Détonations - Actualité manga
Dossier manga - Détonations

Au bout de ce chemin de violence, l'apaisement via une notion moderne de la famille


Au-delà de toute cette violence rendant souvent Satoru presque aussi effrayant que certaines de ses rencontres, on sent pourtant très bien que le jeune homme a surtout découvert autre chose au fil de son périple.

En analysant le déroulement du tome 2 et l'issue de cette terrible histoire, il semble bien que ce que Tsutomu Takahashi met en avant au bout du compte, c'est une notion de famille, chose qui a tant manqué à notre héros pendant son existence, mais qui a aussi manqué à Daigo et Kaiya.

Ensemble, ces trois âmes perdues semblent alors de plus en plus former ce qui s'apparente à une famille... Une famille qui certes n'est pas liée par le sang, où les "parents" sont des hommes travestis, où Kaiya n'est pas leur enfant, cela dit ça ne les empêche aucunement de tout faire pour le protéger comme ils peuvent... Après tout, en quoi cela les empêcherait-il d'être une famille ?
  
  
  
  
Mine de rien, tout comme ce fut le cas dans sa série Soul Keeper où en toile de fond il abordait la catastrophe de Fukushima en se montrant clairement contre le nucléaire, Tsutomu Takahashi aborde ici aussi un sujet très actuel.


Un auteur au sommet de son art visuel ?


Tsutomu Takahashi au fil de sa carrière désormais bien riche, a su développer un style graphique intense et reconnaissable entre mille, une patte personnelle fait de designs taillés au couteau, de hachure, d'encrage cherchant à profondément assombrir le tout. Evidemment, pour une œuvre aussi sombre et brutale que Détonations, les visuels du mangaka accompagnent parfaitement les choses.

Le dessinateur n'a ici rien perdu de son style très noir, avec des silhouettes et des décors sombres, un encrage impeccable, des hachures densifiant encore l'atmosphère pesante. La mise en scène est excellente, sait être brutale quand il le faut en s'offrant de brefs instants de violence qui imprègnent la rétine par leur force.

Entre la mise en scène brute des différentes mises à mort (une seule est plus occultée: celle de la fin du chapitre 12 justement, à juste raison, mais la double-page marquant la "découverte" du corps est difficile à oublier), le trait sombre et furieux contrastant avec quelques instants plus calmes voire poétiques du tome 2 (des brefs instants de répit qui montrent notamment ce que Kaiya et Daigo représentent désormais pour Satoru... comme quand il contemple les toits de Tokyo avec l'enfant), les décors noirs et réalistes, ou tout simplement le travail sur le visage de Satoru (qui peut être aussi implacable dans les moments brutaux qu'adouci face à Kaiya), le mangaka bluffe d'un bout à l'autre et semble bien souvent au sommet de son art... Peut-être le grand format, qui comme déjà dit est idéal pour profiter du travail graphique de l'auteur, y est-il pour quelque chose.
  
  
  
  
Finalement, la seule faute de goût dans toute cette énergie visuelle provient sûrement du petit délire à moitié nympho autour du personnage de Shimaiko, qui est inutilement dégoûtant et où le mangaka en fait un petit peu trop.
  
  

ZANKYO © 2015 Tsutomu TAKAHASHI / SHOGAKUKAN

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