Völundio - Chroniques des lames sacrées Vol.1 : Critiques

Alors que le très attachant manga d'aventure et de fantasy Helck approche de sa fin, avec un douzième et dernier tome prévu en France le 5 novembre, les éditions Doki-Doki nous font le grand plaisir de lancer, en ce tout début de mois d'octobre, la dernière série en date de Nanaki Nanao: Völundio - Chroniques des Lames Sacrées. Lancé au Japon en 2020 dans le magazine numérique Ura Sunday des éditions Shôgakukan (dans lequel Helck fut aussi proposé) sous le titre "Iken Senki Völundio", ce manga compte huit volumes là-bas, à l'heure où ces lignes sont écrites.

Cette oeuvre, à l'instar de Helck, nous plonge dans un monde de fantasy, qui plus est un monde de fantasy où les guerres entre différents pays font toujours plus de ravage. Orphelin de guerre à présent âgé de 27 ans, Cleo a, depuis l'enfance, dû compter avant tout sur lui-même pour survivre, quitte à ramper pour boire de l'eau dans des flaques de boues. Le voici désormais mercenaire, exerçant dans ce milieu depuis une dizaine d'années en ayant une certaine confiance en lui, et étant enfin proche de son but: accumuler assez d'argent pour vivre en autarcie. Tout est déjà quasiment prêt pour ça: il a acheté sa maison, a préparé de quoi vivre de ses cultures et élevages... Seulement, sa dernière mission, censée lui rapporter le pactole au vu du prix mis sur la tête d'un bandit, ne va pas du tout se passer comme prévu. Face à ce bandit et à ses sbires qui sont étonnamment beaucoup plus puissants que prévu, il n'a pas d'autre choix que de fuir, et ne doit son salut qu'à l'irruption d'une bien étrange fille: Kohaku, semi-humaine qu'il ne connaît absolument pas, qui est capable d'utiliser une magie assez phénoménale, et qui affirme être là pour le protéger. Cleo a beau, en tant que mercenaire ayant toujours été seul, beaucoup se méfier de cette fille aux capacités absurdement folles, ce qu'elle a à lui dire ne peut malgré tout que l'intriguer: ayant un pouvoir de prédiction, Kohaku a vu la future mort de Cleo, voué à décéder très bientôt, et elle compte bien empêcher cela. Pour quelle raison ? La vérité a beau rester vague, il pourrait bien que le mercenaire soit voué à avoir un rôle important pour changer ce monde en guerre...

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'au fil de son long chapitre 0 (aussi appelé prologue) d'environ 70 pages, il se passe déjà beaucoup de choses, Nanaki Nanao réussissant alors amplement son entrée en matière: les bases de ce monde en guerre sont vite et clairement posées, tout comme le statut de Cleo et l'unicité d'une Kohaku d'ores et déjà aussi intrigante que rigolote (car elle a assurément des comportements et des bouilles assez décalés), et les surprises finales de ce prologue viennent nous piquer comme il se doit, si bien que l'on ne dira rien de plus dessus et que l'on évitera autant que possible d'en révéler beaucoup plus sur la suite du volume.

Sachez simplement qu'au-delà du futur rôle de Cleo dans ce monde et des nombreuses questions qui persistent sur Kohaku ( Qui est-elle ? D'où vient-elle ? A-t-elle des proches ? Pourquoi le protège-t-elle lui ? Quel est son but exact ? ), dans l'immédiat il sera surtout question pour ces deux-là d'organiser au mieux leur survie dans un monde toujours plus hostile, entre les groupes de bandits de plus en plus présents, les assassins, les autorités risquant de montrer une forte discrimination à l'égard des non-humains dont Kohaku fait partie, et autres "joyeusetés" que l'on vous laisse découvrir. A tout cela s'ajoute le concept assez intrigant et efficace des differlames, des épées dont les pouvoirs démoniaques peuvent conférer différentes capacités à leur possesseur, en plus d'augmenter drastiquement leur puissance, à condition de trouver l'épée qui leur convient. Mais on préfèrera encore plus retenir l'atmosphère souvent assez amusante et de plus en plus complice que dégagent les deux personnages principaux, ceux-ci finissant par former un duo assez haut en couleurs et attachant, leur complémentarité fonctionnant très bien, et le soin accordé par l'autrice à ses designs un peu old school et très expressifs accentuant tout ça.

On a donc là une entrée en matière très plaisante. Dans un bon mélange d'aventure, d'action, d'humour et même de tranche de vie, Nanaki Nanao démontre à nouveau, comme dans Helck, sa capacité à poser de façon très divertissante et attachante toutes les bases de son nouvel univers de fantasy, tout en ne manquant pas d'intriguer facilement sur l'état de ce monde en guerre, sur les secrets de Kohaku et sur la destinée de Cleo. On sera clairement au rendez-vous pour la suite !

Enfin, du côté de l'édition française, la copie proposée par Doki-Doki est très bonne, et est même dans la droite lignée de Helck avec une charte graphique assez similaire pour la jaquette, celle-ci étant par ailleurs soigneusement adaptée de l'originale japonaise. A l'intérieur, le papier est assez épais, souple et suffisamment opaque, l'impression est de bonne qualité, et le lettrage de Jean-François Leyssène ainsi que la traduction d'Arnaud Takahashi (déjà tous les deux à l'oeuvre sur Helck) sont très convaincants.