Hommage à Satoshi Kon - Actualité manga
Dossier manga - Hommage à Satoshi Kon
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20/20
Loin de la déferlante Hayao Miyazaki, qui, à la sortie de chacun de ses films, reçoit les louanges de la critique et du public occidentaux, l'animation japonaise regorge de talents plus discrets. Satoshi Kon (今 敏) fut de ceux-là. Pas les moins renommées mais pas forcément reconnues à leur juste valeur non plus, ses œuvres n'en finissent plus de surprendre.
Il s'agit donc de s'intéresser à ce dessinateur et réalisateur japonais, aux univers si intrigants, qui nous a malheureusement quitté le 24 août 2010, des suites d'un cancer. Il était âgé de 46 ans.
  
 
 
  

Présentation

 
Satoshi Kon est né le 12 octobre 1963 à Kushiro, à l'est de l'île Hokkaido, l'île la plus au nord du Japon. Il vit un temps à Sapporo, la plus grande ville de Hokkaido, puis retourne à Kushiro où il intègre le lycée public Koryo. Au lycée, il s'intéresse à l'animation et notamment celle de science-fiction. À sa sortie du lycée en 1982, il étudie le design visuel à l'Université d'Art de Musashino, dans la banlieue de Tokyo. En parallèle de ses études, il dessine son premier manga, Toriko, paru en 1985 dans le Young Magazine, et remporte le prix Chiba d'excellence pour débutants. Il travaille ensuite avec Katsuhiro Otomo, qu'il admire depuis sa jeunesse pour avoir lu Domu, en tant qu'assistant sur le manga Akira. S'ensuit une carrière remarquable, durant laquelle Satoshi Kon va travailler sur une multitude de supports.

Cette exploration des genres débute avec le manga Kaikisen – Retour vers la mer (disponible en France aux éditions Casterman), qui paraît dans le Young Magazine de la maison d'édition Kodansha en 1991.

                                                            
 
 
Poursuivant son partenariat avec Katsuhiro Otomo, il participe au film-live World Apartment Horror en tant que co-scénariste, et en fera lui-même l'adaptation en manga quelques mois après la diffusion.
 

 
Puis vient le temps de l'animation avec l'OAV Roujin Z, pour lequel il est concepteur des décors. Ce poste lui est confié par Katsuhiro Otomo. Ce dernier, en charge du scénario, en profite pour le former. Satoshi Kon travaille ensuite en tant que décorateur avec un autre ténor de l'animation, Mamoru Oshii, sur Patlabor 2. Il collaborera de nouveau avec Oshii sur le manga Seraphim (inédit en France) dans les années 1995-1996, pour ensuite se consacrer pleinement à l'animation. Satoshi Kon est responsable de la mise en scène sur le cinquième épisode de la série d'OAV Jojo’s Bizarre Adventure, dont il signe également le scénario et le story-board sur les épisodes 8 à 13. En 1995, il travaille de nouveau avec Katsuhiro Otomo sur l'ambitieux Memories. Satoshi Kon est en charge des décors et du scénario sur une partie du film, soit le segment Magnetic Rose.
 
                        

C'est en 1997 que la carrière de Satoshi Kon prend véritablement son essor. Il réalise son premier film d'animation, Perfect Blue, tiré d'un roman de Yoshikazu Takeuchi. Première collaboration avec le studio Madhouse, Perfect Blue était normalement prévu comme OAV. Le second film de Satoshi Kon, Millennium Actress, sort en 2002 au Japon. Son troisième film, Tokyo Godfathers, sort en 2003. Le budget qui lui est consacré représente plus du double que celui des deux premières réalisations qui stagnaient autour du million de dollars chacune.

                        

En 2004, Satoshi Kon réalise sa première série télévisée (treize épisodes): Paranoia Agent. Le réalisateur japonais Takashi Shimizu (The Grudge) a prévu d'en faire une adaptation-live pour le grand écran.

                                                            

Prévu après Perfect Blue mais n'ayant pas pu être poursuivie en raison de la faillite de l'entreprise de production, l'adaptation du roman de Yasutaka Tsutsui, Paprika, redevient un des projets privilégiés de Satoshi Kon suite à une demande de Tsutsui lui-même, impressionné par Millenium Actress. Paprika sort en 2006, et avec des critiques souvent  dithyrambiques, l'on ressent bien que l'Occident commence à faire une place au réalisateur.
   
