Digimon Adventure 02 - Actualité manga
Dossier manga - Digimon Adventure 02

Des personnages moins ambigus, mais des antagonistes fouillés


Digimon Adventure est une série qui reste saluée par les thématiques abordées à travers ses huit enfants principaux. L'adoption sous le regard d'Izumi, le divorce à travers Yamato et Takeru, les dangers d'une sœur trop couvée par son frère avec Taichi et Hikari, les difficultés de compréhension entre parent et enfant avec Sora... Plusieurs schémas familiaux qui permettaient à la série de raconter énormément de chose et de faire passer de nombreux messages optimistes aux jeunes spectateurs qui, à l'époque, pouvaient se sentir concernés.

Dans Adventure 02, cette volonté passe un peu à la trappe, et les personnages principaux sont développés de manière plus classique, selon leur propres valeurs sans forcément faire l'objet de sous-intrigues dramatiques. L'idée de la famille reste pourtant présente, la série s'intéressant par exemple au foyer de Minako, au lien encore Iori et son attachant grand-père, ou encore à la sœur de Daisuke qui servira de comic-relief à plusieurs reprises. Des traitements qui ne développent pas de messages particuliers, mais qui aident plusieurs à apprécier les nouveaux Enfants Élus dans leur quotidien. Est-ce donc un mal ? Pas forcément, cette nouvelle vague de héros nous étant présentée comme des enfants devant jongler entre leur quotidien et leurs aventures dans le Monde Digital, un véritable reflet de la forme qu'aborde cette deuxième série animée de la saga.


L'écriture des personnages prend aussi un tout autre aspect en ce qui concerne les antagonistes, ou du moins trois d'entre eux qui attirent sans mal l'intérêt du lecteur, parfois jusqu'à devenir les personnages préférés de certains fans. Dans Adventure 02, l'idée est de limiter les adversaires manichéens et donner une explication à leurs actes malfaisants, tout le contraire de la première série où les méfaits des antagonistes étaient simplement justifiés par la nature de ces créatures de type virus. Le cas Ken Ichijôji est un parfait exemple et celui que beaucoup ont retenu à travers les années. Partant d'une figure totalement manichéenne, à savoir celle d'un despote autoproclamé semant le chaos dans le Monde Digital, nous découvrirons un personnage bien plus ambigu qu'il n'y paraît, dont le vécu a provoqué un certain besoin d'émancipation et de défouloir, allant même jusqu'à pointer du doigt un système japonais basé sur la méritocratie et les résultats, plutôt que sur l'humanité et l'individualité. La rédemption de Ken sera une des trames phares de la série et l'une des plus captivantes, créant un chemin entre le Digimon Kaiser et l'enfant élu qui se redécouvrira et s'humanisera petit à petit.

BlackWargreymon, digimon presque artificiel car né de tours noirs, est un cas un peu différent mais qui mérite qu'on s'y intéresse, ce dernier se cachant derrière une allure de créature maléfique pour finalement chercher sa propre quête initiatique et sa raison d'exister. On pourrait finalement résumer le développement de ces différents antagonistes à une simple thématique : la recherche de notre place dans le monde. C'est aussi ce que représentera Oikawa, dernier antagoniste particulièrement fouillé et présenté comme un humain en marge de la société simplement par son design. Ce dernier, isolé de presque tous, peut aussi représenter une critique de la société japonaise codifiée : Oikawa étant l'enfant qui n'a pas été soutenu dans ses rêves lorsqu'il en avait besoin, raison de son passage vers le côté obscur. Aussi, l'accomplissement de son rêve dans le dernier épisode de la série aboutit à une conclusion douce-amère, belle dans sa mise en scène mais terriblement triste dans ce qu'elle représente.

L'approche de Digimon Adventure 02 pour créer ses antagonistes est donc très différente de la première saison. Ici, il n'est pas question d'adversaires effrayants par leurs pouvoirs ou leurs esthétiques uniquement, mais par leurs parts d'humanité qui les rendent impossible à sonder dans un premier temps, avant qu'on s'attache à eux pour les développements dont ils bénéficient. Sur ce plan, cette suite fait office de plus de maturité que la première saison, le tout n'étant pas de terrifier le jeune spectateur par ces adversaires redoutables mais de le faire se questionner sur la nature de ces derniers, et sur la manière dont ils ont opté pour le mauvais chemin.


La technique : même constat que la première saison


Digimon Adventure 02 ayant été diffusé juste après la première saison, il était difficile d'attendre de gros changements du côté de la réalisation et de la qualité technique. Le staff en charge de la première série a, dans sa plus grande partie, signé pour la seconde, que ce soit Hiroyuki Kakudô au poste de réalisateur, ou la direction des épisodes qui a vu le retour de Hiroki Shibata, Takahiro Imamura ou Takenori Kawada. Même constat si on s'intéresse à la direction de l'animation, poste clé dans le processus créatif : Masahiro Naoi, Setsuko Nobuzane, Shigetaka Kiyoyama ou encore Yoshitaka Yashima, parmi tant d'autres, ont repris le poste.

Dès lors, on pouvait difficilement s'attendre à de grands changements, et l'aspect technique de Digimon Adventure 02 reste le même que sur la première saison. La réalisation souffre alors de paresse et d'une certaine staticité, notamment à cause des reprises systématiques des scènes d'évolution ou des séquences d'attaque qui rendent les affrontements peu innovants. Preuve qu'on profite de la série beaucoup plus pour son scénario et ses personnages que pour son animation qui reste très mitigée. Certes, Digimon Adventure tri, qui s'est achevé en mai 2018 au Japon, a rendu hommage à ce style en réutilisant aussi en permanence les scènes d'évolution, mais le reste proposait de véritables choix de mise en scène lors des batailles.


Pour autant, doit-on jeter tout l'aspect créatif de la série à la poubelle ? Non, car la série parvient tout de même à honorer quelques prouesses, à commencer la gestion de l'émotion. La série propose ainsi des scènes poignantes, assez dures psychologiquement même, ce parce qu'elle ose montrer des événements choquants plutôt que simplement les suggérer. La musique apporte énormément sur ce genre de scène, ce parce que bon nombre de compositions de Takanori Arisawa ont été reprises de la première série. Il serait aussi difficile de ne pas parler de Bokura no Digital World, thème musical chanté par Kôji Wada, Ai Maeda et les différents seiyû, qui donne à la bataille finale une dimension tragique.

Et puisqu'on parle de musique, on peut saluer les très bon génériques du regretté Kôji Wada, qui a su interpréter les chansons les plus emblématiques et les plus puissantes de la saga Digimon, et les jolies chansons d'Ai Maeda pour conclure les épisodes. Ayumi Miyazaki chante aussi de nouveaux thèmes d'évolution, particulièrement réussis notamment le second qui apportera une dimension plus épiques aux transformations. En ce sens, la réalisation sait donner une aura à la montée en puissance des monstres digitaux.
  
  

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