5cm Per Second - Actualité manga
Dossier manga - 5cm Per Second
Lecteurs
20/20
Avant de commencer, une précision. Bien des choses (voire tout ce) que nous écrivons et que nous analysons sont laissées à l’appréciation et à la sensibilité de chacun. Et c’est peut-être plus vrai encore pour les films de Makoto Shinkai. Pour cette raison, l’émotionnel pourrait prendre le pas sur l’objectif. Cela n’est en rien une faute, je pense, dans ce cas de figure particulier. Ce dossier n’est pas à prendre en tant que chronique froide et objective, simple dissection d’un titre dans tous ses aspects pour ensuite les arranger dans l’ordre sur une table, mais en tant qu’hommage à ce qui peut être considéré sans aucun doute comme un grand film d’animation à destination des adultes.
En effet, 5cm Per Second s’adresse avant tout aux personnes ayant un certain vécu, et qui saisiront mieux les doutes qui accablent les héros de ce long-métrage. Naturellement, au-delà de l’âge, c’est avant tout une question de ce que nous recherchons dans un film d’animation qui fera la différence, la façon dont nous considérons le divertissement, qui déterminera comment sera perçu cette heure passée en leur compagnie. Des thèmes simples aux émotions complexes, voilà sans doute une bonne façon de considérer 5cm Per Second.

Trois parties pour le long-métrage, trois parties pour le dossier, un constat logique et qui va dans l’ordre des choses. 5cm Per Second est une œuvre complètement ancrée dans la réalité, sans aspect surnaturel ou surjoué, et ainsi crédible en toutes circonstances, pour un rendu émotionnel qui peut frapper là où ça fait mal pour ceux qui se reconnaîtraient éventuellement dans certaines situations vécues par les héros, sans pour autant jamais sombrer dans le nihilisme ou le désespoir, laissant toujours une fenêtre grande ouverte vers l’espoir.
Ce premier métrage parle avant tout d’un amour de jeunesse, brisé par la distance et la circonstance, mais sauvé par la force des sentiments des deux amoureux. Pour un temps tout du moins.
 
 
   
  
  

Extraits de Fleurs de Cerisiers – Your Hand in Mine

 
 

Empathy

 
« Le temps s’était dressé contre moi et s’écoulait lentement. » Takaki

Une constante des films des films de Makoto Shinkai, et donc de 5cm per Second, est qu’ils traitent particulièrement des obstacles d’une relation entre deux personnes. Dans le cas présent, celle d’Akari et Takaki. C’est principalement de ce dernier dont nous suivons la vie et l’évolution.
Une particularité du personnage de Takaki par rapport aux héros des œuvres précédentes du réalisateur, c’est une forme de transparence du point de vue du spectateur. On ne sait pas grand-chose de sa vie, ou ce qu’il aime, et sa personnalité n’est pas pleinement développée dans le film... On le connaît surtout à travers son amour naissant et grandissant pour Akari. Et c’est pourquoi probablement l’impact créé par l’œuvre est d’autant plus marquant.

Il est plus aisé de se mettre à la place du jeune homme, d’expérimenter de première main ses sentiments, sans se laisser influencer par ce qu’on l’on sait de lui. Le spectateur devient Takaki pour un temps, particulièrement durant ce voyage en train rythmant toute cette première partie, où il va retrouver Akari après un an sans se voir. Un voyage qui semble interminable et où la douleur de l’attente devient insupportable. Mais où la joie et le soulagement des retrouvailles sont d’autant plus forts une fois arrivé à destination.
Bien qu’il en ait toujours été plus ou moins le cas pour les films de M. Shinkai, 5cm per Second est un animé à prendre sur un ton particulièrement réaliste, que ce soit dans les thèmes développés, la mise en scène et le scénario. Tout sonne très juste, crédible, vécu (même si Makoto Shinkai a déclaré ne pas s’être inspiré de sa propre histoire pour le personnage de Takaki). L’émotion en est décuplée, et notre rapport au film et aux personnages d’autant plus fort. Car il s’agit de sentiments universels et que nous avons tous ressenti – ou du moins sommes en mesure de le faire à un moment ou à un autre dans notre vie.
 