Au-delà de sa carrière de réalisateur, Satoshi Kon se fait plaisir en doublant l'un des personnages de Paprika, un barman, tandis que Tsutsui, auteur du roman, double le second barman, ce qui donne lieu à une scène remplie de complicité que même un spectateur occidental regardant la version originale pourra remarquer. Satoshi Kon conçoit aussi des vidéos publicitaires pour la télévision japonaise. En tant qu'homme engagé, Satoshi Kon a participé à la création de la Japan Animation Creators Association (JANICA) dénonçant les conditions de travail précaires des jeunes animateurs. Le site officiel de Satoshi Kon, intitulé Kon's tone, est accessible à l'adresse suivante: http://konstone.s-kon.net/.
   
 
 
  
   
  
 
 

  


Commentaires

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mohamed le rêveur

De mohamed le rêveur, le 15 Septembre 2010 à 11h15

20/20

Pas grand chose à rajouter à ces nombreux témoignages auquels je m'inscrits totalement.

Je suis triste bien sûr, mais...je crois savoir que Sato n'est pas mort...il est simplement quelque part dans le pays des des rêves; et dans cette réalité là, il sera, j'en suis sûr, reconnu à sa juste valeur.

ps: hey! Monsieur Kon...moi tu ne m'auras pas ;-)

BenJsan

De BenJsan [550 Pts], le 03 Septembre 2010 à 15h21

Un de ses auteurs qui, à un âge où je commençais à vouloir découvrir autre chose que le shônen, m'a justement fait découvrir un nouvelle façette du monde de l'animation et du manga. Perfect Blue m'avait complètement transcendé par sa très forte portée psychologique. Etant un jeune con quand je l'ai vu, grâce à Satoshi Kon, mon approche a complètement changé et cela a eu un grand impact sur les thèmes que je me suis mis à chercher par la suite. Biensûr, il y a bien d'autres auteurs qui m'ont conforté dans ma passion mais Kon tient tout de même une place très importante. C'est vraiment chouette que Manga-News le salue avec ce dossier très bien écrit, merci. N'empèche que ça m'emmerde, je venais voir les plannings des sorties, je tombe sur ce dossier pour apprendre que Mr Kon est mort. Sur ce, tcho tcho

OscarFrancois

De OscarFrancois [111 Pts], le 31 Août 2010 à 16h57

20/20

Rogues, félicitations pour ton article... J'aurais aimé revenir sur MA dans des circonstances plus joyeuses. Sa disparition aura d'importantes conséquences dans le monde de l'animation : Satoshi Kon était un article singulier, qui a réussi à transcrire son univers, et à le faire partager.

Je l'ai découvert avec Paranoïa Agent (un véritable ovni, pour moi !); j'ai tout de suite accroché à son univers si particulier, aux hallucinations et à la déviance. Par la suite, je me suis procuré Paprika et Tokyo Godfathers... des oeuvres que j'ai également beaucoup apprécié.

Peu d'artistes m'auront marqué comme Satoshi Kon. Nul doute que nombre de jeunes réalisateurs s'inspireront de son oeuvre.

RogueAerith

De RogueAerith [395 Pts], le 31 Août 2010 à 14h34

Merci pour vos compliments. Et merci à Shinob pour son p'tit coup de pouce ! ;)

J'aimerais continuer un peu l'analyse. En effet, il faut désormais voir comment va réagir le milieu de l'animation japonaise après cette perte.

Le décès de Satoshi Kon aura trois types d'implications.

D'abord, des conséquences sur la créativité et l'enthousiasme de nombre de ses collègues. Satoshi Kon était un des meilleurs dans son domaine et avait un potentiel énorme comme dit dans le dossier. Une telle perte va donc représenter un manque dans l'animation japonaise, que d'autres auteurs vont devoir combler, sans pouvoir remplacer.

En second lieu, l'animation est, il faut le savoir, une industrie importante au Japon. Les conséquences économiques sont à regarder de près. Quand un milieu perd l'un de ses meilleurs éléments, c'est l'ensemble qui en subit les effets. La mort de Leslie Cheung, le meilleur acteur du pays, a par exemple paralysé le cinéma hongkongais, puisque tous les réalisateurs et acteurs l'avaient côtoyé et le respectaient. C'est la même chose quand un réalisateur/réalisatrice ou acteur/actrice périt en Occident. Il s'agira ainsi de voir si le décès de Satoshi Kon ne pourrait pas avoir le même type de conséquences. Quand le moral décline, l'économie en pâtit.

