Utamaro - Actualité manga
Dossier manga - Utamaro

Un résultat malin et captivant


A partir de ces deux bases essentielles, Gô Nagai nous offre dans son manga Utamaro une excellente transposition du Portrait de Dorian Gray, car en plus d'en reprendre la trame dans les grandes lignes, il s'en réapproprie également certaines thématiques essentielles : le rapport entre corps et âme, ce que l'apparence peut cacher de plus sombre, la chute et la décadence humaines... Guren représente parfaitement cet aspect, en se dépravant petit à petit dans sa quête de popularité et d'argent, salissant son corps dans la luxure... Mais elle a beau rester physiquement toujours aussi magnifique avec le temps qui passe, le portrait "maudit", reflet de son âme, ne cesse plus jamais de lui renvoyer au visage son intérieur perverti, à tel point qu'elle se met à en avoir peur et à haïr Utamaro pour avoir fait ce portrait.
  
  
  
  
Mais le mangaka ne s'arrête pas là : en effet, son choix d'avoir transposé le récit originel d'Oscar Wilde dans le Japon de l'époque Edo auprès du peintre Utamaro s'accompagne de tout un travail assez rigoureux, où il brille sur deux points.

Tout d'abord, le premier point est à chercher dans son désir de rester fidèle à plusieurs éléments de la vie d'Utamaro, ne serait-ce que par certains enjeux qu'il attire, ou via la présence à ses côtés de certains autres personnages historiques comme Juzaburô Tsutaya (l'un des principaux éditeurs d'estampes de l'époque), Shunshô Katsukawa, ou encore le conseiller du shôgun Okitsugu Tanuma.

Ensuite, le deuxième point est le fruit d'un important travail de reconstitution, qui passe par l'omniprésence de décors d'époque parfois bluffants. Gô Nagai sait réellement offrir des fonds bien travaillés, assez denses et très crédibles, à l'image du quartier de Yoshiwara avec son animation, ses bâtisses typiques, ses lanternes, sa grande porte ômon... Mais n'oublions pas non plus, entre autres choses, les costumes et les coiffures, très bien rendus également !

Pour le reste, sur le plan visuel on retrouve également certaines des habitudes chères à Gô Nagai: on note volontiers un certain goût du mangaka pour les pointes d'érotisme (ici autour de la belle Guren), des déformations physiques sur le portrait qui prennent parfois des allures démoniaques telles que l'auteur les aime depuis toujours...
  
  
  
  

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