Plus qu’une simple histoire d’amour déçue, cette première partie de 5cm per Second est avant tout une ode à la passion et à la tendresse qui unit deux personnes, mais que les circonstances de la vie viennent brutalement interrompre. Un thème qui trouvera un écho certain chez tout un chacun à différents degrés. C’est à chacun d’eux ensuite de l’accepter ou pas, sachant que ce choix est primordial sur le regard qu’ils porteront tout deux plus tard sur leur passé.
  
 
  
 
 

Distance


« Une vie écrasante et un temps infini s’étendait devant nous. » Takaki

Ce thème apparaît comme un autre sujet cher à Makoto Shinkai, notamment parce qu’il s’agit d’une composante importante dans la relation entre les gens. Ses deux précédentes œuvres évoquent aussi l’idée de deux personnes séparées, que ce soit par l’espace ou la fatalité. L’une envoyée bien loin dans l’univers combattre des extra-terrestres dans « The Voices of a Distant Star », l’autre prisonnière d’un rêve qui ne finit jamais dans « La Tour au-delà des nuages ». Dans 5cm Per Second, c’est simplement la vie elle-même qui se met en travers du chemin d’Akari et de Takaki. Et c’est le garçon qui est cette fois-ci la victime principale des barrières élevées devant les deux êtres.
Malgré l’avancée stupéfiante des moyens de communication à notre époque, la séparation physique reste une épreuve très difficile à supporter, particulièrement pour deux êtres qui s’aiment. Elle ronge doucement les souvenirs, les impressions, les sentiments… Toutes ces choses qui sont bien éphémères pour un humain. Le téléphone ne permet pas la même impression qu’une relation directe, et le train connaît lui aussi ses aléas. Quant aux lettres, si elles peuvent exprimer bien plus de choses que ce qu’on ne pourrait jamais dire oralement, il n’est pas toujours facile de trouver le courage de faire parvenir ces preuves de sincérité et de totale ouverture à l’autre.

Quelque part, ce sont aussi ces obstacles qui peuvent rendre la relation d’autant plus belle et forte.  Cependant, dans un cas réaliste, particulièrement pour des jeunes qui débutent tout juste dans la vie et dans leurs sentiments, il s’agit d’éléments qui vont couper ces liens qui apparaissaient comme forts. Et Takaki en est douloureusement conscient. Pouvait-il faire quelque chose pour aller à l’encontre de ce destin ? Qui sait ? Mais en tant qu’humain, notre marge de manœuvre est bien plus limitée que ce que nous voulons bien le croire, et la vie finit toujours par nous écraser d’une manière ou d’une autre si on n’est pas assez fort pour la combattre ou passer à autre chose.
 
Si cette première partie semble finir visuellement sur une note joyeuse et prometteuse, les paroles de Takaki tout du long de son parcours, de ses souvenirs et de son moment de bonheur ne laissent aucun doute sur le sort qui l’attend au niveau de sa vision de la vie. Quelque part, il partait déjà perdant, trop conscient des difficultés qui l’attendaient. Déjà prisonnier de ce moment de sa vie, il n’apparaît que trop vite à quel point ce petit instant de bonheur va rester gravé en lui et l’empêcher d’avancer. Néanmoins, au-delà de ce constat, il s’agit aussi de moments à chérir comme il se doit, aussi douloureux soient-ils dans l’avenir et le poids qu’ils auront sur notre âme. Et la beauté qu’ils revêtent doit rester gravée en nous à jamais, et ne jamais être regrettée.

Le sentiment qui nous envahit à la fin de cette partie est donc étrangement paradoxal, aigre-doux. D’un côté, la narration du garçon ne laisse pas place au doute sur l’avenir de la relation entre lui et Akari. D’un autre, ces moments partagés avaient un sens, étaient sincères, et donc valaient la peine d’être vécus, malgré toute la peine engendrée par la suite.

