Aggressive Retsuko

Aggretsuko est avant tout une critique assez acerbe du monde du travail. Et si l'on reconnaît quelques traits caractéristiques de la société japonaise, on voit de nombreuses similitudes avec notre société.

  

Par exemple : les sorties de bureau au karaoké (une véritable tradition là-bas) ou les goukons sont typiquement japonais (ou plutôt asiatiques en fait), mais par contre le métro bondé pendant les heures de pointe, un patron tyrannique, des collègues qui profitent de votre jeunesse/bonté/caractère, ça on l'a tous plus ou moins connu. On a tous été un jour dégouté de son travail au point de vouloir changer de vie. De chercher des échappatoires. Pour Retsuko, on voit ça dans le Death Metal mais aussi dans son désir de mariage à un moment, ou tout simplement de changer de travail.

  

Ici, même abordé avec humour, le monde du travail est abordé comme un monde impitoyable et répétitif. Il est aussi dépeint comme un monde où les relations sont impératives pour s'en sortir et où le léchage de botte sera toujours mieux considéré que du travail sérieux. Autant dire que les apparences jouent énormément. Si la problématique des réseaux sociaux est effleurée au travers du personnage de Tsunoda, on se rend bien compte que cela a aussi un impact. La question du harcèlement moral est aussi abordé notamment avec le personnage du Directeur Ton. Toutes ces problématiques sont finalement assez peu abordée dans les mangas/animés/dramas comme centre du récit, en tout cas pas forcément dans ce qui est arrivé en France. Il y a toujours des exceptions pour confirmer la règle bien sûr. Mais prenons un exemple concret : au Japon, la plupart des histoires d'amour se passent dans des lycées ou bien des universités. Le josei est moins présent, tout particulièrement en France, et c'est pourtant dans ce genre de série que le monde du travail s'inscrit le plus comme cadre de l'histoire. De ce fait, on a bien plus de séries parlant de harcèlement scolaire que de séries parlant de harcèlement au travail (bien qu'il se ressemble) ou des difficultés de se faire engager selon les études que l'on a faites.  A l'inverse du Japon, la Corée du Sud axe plutôt ses dramas, notamment ses comédies romantiques, sur le monde du travail. Assez peu se passe au lycée finalement, les lycéens ou étudiants étant plus souvent des personnages secondaires. Dans ce genre, on peut citer Misaeng ou bien My Horrible Boss (les deux disponibles sur Netflix) qui dénoncent tout particulièrement le monde du travail en Corée et ses travers, de manière assez sérieuse pour le premier et de manière plus humoristique pour le deuxième.

  

  

  

  

A sa manière donc, Aggretsuko a su nous offrir une vision assez universelle du monde du travail. Bien sûr, celle-ci est caricaturée pour le bien de la comédie, mais quiconque à un jour travailler sous l'égide d'un patron saura se retrouver un peu dans le personnage de Retsuko et les situations qu'elle vit. Et s'il y a bien une chose que cette série nous apprend, c'est qu'au travail, bien qu'il faille faire des concessions, il ne faut pas pour autant se laisser marcher sur les pieds. Si nous voulons être efficace, nous devons d'abord penser à notre bonheur. C'est bien de penser aux autres, mais un peu d'égoïsme n'a jamais tué personne, au contraire...