Élus de la génération précédente, Takeru et Hikari exceptés, qui se sont volatilisés. Tous deux rencontrent un Enfant Élu américain, Wallace, qui semble lié à cette menace. De leur côté, Daisuke, Yolei et Iori reçoivent l'alerte de leurs camarades, et se rendent aussitôt aux États-Unis.
Les films Digimon, du moins les premiers, ont réussi à se démarquer des séries. Plus que de simples métrages dérivés, on leur attribue sans mal une dimension créative pour ce que leurs auteurs ont tenté. On pense forcément à Mamoru Hosoda et sa patte si particulière sur les deux premiers films, aussi Digimon Adventure 02, pour son premier film, se dote d'un autre réalisateur qui n'aime pas faire comme tout le monde : Shigeyasu Yamauchi. Nous lui devons par exemple l'atypique Saint Seiya – Tenkai-hen, renié par Masami Kurumada, ainsi qu'un certain huitième film de Dragon Ball Z qui présentait le personnage de Broly, et qui était aussi le plus long de la saga à l'époque.
La touche Yamauchi se ressent fortement ici puisque ce premier film de Digimon Adventure 02 se dote d'une esthétique toute particulière. La patte visuelle rappelle celle des deux premiers métrages, mais c'est surtout un travail sur les ambiances qu'a opéré le réalisateur. Les décors, jonglant entre grandes étendues du Colorado et environnement presque cauchemardesques, apportent une tonalité nouvelle et presque troublante, une aura que vient appuyer la bande-originale de Takanori Arisawa qui créé une bizarrerie à tous les instants. Ceci associé au scénario un peu décousu et capillotracté de Reiko Yoshida, et on obtient un premier film unique en tout points, qui est loin de faire l'unanimité, mais qui vaut le coup pour l'expérience proposée.
Le second film : Moins de prise de risque
Le second film de Digimon Adventure 02 a un titre qui parle de lui-même : La contre-attaque de Diaboromon. Il est sorti au Japon le 3 mars 2001 dans le cadre du block Tôei Anime Fair 2001 de printemps, aux côtés du troisième film One Piece.
Quelques temps après la fin de la série, des Kuramon prolifèrent sur internet. Les enfants élus se réunissent et pour eux, pas de doutes possibles : Diaboromon a survécu et repasse à l'attaque. Mais cette fois, il ne se contentera pas d'attaquer internet et s'en prendra aussi au monde réel.
Le deuxième film de Digimon Adventure de Mamoru Hosoda ayant été un succès, le second métrage affilié à Digimon Adventure 02 choisit de surfer sur sa popularité en se présentant comme une suite pure et simple. Réalisé par Takahiro Imamura, directeur emblématique sur les films Dragon Ball Z, celui-ci est peut-être le film de la licence Adventure qui manque le plus d'ambitions. Plus qu'un parallèle que des clins d’œil à Notre jeu de guerre, La contre-attaque de Diaboromon reprend la majeur partie de ses éléments phares pour donner au spectateur les ingrédients qui l'ont séduit à l'époque. La bataille sur internet (utilisant la même piste musicale que sur le film d'époque) jusqu'à l'évolution quasi divine pour se débarrasser de l'ennemi... le film ne prend jamais de gros risques dans son déroulement. Ceci ajouter à une patte graphique (que l'on doit à Kazuto Nakazawa, aussi character-designer sur le film précédent d'Adventure 02) renvoyant sans cesse aux premiers films, et on obtient une continuité qui ne prend jamais de risques.
Pour autant, ce quatrième film de la licence réunit tous les ingrédients pour faire passer un bon moment au fan. Son absence de prise de risque lui évite de se mettre quelques spectateurs à dos comme Shigeyasu Yamauchi sait si bien le faire, et se laisse ainsi savourer comme un film adapté d'une série animée d'action classique. Sa force résulte très certainement dans le duo Daisuke / Ken qui fait encore une fois des merveilles, la combinaison des deux enfants élus restant un des éléments les plus efficaces de tout Adventure 02.
Mais ça, c'est pour le topo des films au Japon. En France, l'histoire est différente...
Le film Digimon Adventure 02 en France
A savoir que le deuxième film n'est tout simplement jamais sorti chez nous. Le premier métrage d'Adventure 02 a atteint nos contrées à travers la compilation sobrement intitulée Digimon : Le film en France. L'histoire est célèbre : la société américaine Saban a réuni les trois premiers films de la franchise, réécrit les dialogues, coupé des scènes et remonter le tout de telle sorte à créer une continuité entre les trois métrages qui n'existe pas au Japon. Dans le film occidental, Wallace est la cause de la naissance de Diaboromon, et ses actions ont entrainé la contamination d'un de ses deux digimon par un virus. La disparition de Taichi et sa bande est tout simplement passée sous silence, le scénario se limitant alors au combat contre Kokomon.
Saban n'en étant pas à son coup d'essai sur la licence, difficile de voir d'un bon œil ce charcutage, notamment parce que la modification de la bande-son met complètement à la poubelle l'ambiance si particulière qu'avait su développer Shigeyasu Yamauchi. Un effet assez fort a aussi lieu sur le scénario : dans le film d'origine, l'intrigue progressait de manière assez maladroite, se permettant même quelques rebondissements sans réelles explications. Le scénario de la version Saban est ainsi plus simple, justifie tout ce qui se passe à l'écran, mais perd ainsi cruellement de sa subtilité. Du film d'auteur (à l'échelle d'une adaptation cinéma d'un anime de monstres pour enfant), on se retrouve avec un produit extrêmement convenu, qui ne rend en aucun cas justice au film tel qu'il était à l'origine.
Dans le même ordre d'idées, nous ne nous étendrons pas sur l'adaptation de Saban en ce qui concerne la série animée. L'effet est le même que sur Digimon Adventure : les dialogues sont énormément retouchés afin qu'une ambiance plus comique (et débile) soit posée, tandis que la bande originale est une nouvelle fois changée. Les épiques thèmes d'évolution laissent cette fois place à des pistes chantées que l'on retrouve aussi dans le film occidental (en anglais). Toutefois, parce qu'il est difficile de ne pas conserver l'âme des séries Adventure sans absolument tout déconstruire, le sens global de la série reste le même. Quelques adaptations de termes ci et là, mais les personnages restent ce qu'ils sont, et heureusement. Ken Ichijôji, BlackWargreymon et Oikawa restent assez fidèles à ceux qu'ils sont censés être, aussi passer par la version française permet quand même une compréhension de la série dans ses grandes lignes.