(Texte écrit en écoutant en boucle « Your Hand in Mine » d’Explosions in the Sky)
  
 

©Makoto Shinai / CoMix Wave Films

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS
shinob

De shinob [127 Pts], le 16 Septembre 2012 à 16h35

J'ai beaucoup aimé ce film, très contemplatif. On notera néanmoins quelques petites longueurs dans la seconde partie, et une fin un peu trop triste...

kotoha

De kotoha [1171 Pts], le 04 Juillet 2012 à 20h17

Un dossier parfait pour ce film et lui rendant hommage.

akirachan

De akirachan [1573 Pts], le 04 Juin 2012 à 08h24

... Ben voilà, c'était la même vidéo (Momentum) XD. Comme quoi, même sur la toile le monde est petit.

 

Merci pour les liens =).

Sorrow

De Sorrow [833 Pts], le 03 Juin 2012 à 23h52

Akirachan > J'ai bien ri à la fin, car c'est grâce au groupe Maé et à cette chanson en particulier (Awakening) que j'ai découvert 5cm per second (merci youtube).


Amusant, moi aussi :-)

Et puisqu'on est sur le sujet, une petite précision sur les chansons entre paranthèse à la fin de chaque page. 


La musique a un effet incroyable sur la mémoire, nous évoquant souvent des images de notre passé, que ce soit un film, une histoire, un voyage, une soirée, une rencontre, ou beaucoup d'autres choses.

Avec ses décors et sa mise en scène, 5cm per Second est d'une richesse inouie pour l'association d'image/musique. Et donc pour les Amv.


J'avais découvert 5cm per Second grâce à un Amv ("Momentum" avec la chason de Maé cité par Akirachan), il y a de cela deux ans, et j'ai accroché d'emblée tant à l'aspect visuel qu'à l'aspect émotionnel qui se dégageait de cette vidéo, ce qui m'a donné envie de m'intéresser à ce film d'animation. Ce qui n'était pas gagné à l'époque, ne m'intéressant pas vraiment à l'animation japonaise. J'ai évidemment su revoir mon jugement depuis, notamment grâce à des réalisateurs comme Makoto Shinkai, Mamoru Oshii ou Keiichi Hara (Ghibli ne compte pas, j'étais déjà fan avant). 

On peut dire qu'il s'agit d'une forme d'hommage au média qui m'a permis de découvrir un film incroyable et d'élargir doucement mes horizons.


Au fil du temps passé sur internet, j'en ai rassemblé quelques autres, qui à mon sens ont parfaitement su retranscrire l'émotion qu'a voulu faire passer le réalisateur. Incidemment, j'en ai trouvé trois, chacun consacré plus particulièrement à un métrage. J'ai donc inclus en fin de page les chansons utilisées pour le montage, toujours en guise d'hommage, ne souhaitant pas y consacrer un paragraphe pour me consacrer au film même, mais je souhaitais les y inclure, car la musique a su m'aider à faire passer certaines choses pas évidentes à l'écrit, et chacun correspondait assez bien à ce que je voulais mettre en mots. Et parce que je trouve que ceux qui les ont réalisé ont parfaitement compris ce que Makoto Shinkai voulait faire passer dans son film. 


Si le coeur vous en dit (et si les liens fonctionnent), voici ceux auxquels je pensais durant l'écriture : 


- "Your Hand in Mine" (une de mes chansons préférées de tous les temps) a été écrite par le groupe Explosions in the Sky avec l'idée en tête qu'un jeune garçon partait en pleine nuit pour revoir une dernière fois la fille qu'il aime, avant qu'elle ne déménage. Bref aucune autre chanson ne peut mieux illustrer à mon sens ce premier métrage, et la réalisation est excellente du point de vue de l'Amv.

http://www.youtube.com/watch?v=yjpwIW5VENI


- "Our Innocence", j'ai particulièrement apprécié l'ambiance à la fois mélancolique et légère, la voix particulière de la chanteuse, qui amplifiait l'ambiance des images. Bref une très bonne illustration à partir de la moitié de ce que travers les personnages dans la deuxième partie. 

http://www.youtube.com/watch?v=zAmGg3trrJ8


- "Broken Memories" est à l'image de la troisième partie, une musique à la limite du dépressif au début, puis qui explose d'un coup et rallume l'espoir. Bref, de nouveau l'ambiance créé dans le film est retranscripte et comprise.

