Alchimia - Actualité manga
Dossier manga - Alchimia

Un écho à notre réalité ?


Aussi enchanteur que soit Alchimia, son univers comme des personnages, il est difficile de passer à côté de certaines intentions d'écriture. L'histoire du manga présente le conflit entre deux pays aux cultures différentes, des nations incapables de s'accepter, une guerre dans laquelle une poignée de personnages se retrouvera plongée, parfois malgré elle.

Ainsi, le pays d'Ifen n'accepte guerre les pratiques des alchimistes, surnaturelles, des pouvoirs qui ont créé un véritable mode de vie chez les habitants d'Alchimia. Avec un peu d'interprétation, on peut voir un certain parallèle entre l'alchimie et les croyances religieuses, qui peuvent être de l'ordre du mystique pour certains, et qui ont toujours nourri la haine chez les humains, et ce depuis des siècles et peu importe les continents. A l'heure où le débat sur la laïcité reste tristement présent, les propos des uns et des autres particulièrement débectant, et l'acceptation de son prochain pas toujours au beau fixe, la série de Samantha Bailly et de Miya aborde bel et bien des sujets très actuels, et qui le seront sans doute pendant encore un moment, si ce n'est à jamais.


Il y a donc de quoi être outré, pour un lecteur dôté d'une âme et d'un cœur, de voir Ifen massacrer sans scrupules les alchimistes, dès le premier volume. Néanmoins, le contexte de la série progresse au fil des chapitres, et montres à chaque fois un peu plus de subtilité, et moins de manichéisme. Alchimia, ce n'est pas systématiquement les « méchants » contre les « gentils », mais l'aventure de personnages dans un contaxte de guerre au sein duquel les deux camps ne font pas franchement office d'humanité. Les personnages principaux, eux-même, démontrent parfois des intentions hostiles, et finissent par jouer le jeu de l'ennemi, un jeu dépourvu d'humanité et d'altruisme.

Tout un contexte qui gagne donc en richesse au fil des chapitres et des volumes, et qui aurait gagné à s'achever avec un poil plus de développement. Ça n'échappera pas au lectorat, mais la fin d'Alchimia est assez rapide, sans être expéditive pour autant. Les enjeux sont résolus et l'avenir des personnages assez évident, mais peut-être aurait-on aimé une dizaine de pages de plus pour fixer les enjeux politiques de la série, et voir une résolution de l'intrigue plus nourrie sur la fin de l’œuvre. Ceci dit, le parti-pris des deux artistes n'enlèvent pas les qualités de l'aventure, dont nous avons parlé plus tôt dans ce dossier.


Triangle amoureux et drames humains


Derrière Alchimia se cache une certaine idée du manga considéré comme « shôjo », impliquant un zeste de romance : le triangle amoureux. La mécanique n'est pas propre au shôjo, loin de là puisqu'on la retrouve dans toutes les comédies sentimentales shônen populaires, ce qui tend à dire que l'idée se retrouve dès qu'on parle de romance, d'une manière générale.

Car la dimension romantique est présente dans Alchimia, mais de manière un poil subtil. Dans son intrigue, Samantha Bailly ne nous jette pas les sentiments des protagonistes à la figure, et ce sera à nous de les deviner via les gestes et jeux de regard des personnages. L'idée d'un triangle entre Saë, Ethiel et Idan se fait assez rapidement, dès le tome 1. Pourtant, est-ce un triangle à proprement parler ? Iden vit-il une véritable histoire d'amour, ou n'est-il pas un simple amateur de flirts ? De son côté, Ethiel éprouve-t-il pour sa camarade un amour passionnel, ou une amitié protectrice sincère ? Et il faut s'intéresser à la concernée : quels sont ses propres sentiments ? La série finit par apporter des réponses, et il faut alors souligner quelques audaces de la part de l'aspect sentiments du récit. L'idée du triangle amoureux est éculée, mais Alchimia l'aborde avec une authenticité particulièrement rare dans la manga, d'une manière générale, et n'idéalise pas forcément le sentiment amoureux, loin de là.


Sans trop en dire, ce traitement des sentiments amène certains drames au sein du récit, des jalousies et autres prises de bec qui viennent renforcer la dimension humaine d'Alchimia, mais sans trop en fait pour autant. Car les personnages ont beau connaître leurs émois, ils savent aussi mettre leurs peines de côté dès qu'il s'agit de régler les enjeux clés de la série. Ca peut paraître simple, mais c'est suffisamment crédible pour apporter un certain relief au récit. L'aspect romantique est bien là, mais ne prend jamais le pas sur l'intrigue principale de la série.



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