Antimagia - Actualité manga
Dossier manga - Antimagia
Lecteurs
17/20

Caractéritiques visuelles : de l'élégance à l’hémoglobine


Troisième œuvre de Kyû Aiya, Antimagia montre que la mangaka a fait ses preuves en tant que dessinatrice et ne souffre pas tant des défauts qui peuvent caractériser l’œuvre d’un jeune auteur au début de sa publication : l’hésitation du trait. En effet, dès le début d’Antimagia, le trait de Kyû Aiya apparaît comme fin et maîtrisé, on ne constate d’ailleurs pas une évolution flagrante dans son dessin entre le premier et le dernier chapitre, pourtant séparés par un minimum de dix mois, si ce n’est une légère épuration de son style, surtout en ce qui concerne le personnage de Lucas, mais rien qui soit très flagrant au premier coup d’œil.

Mais revenons-en au style même d’Aiya Kyû qui, soulignons-le, n’est pas le plus audacieux qui soit. Oui, la mangaka a un style raffiné comme il se fait de plus en plus. Son coup de crayon est fin, et l’autrice penche davantage sur les personnages très androgynes du côté des figures masculines. Le design des personnages est finalement assez quelconque, prenons par exemple celui de Lionel Pheles qui est un énième bel homme aux traits fins, à la longue chevelure brune et au regard rebelle. Finalement, le prince Lucas et son air arrogant, qui n’est pas sans rappeler des figures emblématiques de la pop culture japonaise comme Lelouch de Code Geass, se trouve être le personnage au meilleur design, notamment par le côté hybride lié aux cornes qui l’entoure. Ce côté hybride se développera d’ailleurs sur tout le second tome, et c’est peut-être ce qui donnera plus d’allures au travail sur les personnages.

L’excès caractérise aussi le trait de la mangaka. Il se symbolise d’abord sur le travail graphique du bestiaire, des monstres jurassiques et préhistoriques qui ont existé mais que l’autrice exagère volontaire pour accentuer leur aura terrifiante. C’est donc sur ces créatures que la mangaka s’en sort le mieux, celles-ci étant imposantes à souhait et apportent du spectaculaire à la série, un spectaculaire pas forcément appuyé par les scènes d’action qui rendent très brouillonne. Enfin, c’est bien sur les effusions de sang que la dessinatrice peut surprendre, celle-ci n’hésitant pas à décapiter, broyer ou massacrer certains personnages, ennemis comme alliés, pour faire d’Antimagia une série à ne pas vraiment mettre entre toutes les mains. Ce côté sanglant peut très bien être amusant et apporter un côté nanar au manga, par exemple lorsqu’un ennemi se retrouve écrasé par l’un des monstres de Lucas, ce qui n’est pas sans provoquer l’hilarité du lecteur, mais il peut servir à faire dans le dramatique et annihiler, aussi bien chez le lecteur que les héros, tout espoir qu’un personnage puisse s’en sortir la vie sauve, ce qui aboutira à l’un des moments les plus marquants de la série sur le deuxième volume. C’est alors une mort sans tabou qui a lieu sous les yeux du lecteur : corps coupé, tripes qui ressortent… rien qui mettrait en appétit, mais met en avant la fatalité du décès.

On soulignera aussi un style de mise en couleur très efficace, appuyé par les couvertures et les quelques pages couleurs du titre. Kyû Aiya semble travailler numériquement sur son dessin, ce qui se ressent par les colorisations qui rendent de beaux effets de dégradés, et donnent même beaucoup d’allure à certaines illustrations. Voilà donc quelques prouesses visuelles de la part de la mangaka, aussi on pourrait se prendre de curiosité à découvrir si son style a évolué dans The Rising of the Shield Hero, la plus longue de ses séries et celle en cours de parution à l’heure où ce dossier est écrit.





Édition et adaptation


Pour Antimagia, Doki-Doki nous offre une édition convenable. Par un papier fin mais de qualité, ce sont des volumes aussi affinés et à la prise en main agréable que l’éditeur propose, des ouvrages à la qualité accentuée par la présence d’une page couleur dans chacun d’eux. Côté impression, l’encre sélectionnée est aussi de qualité. Cela peut paraître anecdotique, mais il est toujours plus appréciable que les pages d’un manga ne bavent pas sur vos mains… Finalement, le seul petit reproche que certains pourront faire à l’édition sera l’omniprésence de pages publicitaires en fin de tome, mais n’oublions pas que Doki-Doki reste un petit éditeur et que la pratique n’est pas propre à celui-ci.

La traduction d’Antimagia a été confiée à Jean-Benoît Silvestre, traducteur de manga bien connu puisque nous l’avons récemment vu sur ses adaptations de Monster X Friends, Dragon Seekers, Toriko ou la très inspirée traduction du manga Yo-Kai Watch. Ici, c’est un travail pertinent que livre M. Silvestre. Si le ton de l’œuvre ne devait pas être le plus difficile à retranscrire, les explications et références aux créatures anciennes ont peut-être nécessité un travail de documentation. Aussi, la bonne trouvaille de la version française d’Antimagia est sûrement la tirade proférée par Lucas à chaque invocation : « Par le sang ils sont formés… Par le sang ils sont liés… Je connais ton ascendance ! »
  
  
  


© 2011 by Kyu Aiya / MEDIA FACTORY, Inc.

Commentaires

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Yuminekoi

De Yuminekoi [2115 Pts], le 12 Février 2017 à 15h31

17/20

merci, Une série qui avait du potentielle dommage que les 2 volumes soit aussi différents, mais heureuse de retouver le travaille de l'auteur avec The Rising of the Shield hero. Thank you.

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