http://www.youtube.com/watch?v=16p0wws0dOQ


- "Momentum" est celui par lequel j'ai découvert le film, donc il était normal qu'il soit en conclusion, d'autant plus qu'il reprend le film dans son entièreté dans le choix de son focus et de ses images. De plus, les paroles de fin "I will be fine" résonnait parfaitement en accord avec les dernières images de l'oeuvre de Makoto Shinkai.

http://www.youtube.com/watch?v=fhJk0rVa6qo


Voilà, vous pouvez les regardez si le coeur vous en dit, je souhaitais juste les partager dans ce contexte précis, parce que ce dossier s'y prête particulièrement bien. 


Pour terminer, merci pour vos commentaires. 5cm per Second est une oeuvre qu'il me fût à la fois très facile et très difficile de traiter dans un dossier. Si je suis habitué à parler d'oeuvre qui jouent leur intérêt sur un impact émotionnel et personnel, l'émotion qui passe dans le film est encore d'un niveau différent, sur laquelle j'aurais pu énormément m'étendre, mais préférais en même temps laisser les gens se forger leur propre avis.

Même si je ne suis pas vraiment satisfait du résultat final d'un point de vue écriture et style, j'ai fait passer plus ou moins ce que je voulais, et j'espère que cela donnera envie aux gens de regarder le film, je n'en demande pas plus. 

akirachan

De akirachan [1573 Pts], le 03 Juin 2012 à 15h53

J'ai bien ri à la fin, car c'est grâce au groupe Maé et à cette chanson en particulier (Awakening) que j'ai découvert 5cm per second (merci youtube).

On pourrait s'étaler pendant des heures sur les qualités de cette oeuvre tant il y aurait de choses à dire, mais rien ne vaudra un visionnage. Parce que 5cm per second n'est pas quelque chose qui s'analyse, mais qui se ressent. Et c'est en cela que ton dossier est particulièrement approprié, il a été fait avec le coeur et ça se voit. Bel hommage.

tsubasadow

De tsubasadow [4300 Pts], le 03 Juin 2012 à 02h13

20/20

Un excellent dossier à la hauteur du film.

Bravo à toi Sorrow je n'aurai pas pu trouver de meilleurs mots pour en parler tu as tout dit et les citations de Takaki et Makoto sont très bien placé.

MaiHime

De MaiHime [2051 Pts], le 02 Juin 2012 à 06h24

20/20

5 cm par secondes est magnifique ! Et ce dossier est parfait ! En plus avec les commentaires Makoto Shinkai de et les citations de Takaki il est vraiment très bien fait ! Un parfait dossier pour un magnifique film d'animation <3

JohnDoe

De JohnDoe [598 Pts], le 01 Juin 2012 à 21h41

20/20

Superbe dossier, vraiment, écrit avec beaucoup de sensibilité, à la hauteur du film dont il est le sujet !

oguie

De oguie [365 Pts], le 01 Juin 2012 à 20h54

20/20

Ce film est l'un des rares qui faillit me faire pleurer, à la fin de la deuxième partie j'avais les larmes aux bords des yeux, surtout que quand je l'ai vu pour la première fois, j'étais dans la même situation que Kanae. La poesie des images, la musique, tout nous prend et nous emmene.

Difficile de trouver les mots pour parler de cette oeuvre, tellement c'est un concentré de sentiment tout en poesie. Pour cette raison, je dis bravo au rédacteur de ce dossier, qui a réussi a décrire cette oeuvre du mieux possible.

melliw

De melliw [826 Pts], le 01 Juin 2012 à 18h57

film superbe. je vais de ce pas lire le dossier :)

AnotherUtopia

De AnotherUtopia [453 Pts], le 01 Juin 2012 à 18h02

20/20

Merci infiniment pour ce dossier. Ce films est.... juste splendide, et je serai incapable de trouver les mots justes pour le décrire. Un 20/20 largement mérité.

YusukeUchiwa

De YusukeUchiwa [1401 Pts], le 01 Juin 2012 à 13h53

20/20

Ce film est juste une poésie à lui tout seul.
Merci pour ce dossier *-*

VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation