Code Geass - Nightmare of Nunnally - Actualité manga
Dossier manga - Code Geass - Nightmare of Nunnally
Lecteurs
19/20

Le traitement des personnages : la volonté d’un fan plus qu’une démarche d’auteur


Dans Nightmare of Nunnally, nous retrouvons nombre de personnages des deux saisons de l’anime ainsi que de nouveaux personnages. Voilà qui ajoutait alors un potentiel certain à l’œuvre puisque les possibilités d’écritures de Tomomasa Takuma étaient multiples, ce dernier pouvait soit respecter à la lettre les personnages déjà existants tels que nous les avons connus dans l’anime, tout en sachant que celui-ci était en cours quand le manga a débuté, soit les réécrire complètement et apporter plus de surprises au lecteur, le tout en mettant en avant des figures inédites qui, forcément, allaient apporter leur pierre à l’édifice nouveau qu’est Nightmare of Nunnally. Et parmi tous les choix qui se proposaient au mangaka, ce dernier a choisi celui qui a de quoi soulever le débat tant il fait marcher son désir de fan avant de réfléchir aux meilleurs possibilités pour porter son intrigue.

Parlons alors, en premier lieu, des personnages que nous connaissons de la série animée originelle. Lelouch, Nunnally (forcément), Suzaku, Euphemia, Cornelia, Charles… toutes ces figures répondent présent dans Nightmare of Nunnally mais leur traitement n’est pas toujours similaire à l’intrigue de l’anime. D’abord, le mangaka choisit d’en conserver les bases et de manière globale, chacun conserve le rôle et la psychologie qu’il avait dans les 50 épisodes de l’anime, le manga ne déconstruits donc pas des repères des fans de ce côté-là et même si le manga amorce quelques semblants de mystères, ne serait-ce la soi-disante mort de Lelouch, le lecteur connaissant bien Code Geass a conscience de ce qui l’attend du côté des personnages. Néanmoins, la suite change la donne et pour en parler, nous allons révéler quelques éléments clefs de cette courte-série, aussi il vous est conseillé de passer au paragraphe suivant si vous souhaitez découvrir pleinement le scénario du titre. Progressivement, c’est la destinée des personnages connus de l’anime qui est vouée à changer et à bien des égards. Si Clovis, personnage peu attachant ni développé, connait le même destin funeste que dans la série principale, beaucoup de changements ont lieu du côté des figures dont les adieux se sont avérés déchirants. Tomomasa Takuma le dit lui-même dans la postface du dernier tome de la série, ses caprices de fan ont pris le dessus et il lui était impossible de tuer Euphemia et Lelouch comme l’anime a osé le faire. En soi, cela pour représenter une hérésie aux yeux de beaucoup de fans tant ces éléments ont fait la force de l’anime mais en poussant un peu l’analyse, le choix est justifié, notamment pour Euphemia, de pousser les personnages le plus loin possible et leur accorder un rôle qu’ils n’avaient pas eu dans la série animée. Clairement, on ressent la volonté de l’auteur de terminer sur un Lelouch en vie, bien que les faits soient plus de l’ordre de la suggestion tant la fin du dernier opus n’est pas totalement explicite, et de donner à Euphie le rôle qu’il lui était dû si elle n’avait pas passé l’arme à gauche. Finalement, du côté des personnages, on peut interpréter Nightmare of Nunnally comme un « Et si… ». Il est d’ailleurs important de noter que si l’accent est particulièrement mis sur ces deux figures en termes de divergences avec l’intrigue que l’on connait, d’autres comme Charles gardent un traitement similaire quand le récit ne décide pas de bouder quelques personnages tels qu’Anya et Suzaku qui n’a, du début à la fin, qu’un rôle de soldat d’Euphemia sans briller outre mesure.





Dans tout ceci, on peut mentionner une exception, un personnage ressorti de Code Geass R2 et complètement réinterpréter de manière à apporter un vrai vent de fraîcheur au manga : Rollo. Initialement frère factice de Lelouch enrôlé par Britannia pour le surveiller après que notre héros ait perdu la mémoire, il devient une toute autre personne ici tout en conservant l’idée d’affiliation avec Lelouch et Nunnally. Rollo est ainsi la bonne surprise du titre, réécrit entièrement pour l’œuvre et faisant office d’antagoniste clef de la série. On pourrait alors regretter un manque de temps pour le développer tant, au final, il s’avère manichéen et son potentiel ne manquait pas.

Quid alors des nouveaux personnages, imaginés entièrement pour Nightmare of Nunnally ? Ces derniers sont nombreux dans le papier, mais seuls d’eux d’entre eux sont vraiment portés par le récit : Alice et Nemo. La première constitue un excellent ajout pour accompagner Nunnally et représente, entre autre, ce que Suzaku était pour Euphemia dans la première saison de l’anime, à savoir un fervent protecteur tiraillé entre différents états d’âme. L’existence d’Alice a lieu essentiellement pour permettre à Nunnally de s’épanouir, à juste titre puisque cette dernière est le protagoniste de ce manga, et elle a ainsi droit à un rôle des plus honnêtes même si on soupçonne chez Tomomasa Takuma une volonté de fan-service en présentant un duo ambigu entre deux jeunes demoiselles. A côté d’elles, Nemo est là surtout pour soulever la mythologie réinterprétée autour de C.C et du Geass, ce qui n’en fait finalement qu’un outil solide de l’intrigue.

