L'homosexualité, un facteur d'exclusion
Hayato, notre héros, a été à l’origine du harcèlement de son meilleur ami du collège, car il n’a pas réussi à accepter l’amour de celui-ci. Par là, j’entends surtout qu’il n’a pas accepté la différence de son ami, le mettant mal à l’aise, et le poussant à chercher du réconfort auprès des autres. Grave erreur. La différence, la marginalité, est souvent très mal acceptée par le reste de la population, et on sait comment la société se régule dans le système scolaire. Par le harcèlement, l’humiliation… et la pléthore de manga sur ce sujet nous démontre bien la violence de ce harcèlement au Japon.
Beaucoup de mangas ont traité du harcèlement scolaire, et notamment de ses répercussions dramatiques. Suicide, scarifications... Les enfants peuvent malheureusement être impitoyables. Le collège et le lycée sont des environnements où la société doit être le plus lisse possible. Les « populaires », ceux qui jouent le mieux ce jeu-là, seront en haut de la pyramide. La majorité se trouvera ensuite dans une sorte d'espace neutre, où ils se seront plus ou moins en dehors de ce jeu, soit en ne participant pas aux brimades, ou alors de loin, soit en ne protégeant pas ceux qui les subissent. Et enfin, nous avons les victimes de ces harcèlements, ceux qui sont considérés comme des marginaux dans cette société, car on considère qu'ils ne jouent pas selon les règles du jeu. Le yaoi « Caste Heaven » de Ogawa Chise chez Taifu Comics traite bien de ce point en grossissant le trait à l'extrême.
Dans Blue uLst, l'homosexualité est la cause de la marginalité de nos protagonistes. Hayato ayant eu peur des sentiments de son ami, ne sachant pas comment réagir, le mettra à l’écart en entraînera, sans le vouloir, ses camarades de classe. Au lycée, quand il rencontrera Soma, il cachera son secret, ce dernier étant terrifié à l'idée d'être de nouveau découvert, et mis à l'écart. N'ayant plus d'amis, ni de famille (la sienne l'ayant rejeté), Soma ne pense pouvoir « survivre » qu'en cachant son identité sexuelle. Il en viendra à croire qu'il ne pourra trouver le bonheur qu'auprès de gens « comme lui », quand il cherchera du réconfort auprès d'un étudiant affichant ses préférences sexuelles comme lui même si, au final, ses sentiments et la persévérance d'Hayato lui feront reconsidérer la situation. On retrouve d'ailleurs ce phénomène chez beaucoup de marginaux. Combien de mangas nous parle d'otakus cachant leurs passion pour se faire aimer, ou bien se réunissant entre eux pour « survivre » ? On peut d'ailleurs prendre le webtoon « Bread App » disponible sur Verytoon comme exemple. « Les pains », les personnes ostracisées, vont se réunir et se servir d'une mystérieuse application pour se venger de leurs tortionnaires.
La moindre petite chose peut être un motif d'exclusion : le poids, la couleur des cheveux, un bégaiement, les préférences sexuelles... Blue Lust n'est au final qu'un manga parmi tant d'autres parlant de ce phénomène, et le faisant de manière juste. L'homosexualité est ici le critère de marginalité, et on voit que les années n'auront pas eu raison du secret des deux garçons, même si leurs amis auront deviné leur relation et l'accepte. Il ne manque au final à cette histoire qu'une partie parlant de la famille de nos deux protagonistes. Comment celle d'Hayato a-t-elle acceptée la nouvelle ? L'ont-ils même avoué ? Hayato subit-il des pressions pour « rentrer dans le rang » (mariage, enfant...) ? Ont-ils renoués avec la famille de Soma ou se sont-ils contentés de les ignorer ? Bref, beaucoup de questions sans réponses, et qui aurait mérité quelques chapitres de plus. C'est ce point en tout cas qui me donne un peu une sensation d'inachevée à la fin, même si globalement, la série reste assez réussie.
Blue Lust © Hinako 2015 Originally published in Japan in 2015 by Frontier Works Inc.,Tokyo