Enfin, Satoshi Kon était un des intellectuels les plus en vue au Japon et un parfait ambassadeur de l'animation japonaise, et plus encore, de la culture nippone, en Occident. Là encore, le moral des fans mais aussi celui d'une élite présente dans les plus gros studios de cette industrie et d'une élite intellectuelle (puisque Satoshi Kon était un auteur engagé et appréciant les thèmes complexes) va en prendre un coup. Le décès d'Osamu Tezuka a été un tournant capital dans le monde du manga, celui de Miyazaki et de Kitano dans leurs milieux respectifs auront sans doute aussi une importance. Sur une échelle moindre, parce que Kon n'était pas aussi important aux yeux des Japonais que les icônes précédemment cités, il n'est pas interdit que Satoshi Kon disparu, le milieu ne soit pas en manque de repères... Je suis prêt à parier que les jaquettes et les commentaires des mangakas sur les prochaines parutions au Japon feront sans nul doute allusion à Satoshi Kon : il était apprécié et respecté.

Ses oeuvres sont passionnantes. Ce n'est pas seulement une perte pour l'animation japonaise mais pour le cinéma entier. On le voit bien depuis quelques années, certains journalistes plus avisés que les autres reconnaissaient (notamment avec Paprika) l'émergence de l'animation japonaise pour adultes, héritage d'Akira, Ghost in the Shell et Jin-Roh.

Chaque fois qu'un artiste disparaît, il emporte pas mal de choses avec lui. On verra bien ce que le décès de Satoshi Kon va entraîner. Sans doute pas un raz-de-marée populaire, mais pas non plus quelques chagrins chez une communauté réduite de fans.

Satoshi Kon ne doit donc pas être oublié, ni ses oeuvres négligées.

 

...

De ..., le 28 Août 2010 à 00h55

20/20

Une grande perte pour le cinéma d'animation, dommage qu'on en vienne à aborder réellement son oeuvre à sa mort, tout ses films (et la parenthèse Paranoïa Agent) méritent d'être, sinon analysés, au moins vus.

Daigoro

De Daigoro [524 Pts], le 27 Août 2010 à 22h24

20/20

bravo pour ce dossier à la hauteur du Monsieur...

tristement bravo

Lud

De Lud [482 Pts], le 27 Août 2010 à 22h20

20/20

Très bel hommage que ce dossier pour une personne qui va beaucoup nous manquer. Je revois le départ en fusée du personnage de Millenium Actress quand je repense à la disparition de Kon San...

 

 

otak38

De otak38, le 27 Août 2010 à 20h42

20/20

enfin un dossier qui rend un grand hommage ! bravo!

Natth

De Natth [2582 Pts], le 27 Août 2010 à 20h33

Excellent dossier, très bien fait. Les nombreux aspects du talent de cet auteur sont soigneusement abordés, à travers l'ensemble de ses oeuvres. Cela me donne très envie de voir les animes dont il est l'auteur et que je ne connais pas encore.

mangashojo

De mangashojo [2563 Pts], le 27 Août 2010 à 19h06

20/20

super dossier bien realise .C'etait un grand mon de manga .comme koiwai moi aussi j'ai été emu en lisant le dossier .

je vais aussi une bonne note au dossier et a lui

Paul

De Paul [71 Pts], le 27 Août 2010 à 15h29

Cet evenement me laisse abasourdi.J'éprouve vraiment des difficultés à assimiler cette nouvelle.Je ne peux pas m'empecher de penser que le temps lui ait manqué pour exprimer toute sa créativité,Je crois que cet artiste était en évolution permanente,le meilleur semblait à venir...Comme le chantait si bien un autre grand artiste; la futur est incertain,la fin toujours proche.

 

Koiwai

De Koiwai [12693 Pts], le 27 Août 2010 à 15h22

J'ai été très ému en lisant ce dossier, tant il met parfaitement en valeur tout ce qui faisait la saveur des réalisations de Kon. Kon était mon réalisateur préféré, Paprika est mon film d'animation préféré avec Chihiro. Superbe dossier. Merci, et une dernière fois, R.I.P.

jojo81

De jojo81 [7209 Pts], le 27 Août 2010 à 14h55

20/20

Excellent dossier que j'aurais forcément aimé lire dans d'autres conditions.

Perfect Blue est l'un des tout premiers films d'animation que j'ai vu et qui me marque aujourd'hui encore. Tokyo Godfather fait parti de mes 3 films d'animation favoris, juste derrière le tombeau des lucioles et Chihiro. Enfin, Paranoia Agent est sans aucun doute ma série animée favorite. Je reste un grand fan du réalisateur.

RIP Satoshi Kon

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