C’est d’ailleurs tout ce qu’il faudra retenir des personnages nouveaux tant les autres sont là pour enrichir légèrement l’univers et appuyer la présence d’Alice dans le scénario. Alors, jamais ces derniers ne seront vraiment développés, et la figuration reste leur seul motif d’apparition.
Au milieu de tout ça, et en seulement cinq opus, quelle place attribuer à Nunnally qui est censée être l’héroïne de cette série ? Le compromis fut difficile à trouver pour le mangaka qui, en donnant une importance à la demoiselle dans son rôle et dans ses interactions avec Alice, s’est aussi montré séduit par la possibilité de porter de grandes figures de l’anime originelles comme Euphemia tout en développant sa mythologie nouvelle. Et c’est surtout dans la conclusion du récit que Nunnally prend une réelle importance et que le scénario se focalise sur elle, l’idée même d’univers parallèle prend d’ailleurs une certaine légitimité par les choix finaux de la demoiselle qui permettent à Nightmare of Nunnally de bénéficier d’une fin vraiment nouvelle et honnête par rapport à la personnalité même de la jeune fille. Néanmoins, difficile de définir Nunnally comme l’unique protagoniste du récit tant certains personnages ont leur importance, que ce soit Lelouch, Euphemia ou Alice.


La place des robots au sein de l’œuvre


Dans Code Geass, les méchas ont une place importante. Ils sont le reflet de civilisations évoluant dans un futur pas si lointain (même si le calendrier tend à placer l’action à l’époque actuelle) et justifie les tensions politiques et les conflits armés destructeurs. Pour Sunrise, studio à l’origine de la série anime, le mécha est un style de prédilection et développer une intrigue aussi riche de celle de Code Geass autour de robot géant permet à la série de montrer une certaine originalité. Ainsi, les robots (ou Knightmare Frame) étant utilisés à l’échelle militaire, ces derniers sont nombreux et souvent conçus comme des engins de masse, bien que quelques prototypes plus puissants et perfectionnés fassent leur apparition de temps à autre. L’approche des engins n’est donc pas si éloignée des séries de Real Robot comme Gundam ou Macross.
Mais dans Nightmare of Nunnally, la volonté du mangaka est autre et les robots sont montrés et utilisés différemment. Bien-sûr, les enjeux des combats restent très similaire mais le fait que les combats soient à échelle réduite, le front étant celui d’une poignée des personnages, les affrontements prennent une autre allure. Ainsi, la série présente beaucoup moins de méchas que la série télévisée et sur sa deuxième partie, elle se concentre beaucoup plus sur les prototypes. Ce sont d’ailleurs ces engins uniques qui sont souvent mis en avant par rapport aux autres, afin de correspondre avec leurs pilotes qui sont des guerriers d’exception.
Alors, la série emprunte la direction de Code Geass R2, la seconde saison de l’anime, en s’appuyant sur ces robots si puissants que l’aspect crédible initial de la franchise passe quelque peu à la trappe. Il y a clairement chez Tomomasa Takuma une volonté de partir dans l’excès et de multiplier les machines surpuissantes, ne serait-ce avec le Geass de Nunnally, très difficile à expliquer finalement, lui permettant d’engendrer un alter égo maléfique ainsi qu’un Knightmare redoutable sorti de nulle-part.





C’est alors là toute la démarche du mangaka qui rompt avec le style de l’anime. Ce dernier, comme il s’explique dans ses différentes notations au sein des cinq volumes, rêve depuis toujours de créer une série basée sur des robots, et ce spin-off de Code Geass lui en a donné l’opportunité. Alors, l’auteur joue jusqu’au bout la divergence par rapport au canon original et accomplit sûrement ses rêves de jeunesse sur cette courte série. Cela explique alors l’émergence de bon nombre de nouvelles machines puissantes, cohérente avec les combats où priment les multitudes de Geass et de pouvoirs, et le retour d’engins phares de l’anime selon le bon vouloir du dessinateur. En terme d’action, cela permet de dynamiser l’intrigue et de donner un côté spectaculaire que n’avait pas toujours la série initiale, mais difficile de trouver une cohérence globale dans la direction prise par l’auteur. Nous ne sommes clairement plus dans du Real Robot mais dans un manga où les machines destructrices dominent, l’intrigue s’éloigne alors clairement de toute question de technologie et tant pis si l’arrivée de certains Knightmare Frame n’a pas grand sens tant que la surprise est au rendez-vous et permet de multiplier les combats de robots. Il ne tient alors qu’au lecteur d’accepter, ou non, ce parti-pris qui s’inspire de la seconde moitié de Code Geass tout en développant une direction encore différente où on ne cherche plus aucune rationalité de certains robots, à tel point qu’on ne sait plus toujours s’il s’agit d’engins tangibles ou simplement d’entités résultant d’un Geass.
  
  
  


© Tomomasa TAKUMA 2007 © SUNRISE/PROJECT GEASS • MBS Character Design © 2006 CLAMP

Commentaires

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Hurleguerre

De Hurleguerre, le 22 Avril 2016 à 14h57

J'ai lu les manga code geass, ce sont tous des affronts à l'anime, sauf Nigntmare of Nunally. Rien que pour cela il méritait un dossier.

saqura

De saqura [4244 Pts], le 22 Avril 2016 à 12h12

19/20

un tres bon dossier moi qui et fane de code geass j'ai lu tout les manga de code geass

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